A480, les collectivités prennent position, mais pas toujours dans le bon sens !

Publié le 7 juillet 2017

Le Canard enchainé du 5 juillet rend public le contenu de l’accord secret entre l’Etat (Valls-Macron-Royal) et les sociétés d’autoroutes, passé le 9 avril 2015 qui n’est toujours pas rendu public malgré le jugement obtenu par Raymond Avrillier ; on comprend maintenant pourquoi. Les avantages octroyés aux sociétés concessionnaires sont impressionnants voire illégaux et l’AREA, à travers l’élargissement de l’A 480, en profitera largement. Ce sera à étudier dans le détail.

Alors que la Métro et la ville de Grenoble organisent des réunions de leurs conseils, spécifiquement dédiées à l’étude du projet d’enquête publique (le 8 juillet pour la Métro et le 10 juillet pour Grenoble) le Conseil départemental (CD38) a traité cet important dossier en juste 20 minutes et avec le refus du Président d’ouvrir un débat. Les 4 élus du Rassemblement citoyen – solidarité et écologie ont présenté un amendement à la délibération qui donnait un avis très favorable à l’élargissement de l’autoroute en contradiction avec le protocole signé par le président du CD38 le 16 novembre 2016. Cet amendement a été refusé.

De plus le Président a proféré des gros mensonges en affirmant notamment que l’élargissement de l’A480 n’impliquerait pas d’augmentation des péages et qu’il n’y aura pas d’élargissement du domaine autoroutier.

A la Métro, la délibération qui sera proposée samedi 8 juillet au débat comporte aussi une contrevérité, en effet elle déclare : « Le Conseil métropolitain…relève avec satisfaction que les projets de réaménagement de l’échangeur du Rondeau et de l’A480 tels que décrits au travers du dossier susvisé : sont conformes aux objectifs et ambitions inscrits dans le protocole d’intention signé le 10 novembre 2016 ». Il n’y a pas conformité entre les deux projets concernant la partie A 480, notamment sur l’élargissement du domaine autoroutier qui n’était pas prévu dans le protocole d’intention et sur d’autres points comme la baisse de la vitesse à 70 km/h pour transformer l’autoroute en boulevard urbain.

Il est alors utile de rappeler que la Métro avait déjà fixé sa position (à l’unanimité) sur l’aménagement de l’A480 le 3 juillet 2015 : « Grenoble-Alpes Métropole veillera, par ailleurs, à ce que le caractère urbain de l’A 480 soit pleinement pris en considération, au travers de mesures de régulation du trafic et notamment des vitesses à 70 km/h, de profil de voirie ou encore d’insertion. » La majorité de la Métro s’est construite sur la base d’un pacte majoritaire qu’il serait bienvenu d’appliquer : « sur la rocade sud comme l’A480 appelées à évoluer vers des boulevards urbains à 2*2 voies dont la vitesse sera limitée à 70 km/h ». Et le 30 septembre 2016, la Métro avait accepté le protocole d’intention en connaissance de cause (non élargissement du domaine autoroutier et vitesse de 70 km/h).

A Grenoble, la majorité municipale, fidèle à ses engagements, émettra de nombreuses réserves sur la partie A 480 :

« … Les réserves devant être levées portent sur :

  1. La pleine et entière prise en considération de la problématique spécifique de la digue du Drac, dont les fonctionnalités doivent à tout le moins être maintenues voire confortées, qui n’apparaît pas, en l’état, garantie à juste proportion de son importance pour la sécurité des populations ;
  2. La garantie de la pérennité du « verrou » nord qui, à l’inverse de sa crédibilité au travers d’une bande d’arrêt d’urgence de largeur réduite, n’est pas effective en l’état et nécessiterait d’intégrer dans ce « verrou » le pont sur l’Isère ;
  3. La confirmation que le projet est entièrement réalisé sur l’emprise autoroutière actuelle ;
  4. Le diffuseur de Catane doit être revu pour améliorer son insertion environnementale et urbaine au regard de l’enjeu spécifique lié à la réduction de la distance séparant l’A480 de l’habitat et d’un groupe scolaire ;
  5. La réalisation sans délai de l‘étude d’impact quant aux bénéfices d’une vitesse maximale autorisée à 70 km/h sur la section comprise entre les diffuseurs du Vercors et Louise Michel, conformément aux orientations du Schéma de Cohérence Territoriale de la région grenobloise, dont les conclusions apparaissent indispensables aux débats dans le cadre de l’enquête publique ;
  6. Le lancement rapide des études relatives nécessaires au développement et à la mise en œuvre des services innovants en faveur du covoiturage, préalablement au démarrage de l’enquête publique et la réalisation rapide d’une étude par AREA de pertinence et de faisabilité pour une voie dédiée aux Véhicules à Occupation Multiple sur l’A48/A480/A41/A51.

La non levée de ces 6 réserves vaudrait avis défavorable sur le projet de réaménagement de l’A480. »

Pour savoir la vérité sur les points importants qui font polémique et qui ont des conséquences directes sur les impacts négatifs de cet élargissement :

  • Il suffit de lire les annexes au décret du 21 août 2015 qui confie l’A480 en concession à AREA pour connaitre les augmentations des péages prévues jusqu’à la fin de la concession (30 septembre 2036) : « Une majoration des tarifs, valorisée à 8,8 M€ HT (valeur juillet 2012), sera appliquée à l’ensemble des véhicules entrant ou sortant aux barrières pleine voie de Voreppe et du Crozet, à l’occasion de la hausse annuelle des tarifs suivant la reprise en exploitation par la société concessionnaire de l’autoroute A480. Cette majoration de tarif s’appliquera sur la grille TTC au 1er février de l’année considérée telle qu’approuvée par les services de l’Etat.
    Une majoration des tarifs, valorisée à 2,2 M€ HT (valeur juillet 2012), sera appliquée à l’ensemble des véhicules entrant ou sortant aux barrières pleine voie de Voreppe et du Crozet, à l’occasion de la hausse annuelle des tarifs suivant la mise en service de l’opération de mise à niveau de l’autoroute A480 entre St-Egrève et Claix, incluant l’élargissement à 2 × 3 voies de l’A480 entre le diffuseur de la RN481 et le diffuseur de la RN87. »
  • Il suffit de lire le dossier d’enquête publique (partie C page 70) qui indique que l’autoroute passera de 22 m de large à 27 m et qu’il va falloir exproprier des terrains (sans dire lesquels) pour réaliser l’élargissement, ce qui démontre que le domaine autoroutier actuel ne suffira pas pour la réalisation du projet d’élargissement ; alors que le protocole était très clair : « adapter le profil de voies pour respecter l’emprise du domaine autoroutier préexistant »

Pour lire le protocole d’intention, cliquez ici.

 

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