Le « monde d’avant » n’entend pas laisser la place au « monde d’après »

Publié le 24 avril 2020

Le débat sur le Projet de loi de finance rectificative (PLFR) montre que la majorité LREM à l’Assemblée nationale ne veut pas conditionner la reprise économique à des contraintes permettant de préparer le « monde d’après ». Les multinationales françaises qui sont à l’offensive au niveau européen contre la transition écologique et c’est la puissante multinationale américaine BlackRock qui rédigera un rapport sur la manière dont la supervision bancaire de l’UE pourrait prendre en compte le climat !!!

1- Loi de Finances Rectificative : en guise de réponse au Covid-19, le gouvernement creuse notre tombe climatique. Dans la nuit du 17 au 18 avril, a été adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale le Projet de Loi de Finance Rectificative (PLFR) face à la crise du Covid-19. Ce texte prévoit 20 milliards d’euros d’investissement dans des entreprises françaises sans aucune contrepartie pour le climat. 20 milliards offerts à des entreprises polluantes, dont la liste reste floue, et sans qu’aucun engagement ne soit demandé en retour pour respecter l’Accord de Paris sur le climat. Pourtant des député-es ont proposé des amendements pour corriger cela mais sans succès.

Ces contreparties demandées aux entreprises recevant de l’argent public pourraient inclure par exemple : l’obligation  d’élaborer un plan de sortie des énergies polluantes, de se conformer aux objectifs de l’Accord de Paris, la co-détermination des salariés dans les décisions de l’entreprise, la réduction des écarts de salaires, l’égalité des salaires et des conditions entre hommes et femmes dans l’entreprise, le renoncement aux dividendes pendant un an, abandon des paradis fiscaux… 

2- Des grandes entreprises françaises savent manier le « en même temps » macronien pour, à la fois signer un appel pour un Green Deal avec de nombreux députés européens, des syndicalistes, des ministres et au même moment, ces mêmes entreprises multinationales, et de nombreuses autres, regroupées au sein de l’Association française des entreprises privées (AFEP), font du lobbying auprès de la Commission européenne pour obtenir le report ou l’annulation de nombreuses initiatives de transition écologique que la Commission envisageait de mettre en œuvre dans le cadre du Pacte vert européen.

L’appel pour un Green Deal a été initié par Pascal Canfin (député européen LREM) : voir ici. Le document de l’AFEP qui révèle le lobbying mené actuellement par les grandes entreprises françaises auprès de la Commission, notamment du secteur automobile, pour reporter ou annuler toute régulation européenne en matière climatique ou écologique est à lire ici.

3- Autre information qui montre la puissance des lobbies : BlackRock est une société multinationale américaine qui est devenue le plus important gestionnaire d’actifs au monde et qui détient des parts dans les plus grandes compagnies pétrolières et les plus grandes banques du monde. (Petit rappel : J.F. Ciprelli, dirigeant de la filiale Française de BlackRock a été promu au grade d’officier de la Légion d’Honneur le 1er janvier 2020, ce qui a fait couler beaucoup d’encre). BlackRock a remporté un appel d’offre organisé par la Commission européenne et elle rédigera un rapport sur la manière dont la supervision bancaire de l’UE pourrait prendre en compte le climat. On ne peut pas rêver mieux en tant que conflit d’intérêts. Voir l’article de Marianne qui reprend un article de The Guardian.

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