Editorial : face à la crise sociale, inventer la justice fiscale et la solidarité

Publié le 7 décembre 2018

La crise révélée par les gilets jaunes est la conséquence d’années de refus de regarder la réalité en face : un très grand nombre de personnes vivent de plus en plus mal dans notre société et les inégalités se creusent inexorablement. Tout est fait pour favoriser les plus riches et laisser sur le bord du chemin de plus en plus de personnes. Et comme « les corps intermédiaires » ont disparu ou se sont délités, c’est l’explosion des colères individuelles, avec des revendications qui partent dans tous les sens, mais avec un point commun, la souffrance sociale d’une grande majorité des citoyens qui ont le sentiment d’être abandonnés et broyés par un système totalement injuste, bon pour les riches, dur pour les autres.

Les politiques suivies depuis longtemps mais fortement accélérées par la politique de Macron ont organisé le détricotage systématique de tous les filets qui empêchaient de sombrer dans la grande misère et le déclassement. Le mal est profond et un changement de cap est urgent et le gouvernement n’est pas à la hauteur des réponses exigées.

Depuis les acquis de la révolution de 1789 on sait que les dépenses des administrations doivent être payées par les citoyens en fonction de leurs ressources financières : c’est le fondement même de l’acceptation de l’impôt. Or ce n’est plus le cas et de loin ; le ras le bol fiscal est à la hauteur des impositions très injustes.

Pour ce qui est de la politique générale de l’Etat (éducation, santé, sécurité, lutte contre le bouleversement climatique, politique énergétique, culture, défense…) elle devrait être financée par un impôt juste donc très lié aux revenus et non par de multiples taxes dont plus personne ne comprend le sens.

Pour le financement des services publics (nationaux ou locaux) rendus aux usagers il faudrait revenir aux grands principes : le tarif maximum doit correspondre exactement au service rendu et il peut y avoir des tarifs fonction des revenus (ou totalement gratuit) financés par la solidarité provenant de l’impôt. Il faudrait revoir la législation sur les services publics industriels et commerciaux (eau, électricité, gaz, chauffage urbain…) et permettre une tarification sociale et non des bricolages très limités (seule exception les transports publics urbains, mais pas les autres modes de transport notamment le ferroviaire).

La fiscalité locale devrait aussi être fondée sur des impôts locaux justes ; ce qui est proposé actuellement ne va pas en ce sens et les collectivités locales sont entravées dans leurs actions à cause des impôts locaux particulièrement injustes et la disparition programmée de la taxe d’habitation qui ne va rien régler au fond, sauf à diminuer l’autonomie des collectivités et à poursuivre une mise sous tutelle camouflée mais réelle par l’Etat.

C’est un travail gigantesque, mais seule des avancées réelles et significatives en ce sens pourront résoudre la crise profonde qui frappe notre pays. Et pourquoi ne pas organiser des États généraux de la fiscalité et du bien vivre ?

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