Chaque année, le 17 octobre à 18 h une manifestation est organisée place Edmond Arnaud à Grenoble pour rendre hommage aux victimes de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. C’est le collectif du 17 octobre 1961 de l’Isère, regroupant de nombreuses associations, qui l’organise. Une cérémonie a lieu devant la plaque rappelant cette répression avec le maire de Grenoble et les élu-es municipaux.
Après cette cérémonie, un cortège partira comme chaque fois vers la passerelle St Laurent où seront jetées des fleurs dans l’Isère.
La manifestation :
- exige de l’État français qu’il reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les massacres liés à la colonisation ;
- exige la reconnaissance des massacres du 17 octobre 1961 comme crime d’État ;
- réclame l’ouverture des archives de la Guerre d’Algérie et de la colonisation aux chercheurs français et étrangers, sans restrictions, ni exclusives ;
- refuse les discours xénophobes, racistes, colonialistes.
Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers de travailleurs algériens et leurs familles avaient manifesté à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Algérie, pour leur droit à l’égalité et à la dignité, contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé.
Alors que la manifestation était pacifique, la répression s’était abattue sur les manifestants avec une grande violence : des milliers d’arrestations, des centaines de morts ou disparus. Le préfet de police de Paris qui conduisait les opérations était Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis entre 1942 et 1944. Nous savons aujourd’hui que Charles de Gaulle, alors le président de la République, était au courant. Au nom de la raison d’État, le silence fut organisé sur cette tragédie par le pouvoir de l’époque et ses successeurs.
C’est grâce à l’action de citoyens, historiens, écrivains, associations, grâce au foisonnement d’initiatives militantes, que la vérité a pu émerger.
Rendre hommage aux victimes de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, c’est refuser la violence d’État utilisée pour réprimer les manifestations, c’est refuser la banalisation des violences policières, dont est notamment victime la jeunesse des populations issues de l’immigration.
1962- 2022 : l’indépendance de l’Algérie est une victoire sur le colonialisme
Il est essentiel de maintenir vivante la mémoire, lutter contre la réhabilitation du colonialisme et de leurs tenants. En cette année du 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, nous tenons à affirmer que la victoire du peuple algérien est une victoire sur le colonialisme et une avancée majeure pour tous les peuples.
Alors que la colonisation est toujours une violence faite contre un peuple, comment comprendre que le Président Emmanuel Macron prétende tenir un discours de vérité et de reconnaissance en déclarant qu’entre la France et l’Algérie « c’est une histoire d’amour » ? 60 ans après la tragédie que fut la guerre d’Algérie, il est temps que le sommet de l’État tienne un discours où soit dite la vérité sur ce que fut la colonisation et la guerre d’Algérie, et où soient reconnues les responsabilités de l’État français.
Par ailleurs les militants algériens réclament la liberté immédiate des prisonniers d’opinion en Algérie :
200 à 300 « prisonniers d’opinion » restent emprisonnés en Algérie pour les manifestations pacifiques connues sous le nom de mouvement Hirak ayant déferlé sur l’Algérie en février 2019. La victoire en 1962 est celle de l’émancipation du peuple algérien vis à vis de la domination coloniale, comment comprendre que le 60ème anniversaire soit célébré avec des centaines de personnes en prison dont le seul crime est d’avoir manifesté pacifiquement et exercé leur droit d’expression ?
L’hommage aux manfestant.es du 17 octobre 1961 doit aussi se traduire par une solidarité au présent avec le combat démocratique du peuple algérien. C’est pourquoi nous nous associons à la demande des organisations de défense des droits de l’homme telles qu’Amnesty International et la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH) de libérer immédiatement et sans condition au moins 266 militants opposés au pouvoir dans des situations allant de l’arrestation à l’emprisonnement, pour leur participation aux manifestations du Hirak.
Mots-clefs : Algérie, devoir de mémoire, histoire, Mobilisations