Plus de 60 000 morts auraient été évités en France grâce au confinement

Publié le 24 avril 2020

Une équipe d’épidémiologistes de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) ont simulés l’effet de l’épidémie en France s’il n’y avait pas eu la mise en place du confinement. Ils ont estimé l’impact durant un mois de cette mesure sur le nombre de décès évités qu’ils chiffrent à 61 739 à l’hôpital seul…

Les épidémiologistes estiment que près de 23 pour cent de l’ensemble de la population, soit 14,8 millions de personnes, auraient été infectés par le virus le 19 avril si le pays n’avait pas introduit les mesures strictes de confinement un mois auparavant.

L’étude a estimé que les mesures empêchaient environ 590 000 hospitalisations et plus de 140 000 admissions aux soins intensifs à travers le pays nécessitant plus de 100 000 lits de réanimation. Rien qu’en Ile-de-France, plus de 30 000 lits auraient été nécessaires. Ce qui aurait submergé le système hospitalier en quelques semaines.

Voici la publication (en anglais) : « One-month impact of the French lockdown on the epidemic burden »

Cette étude de l’EHESP va dans le même sens que l’étude de l’Institut Pasteur

Le 21 avril 2020 le « Journal de l’environnement » traite de la modélisation effectuée par des chercheurs de l’Institut Pasteur qui indique que seulement à peine 6% des Français auraient été infectés par le Covid-19, ce qui démontre que le confinement a été très efficace, mais fait craindre une deuxième vague de contamination si le déconfinement n’est pas mené correctement, ce qui pose encore une fois la question des masques et des tests.

« Dans une étude, publiée mardi 21 avril sur le site de l’Institut Pasteur, l’équipe de Simon Cauchemez, responsable de l’unité «Modélisation mathématique des maladies infectieuses» de l’institut, a modélisé ce que serait la situation au 11 mai. Pour cela, les chercheurs se sont appuyés sur les données hospitalières françaises (hospitalisations, entrées en soins intensifs, décès), leur appliquant le taux de létalité à bord du paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine dans le port japonais de Yokohama, afin de déterminer le total des personnes infectées.

UN TAUX DE LÉTALITÉ DE 0,53%

Selon leurs résultats, 2,6% des personnes infectées en France sont hospitalisées, les autres étant asymptomatiques ou développant que des symptômes légers à modérés. Ce taux d’hospitalisation est très variable selon l’âge et le sexe, avec un minimum de 0,9% chez les jeunes filles de moins de 20 ans, et un maximum de 31,4% chez les hommes de plus de 80 ans.

Une fois hospitalisés, 18,2% des patients sont transférés, en moyenne au bout d’un jour et demi, en soins intensifs, et 20% des personnes hospitalisées décèdent. Au final, le taux de létalité du virus, à savoir la proportion de décès parmi les personnes infectées, s’élève à 0,53%, allant de 0,001% chez les moins de 20 ans à 8,3% chez les plus de 80 ans.

5,7% DE PERSONNES IMMUNISÉES LE 11 MAI

Au rythme actuel, les chercheurs estiment que seuls 3,7 millions de Français, soit 5,7% de la population (avec un intervalle de confiance compris entre 3,5% et 10,3%), auront été infectés par le virus SARS-CoV-2 le 11 mai. Cette proportion est plus élevée dans les régions plus touchées, de 12,3% à Paris et de 11,8% dans la région Grand-Est.

Or pour une maladie dont le taux de reproduction R0 (nombre de personnes contaminées par personne infectée) est de 3,3, comme la COVID-19 avant le confinement, il faudrait qu’au moins 70% de la population soit immunisée, du fait d’une infection passée ou d’un vaccin (inexistant). Le 11 mai, la population française sera donc très éloignée de cette immunité collective.

« Nos résultats suggèrent clairement que, sans vaccin, l’immunité de groupe sera à elle seule insuffisante pour éviter une deuxième vague à la fin du confinement. Des mesures efficaces de contrôle doivent être maintenues au-delà du 11 mai », commentent les chercheurs.

L’étude révèle par ailleurs l’impact massif qu’a eu le confinement sur la dynamique de l’épidémie. D’une valeur de 3,31 avant cette mesure radicale de distanciation sociale, le R0 a désormais atteint celle de 0,52. Inférieur à 1, il signifie que l’épidémie faiblit : le 11 mai, le virus ne devrait plus, selon les chercheurs, infecter que 1.300 personnes par jour, contre une estimation (très large) de 220.000 à 770.000 nouveaux cas quotidiens juste avant le confinement.

L’ÉPIDÉMIE ALLEMANDE « SOUS CONTRÔLE »

En Allemagne aussi, le R0 est désormais inférieur à 1, atteignant la valeur de 0,7, a annoncé vendredi 17 avril le président de l’Institut Robert-Koch, Lothar Wieler. Selon le ministre allemand de la santé, Jens Spahn, il s’agit là du signe que l’épidémie est désormais « sous contrôle ». L’ouverture des commerces d’une superficie inférieure à 800 m2 est autorisée depuis lundi 20 avril, et les établissements scolaires vont rouvrir le 4 mai.

Comment expliquer la différence de discours entre les autorités allemandes et les françaises, si le R0 est désormais inférieur à 1 dans les deux pays ? Probablement par un contrôle plus efficace de l’épidémie outre-Rhin, notamment une activité de dépistage bien plus intense, et plus de lits d’hôpitaux, qui ont permis une réponse sanitaire plus efficace.

Si le port de masques n’est pas obligatoire en Allemagne, il est fortement encouragé, d’autant que ceux-ci sont aisément accessibles en pharmacie. La situation est donc diamétralement opposée à celle de la France, dont les autorités ont, sur fond de pénurie, mis en doute l’efficacité des masques, avant de faire volte-face. Le bilan est évocateur : au 21 avril, l’Allemagne comptait 4.862 morts de la COVID-19, contre 20.265 en France. »

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