Au moment où se discute l’accélération du programme nucléaire français au parlement, Greenpeace France publie une investigation inédite sur les liens entre l’industrie nucléaire française et l’entreprise nucléaire russe Rosatom, où il apparaît que la France est pieds et poings liés à la Russie.
Autre question importante non traitée par le gouvernement : le besoin en eau des centrales nucléaires. Rappelons que les réacteurs nucléaires sont des machines thermiques qui exigent un refroidissement permanent et relâchent dans l’environnement beaucoup de chaleur quasiment, inutile sauf à réchauffer des cours d’eau et/ou provoquer une importante évaporation. Leur rendement thermodynamique est faible. A contrario, les énergies renouvelables (l’éolien ou le photovoltaïque) ne présentent pas ces inconvénients, ne relâchent pas de chaleur et n’ont pas besoin d’eau.
La France liée à la Russie pour ses importations d’uranium comme l’écrit Greenpeace :
« Le constat est accablant. Rosatom a la mainmise sur une grande partie des importations d’uranium naturel provenant du Kazakhstan et d’Ouzbékistan. Ces importations représentent près de cinquante pour cent de l’uranium naturel importé chaque année en France. La filière nucléaire française, loin d’être gage de la souveraineté énergétique française, est donc dépendante de la filière nucléaire russe à toutes les étapes du parcours de l’uranium, sans alternative crédible possible.
Malgré le début de la guerre en Ukraine il y a plus d’un an, la France n’a pas stoppé son commerce nucléaire avec la Russie, bien au contraire. Au-delà de l’uranium naturel, la France a quasiment triplé ses importations d’uranium enrichi russe.
En 2022, la Russie a livré un tiers de l’uranium enrichi nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an.
Toujours en 2022, l’intégralité des exportations françaises d’uranium de retraitement ont été envoyées en Russie et l’intégralité des importations d’uranium enrichi en France provenaient de la Russie, qui possède la seule installation au monde capable de transformer l’uranium de retraitement.
L’opacité cultivée par l’industrie nucléaire française et l’état français est une tentative de masquer la dépendance de la France envers des pays comme la Russie. Ce rapport, qui vient appuyer nos observations de livraisons d’uranium par des cargos russes en pleine guerre en Ukraine, met en lumière l’ampleur de la dépendance de l’industrie nucléaire française envers Rosatom sur tout le commerce d’uranium, y compris l’uranium naturel. La construction de nouveaux réacteurs nucléaires, actuellement en débat, ne garantirait en aucun cas la souveraineté énergétique, car elle maintiendrait la France dépendante des pays fournisseurs d’uranium comme la Russie », a dit Pauline Boyer, responsable de la campagne contre l’énergie nucléaire de Greenpeace France.
Face à ce constat, Greenpeace France demande à l’état français la rupture des contrats entre, d’une part, Electricité De France (EDF) et Orano et, d’autre part, Tenex pour stopper le commerce d’uranium et de déchets nucléaires avec la Russie.
Greenpeace France demande à l’état français l’application des sanctions européennes contre Rosatom.
Greenpeace France demande à l’état français de faire la lumière sur le commerce d’uranium en réalisant et en publiant un bilan des importations et des exportations d’uranium de la France vers et depuis d’autres pays, détaillé pour chaque forme et pour chaque catégorie d’uranium, uranium naturel, uranium enrichi, uranium de retraitement et uranium appauvri. »
Les réacteurs nucléaires sont un des plus gros consommateurs d’eau douce en France.
Avec les sécheresses qui risquent de s’amplifier dans notre pays à cause du changement climatique, voir : La cause majeure de la sécheresse 2022 en Europe de l’Ouest, est due au changement climatique), le fonctionnement d’un certain nombre de centrales risque d’être fortement perturbé notamment pour celles qui sont implantées au bord d’un cours d’eau (exemple le Rhône) dont le débit peut baisser très fortement à l’avenir et pas seulement l’été.
Le parc atomique est le deuxième plus gros consommateur d’eau douce en France, plus que les buveurs d’eau potable. Alors que les inquiétudes liées à la sécheresse s’accroissent, ce sujet crucial est absent de la loi sur les nouveaux réacteurs, en débat à l’Assemblée à partir du 13 mars.
Article de Médiapart à ce sujet : en moyenne, entre 2008 et 2018, le refroidissement des centrales électriques est la deuxième activité la plus consommatrice d’eau en France, avec 31 % du total. C’est derrière l’agriculture (45 %) mais devant la consommation en eau potable et les autres usages industriels…
Cette moyenne nationale cache d’importantes disparités locales : l’eau consommée est attribuée majoritairement à la production d’électricité en Rhin-Meuse (58 % du total d’eau consommée) et en Rhône-Méditerranée (46 %). Alors que l’agriculture est la plus grosse consommatrice dans les bassins Adour-Garonne (78 %) et Loire-Bretagne (55 %), et l’eau potable en Artois-Picardie (62 %) et en Seine-Normandie (56 %).
Une très grande partie du volume d’eau douce prélevé pour le refroidissement des centrales électriques est concentrée sur un nombre restreint de sites. En 2020, avec ses quatre réacteurs refroidis en circuit ouvert, la centrale nucléaire de Tricastin a prélevé 4,8 milliards de mètres cubes dans le Rhône, explique la Criirad, association d’expertise citoyenne : « C’est presque autant que la somme des prélèvements d’eau douce de surface pour la production d’eau, l’agriculture et l’industrie sur l’ensemble de la France (5 milliards de mètres cubes en 2018, derniers chiffres disponibles). »
Cette eau utilisée par les centrales nucléaires est-elle entièrement rendue aux fleuves et rivières ? La réponse est claire : non. Pourquoi alors certaines personnalités affirment-elles le contraire ? Parce qu’il faut distinguer l’eau « prélevée » et l’eau « consommée ». Les expert·es de l’administration expliquent que « l’eau consommée correspond à la partie de l’eau prélevée non restituée aux milieux aquatiques ».
Répartition des volumes d’eau douce prélevée, par usage et milieu, en 2018, en milliards de mètres cubes
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