Dans un article du 10 février 2023, l’Observatoire des inégalités analyse par strate la répartition des montants des retraites. Le montant des retraites varie de 790 euros par mois pour les ménages les plus pauvres à plus de 4 000 euros pour les plus riches. Les 10 % des ménages aux retraites les plus élevées perçoivent 17 % de l’ensemble des pensions ; à l’inverse les 10 % qui ont les retraites les plus modestes en ont reçu seulement 8%.
« Chaque année, notre pays dépense 350 milliards d’euros pour verser les pensions de retraite privées et publiques. Ce montant n’est pas très éloigné de l’ensemble des dépenses du budget de l’État (400 milliards). Cette masse n’est pas répartie de manière égale. En 2020, les 10 % des ménages aux retraites les plus élevées ont perçu 59 milliards d’euros de pensions, 17 % de l’ensemble. Inversement, les 10 % aux retraites les plus modestes ont touché 8,8 milliards d’euros, soit 3 % de l’ensemble. Le dixième le plus favorisé a donc touché 6,7 fois plus que le dixième le moins favorisé.
En moyenne, les ménages qui comptent au moins un retraité reçoivent 2 100 euros par mois de pensions : 4 000 euros pour les 10 % les plus riches, 790 euros pour les plus pauvres [3]. Les retraites constituent un régime d’assurance : on cotise durant la vie active, et on reçoit en proportion à la retraite. Elles reflètent de manière atténuée les inégalités de niveaux de vie : en France, les 10 % les plus aisés captent en effet 24 % de la masse totale des revenus, les 10 % les plus pauvres, 3 %.
L’existence de planchers, le minimum vieillesse pour les plus pauvres et un niveau de retraite minimum pour ceux qui ont cotisé, évitent un appauvrissement encore plus grand pour les personnes âgées. À l’autre bout de l’échelle des revenus, les cotisations sont plafonnées pour les plus riches, mais les pensions de retraite le sont aussi, ce qui limite le montant des pensions les plus élevées. Au bout du compte, les retraites sont moins inégalitaires que les salaires.
Ces chiffres permettent de mesurer l’effort qui pourrait être fait pour les personnes âgées aux pensions très faibles. Les 10 % aux retraites les plus modestes reçoivent 8,8 milliards. Augmenter de 50 % le montant global qui leur est versé – hypothèse purement théorique – coûterait environ 4,4 milliards et améliorerait notablement le sort de ces personnes. Ce montant peut être comparé aux 20 milliards d’euros que coûte chaque année à la collectivité la suppression de la taxe d’habitation, dont d’ailleurs la plupart de ces retraités pauvres n’auront en rien bénéficié, car ils en étaient exonérés.
Enfin, le niveau des pensions de retraite de notre pays est l’élément d’explication principal au fait que la France fait partie des pays où les dépenses collectives (et donc les recettes fiscales qui les financent) sont les plus élevées au monde. Au bout du compte, cela ne nous coûte pas plus cher et c’est moins risqué que de placer son épargne, mais dans d’autres pays, les retraites sont davantage financées par des prélèvements non obligatoires qui ne sont pas comptés dans les impôts. Il est normal que notre pays consacre un budget considérable aux retraites, mais il ne faut pas oublier que les prélèvements qui assurent le financement des dépenses profitent beaucoup aux plus aisés. »
Mots-clefs : inégalités, retraite, revenus