Le partage social de l’espace français

Publié le 7 avril 2017

Sur le site « the Conversation » qui allie l’expertise universitaire et l’exigence journalistique, une nouvelle rubrique les “data” permet de visualiser rapidement et clairement des données chiffrées. « En un ou plusieurs graphiques, cartes, statiques ou animées, les experts nous raconteront leurs recherches, analyseront une tendance de fond, partageront leur savoir. Dans ce travail, esprit d’ouverture et transparence seront des maîtres-mots car nous savons bien le poids d’un chiffre ou d’un graphe sur l’opinion publique. »

Le premier article est rédigé par le démographe Hervé Le Bras, directeur d’études à l’EHESS, et chercheur émérite à l’Institut National d’Études Démographiques (INED) sur le thème de « La France inégale : partage social de l’espace français».

A l’aide de cartes de France, il montre que les « classes moyennes et supérieures ont investi les métropoles et les grandes villes au point de constituer plus de la moitié de la population active dans certains cas et plus encore dans certains quartiers. Les cadres dominent au cœur des grandes agglomérations, les métropoles ou leurs suivantes immédiates qui possèdent des institutions universitaires et administratives de premier plan. Pour cette raison, on les qualifiait de « villes de commandement » dans les années 1960. Toutes les capitales des 21 anciennes régions figurent dans le groupe de tête auquel seules s’ajoutent Grenoble, Nice, Angers, Tours et des villes de l’Est. Alors que la proportion de cadres y dépasse souvent 20 %, elle chute à moins de 2 % dans de nombreuses zones rurales. »

La classe moyenne habite en banlieue, les ouvriers sont rejetés hors des grandes villes et les commerçants sont au sud !

“Logiquement, puisque les classes moyennes et supérieures sont en ville, les classes populaires vivent à la campagne. C’est particulièrement net pour les ouvriers. Leur proportion augmente avec la distance à la grande agglomération la plus proche. Ils se concentrent ainsi sur les frontières des départements où ils forment parfois plus de 40 % des actifs. Au XIXe siècle, les ouvriers habitaient dans les villes. Au XXe siècle, ils ont été repoussés vers les faubourgs, puis les cités. Aujourd’hui, les voilà rejetés aux marges du territoire. Une autre régularité fascinante à première vue est la quasi-absence des ouvriers au sud d’une ligne Bordeaux-Grenoble…

Les ouvriers résident au nord, les artisans et les commerçants, au sud. La coupure est particulièrement nette sur la carte. Au sud d’une ligne Genève- La Rochelle, on compte plus de 10 % d’artisans et commerçants tandis qu’au nord, ils tombent à des pourcentages aussi faibles que 3 %. Un long passé explique cette bizarrerie apparente. Au sud de la Loire, les règles d’héritage attribuaient à un seul enfant l’exploitation ou l’atelier des parents. Le Code civil n’a pas mis fin à cette pratique. Pour la conserver, les couples ont souvent réduit leur fécondité jusqu’à l’enfant unique.

Dès lors, l’industrie naissante n’a pu trouver les ouvriers nécessaires. L’artisanat et la petite propriété se sont maintenus. Dans une moindre mesure que les ouvriers, les artisans et les commerçants ont aussi été relégués loin des grandes agglomérations. Une ségrégation territoriale s’est ainsi mise en place : les travailleurs manuels -ouvriers, artisans, agriculteurs – à la campagne, les travailleurs intellectuels -professions intermédiaires, cadres et professions libérales – à la ville. »

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