La mort annoncée du glacier de Sarennes

Publié le 30 avril 2021
© Emmanuel Thibert / INRAE

C’est le glacier des Alpes qui est surveillé depuis le plus longtemps (1949). Situé à 65 km de Grenoble, entre 2900 et 3000 m d’altitude, il va disparaitre définitivement d’ici trois ou quatre ans à cause du changement climatique. Il est étudié par les glaciologues de l’unité de recherche grenobloise ETNA (Érosion Torrentielle, Neige et Avalanche) d’INRAE. « Sa surface, qui est aujourd’hui de quelques hectares, a fortement diminué au cours du XXe siècle, passant ainsi de 124 ha en 1908 à 85 ha en 1952 et 41 ha en 2003, 12 ha en 2009 et 9 ha en 2014. Son épaisseur actuelle est estimée à environ 10-20 m de glace d’après des mesures radar effectuées en 1992. Il a perdu localement plus de 120 m d’épaisseur depuis le début du XXe siècle. »

« Tous les ans depuis 1949, des scientifiques montent observer ce site. Il s’agit de la plus longue série de mesure de tout l’arc alpin, et la seconde plus longue série au monde derrière celle du glacier Storglaciären, en Suède, initiée en 1946. Chaque printemps, des prélèvements sont effectués pour mesurer le volume de neige, le peser, en mesurer la densité et en donner l’équivalence en mètre d’eau pour suivre l’enneigement hivernal. Quand la neige a fondu, l’épaisseur de glace est mesurée à partir de balises insérées à dix mètres de profondeur. « Le glacier a perdu 100 mètres d’épaisseur, il reste au point le plus haut 10 mètres d’épaisseur de glace », relève le glaciologue.

Il observe à la fois une intensification de la fonte au cœur de l’été et une augmentation de la durée de la fonte : la neige disparait plus vite. Au lieu de tenir jusqu’à fin mai voire début juin, elle fond dès le début du mois d’avril au printemps. À l’inverse, en automne, le glacier continue de fondre jusqu’à fin octobre, y compris la nuit, alors que la fonte s’arrêtait auparavant en septembre. L’observation du glacier a mis en évidence un changement du climat estival depuis 1982, qui est général à tout l’arc alpin, avec un allongement de la période de fonte en fin d’été et une intensification de la fonte au cœur de l’été, ce qui est bien expliqué par l’évolution des températures atmosphériques. Les fontes extrêmes sont rencontrées lors des épisodes de canicule. »

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