Les mutations du commerce, le cas de l’agglomération

Publié le 31 mars 2017

Viennent d’être rendus public des études intéressantes sur la crise du commerce en centre-ville et un séminaire sur le « mutation de l’espace marchand » qui s’est tenu le 27 janvier 2017 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble.

Le séminaire s’intitulait : « MUTATION DE L’ESPACE MARCHAND OUTILS, MÉTHODES ET POSTURES DE PROJET » et s’interrogeait sur « LES GRANDES TENDANCES DU COMMERCE DANS LA MÉTROPOLE GRENOBLOISE »

Les chiffres-clés du commerce dans la métropole grenobloise :
« 12 % de l’emploi total
6 900 établissements
9 % de vacance
30 % de services (marchands ou non et santé)
60 lieux de marché
450 000 m² de surface de vente de grandes et moyennes surfaces (hors auto)
1/4 de m² de de grandes et moyennes surfaces généralistes (alimentaire)
2/3 des m² de grandes et moyennes surfaces situées en zone commerciale
1 020 m² de surface de vente pour 1 000 hab…

6 900 commerces ont été identifiés dans 15 zones commerciales, soit environ 80 % des commerces de la métropole. La zone de chalandise de la métropole, estimée à près de 700 000 habitants, se réduit du fait des stratégies de développement commercial des territoires voisins.
Le premier pôle commercial est le centre-ville de Grenoble, qui regroupe 1/3 des locaux commerciaux, avec un taux de vacance de 7 à 8 %. Le deuxième centre-ville commercial de la métropole est celui de Vizille en nombre de cellules commerciales. C’est aussi l’un des premiers sites touristiques de l’Isère, mais son taux de vacance s’élève à 20 %. Une démarche de redynamisation commerciale du centre-ville marchand, menée par l’Agence, est en cours avec les élus vizillois…

L’augmentation des loyers (+ 50 % depuis les années 2000) et la diminution des rendements (30 % de moins en 15 ans) explique en partie la fermeture des commerces indépendants, quel que soit le secteur d’activité, qui ne peuvent plus faire face aux loyers trop élevés. Mais les grandes chaines spécialisées résistent très bien à cette dynamique, car elles diversifient leurs activités qui se compensent entre elles.
De plus, les firmes nationales et internationales réfléchissent leur développement par rapport à des logiques financières qui sont totalement détachées des territoires. Il n’y a donc pas de relation d’évidence entre le développement de la ville et le développement du commerce.
Toute la question de l’urbanisme commercial, de la régulation de ce secteur suppose un recollement des logiques du commerce avec celles des villes. »

De son côté le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), mène notamment des missions d’expertise, d’audit, d’étude, d’évaluation, d’appui que lui confie le gouvernement.

En juillet 2016, il a rendu un rapport sur « la revitalisation commerciale des centres-villes » où il effectue un diagnostic préoccupant de la dégradation affectant de nombreux centres-villes et où il préconise une meilleure régulation des concurrences entre pôles centraux et périphériques.

« Si le commerce en centre-ville est avant tout dépendant du contexte socio-économique de son territoire, il est aussi très sensible au bon équilibre des concurrences au sein de l’appareil commercial ainsi qu’à la qualité de son environnement. Les travaux menés par la mission confirment qu’il ne peut y avoir de vitalité commerciale en centre-ville sans :

  • une démographie dynamique et une situation socioéconomique favorable, voire une capacité d’attractivité de la ville au-delà de son pourtour immédiat ;
  • de bonnes conditions économiques d’exploitation pour les professionnels du commerce et un environnement urbain adapté ;
  • un équilibre à préserver entre périphérie et centralité ;
  • une adaptation rapide des acteurs du commerce à l’évolution des modes de consommation et des attentes de leurs clients »

En mars 2017, le CGEDD rend un nouveau rapport « Inscrire les dynamiques du commerce dans la ville durable Les fondements d’une nouvelle politique des périphéries urbaines et commerciales »

Il propose de refonder les principes de l’urbanisme commercial en évitant la consommation de nouveaux espaces agricoles et naturels, en renforçant les dispositifs de régulation et de planification existants en engageant une politique ambitieuse de rénovation des périphéries urbaines.

La création de surfaces commerciales se poursuit à marche forcée : +22% en 2016 quand l’Insee estime à seulement 1,6% l’augmentation de la consommation des ménages. Comme plus de 90% de ces nouvelles surfaces se situent en périphérie, le phénomène d’accaparement d’espaces naturels et agricoles ne cesse d’augmenter : l’artificialisation des sols a ainsi crû de 8% entre 2006 et 2012 contre 4,8% entre 1990 et 2000.
« la plupart des pays européens voisins semblent maîtriser plus aisément le développement des équipements commerciaux et mieux parvenir à les conserver au sein des cœurs de villes ou du tissu urbain… en tempérant l’application du principe de libre établissement inscrit dans le droit européen, dont une application trop exclusive ou systématique ne permet pas une prise en compte efficace des impératifs de protection de l’environnement, d’aménagement durable du territoire et de protection du consommateur également reconnus par le droit européen ».

 

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