L’ONG Oxfam-France note que la crise du logement en France est une bombe à retardement. Le logement est une composante essentielle de la vie des individus et touche l’ensemble de la population. Le droit et l’accès équitable à un logement abordable et décent, la réduction des inégalités découlant du logement, ou l’équitable répartition des efforts dans la transition climatique du secteur du logement, sont mis en cause par la politique gouvernementale actuelle.
Oxfam-France fait le constat des inégalités dans l’accès à un logement abordable et rénové en France, en identifiant quelles réponses de l’Etat ont été apportées et en cas de défaillance de cet accès, quelles pistes peuvent être explorées pour les réduire. L’étude examine la question du logement étudiant et des résidences séniors, deux secteurs frappés de plein fouet par la financiarisation et devenus des actifs financiers.
Pour les plus pauvres, les dépenses contraintes représentaient 31 % de leur budget en 2001. Ces dépenses sont montées à 41 % aujourd’hui. Le poids proportionnel du logement est plus de deux fois plus élevé pour les 25 % plus modestes que pour les 25 % plus aisés. En vingt ans, les prix des biens immobiliers ont augmenté 4 fois plus vite que les revenus.
« La financiarisation de l’économie, au sens de la présence d’acteurs financiers ou du moins leur logique financière, s’immisce dans le quotidien des ménages. Si de nombreux secteurs sont touchés par ce phénomène, un secteur s’est imposé à l’heure d’en analyser les effets : le logement.
La crise du logement n’est pas qu’en France, puisque de nombreux pays subissent de plein fouet la hausse des prix et la faible augmentation des salaires depuis plusieurs années. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les prix de l’immobilier ont augmenté de manière structurelle au cours des dernières décennies, et ce plus rapidement que les revenus des ménages. En Europe par exemple, selon Eurostat, entre 2010 et 2023 les prix des logements ont augmenté de 46 % et les loyers de 21 % dans l’Union Européenne, avec de grandes disparités selon les pays. La crise du logement est présente dans de nombreux pays européens mais de manière différenciée. En Espagne et au Portugal, face à une crise inflationniste ayant atteint les prix des logements les gouvernements commencent à formuler des pistes pour en sortir durablement. En Italie, les étudiants peinent à se loger et ont, le 16 mai dernier, organisé une journée de manifestation pour protester contre le coût du logement. En Grande Bretagne, l’inflation a eu raison des portefeuilles des Britanniques puisque la flambée des prix, y compris les prix de l’immobilier britannique, a provoqué la pire chute de niveau de vie jamais connue depuis les années 50.
En Allemagne, les logements sociaux ont été vendus en bloc à des investisseurs institutionnels entre les années 90 et 2010. Historiquement, l’Allemagne faisait donc figure d’exemple en matière de logement social. Aujourd’hui, la crise du logement est présente dans le pays. Finanzewende a publié en novembre 2023 une étude montrant comment la logique financière appliquée au logement impacte négativement les ménages allemands et a même déstabilisé le marché de l’immobilier. Environ la moitié des personnes en Allemagne sont locataires, et un nombre croissant habite des appartements soumis à la financiarisation. Finanzwende a calculé : dans ces logements « financiarisés », en moyenne en 2021, 42 % du loyer allait en tant que bénéfice aux actionnaires des entreprises étudiées. Pendant ce temps, le marché locatif dans les régions concernées connaît une hausse des loyers, des pénuries de logements ainsi qu’une concentration du pouvoir des entreprises financiarisées.
D’autres pays subissent des crises du logement, et ce phénomène notamment européen, mérite de s’y attarder pour trouver des pistes d’amélioration nationales, mais également européennes.
La présente étude, dans le but d’apporter un éclairage sur les conséquences que les crises du logement ont sur les ménages et le creusement des inégalités, se focalise sur l’accès au logement en France. Plusieurs sujets ne seront pas traités, telles que les questions de la construction, de l’urbanisme ou encore du bâtiment, bien que ces secteurs soient essentiels dans la question large du logement en France. Cette étude ne portera pas non plus sur le mal logement en France, largement documenté par d’autres organisations comme la Fondation Abbé Pierre et les statistiques nationales. La présente étude se concentre plutôt sur les obstacles rencontrés dans le parcours vers l’accession à un logement, en location ou en propriété, et sa rénovation, et l’impact de ces obstacles sur les inégalités ».
Mots-clefs : inégalités, logement