L’année 2023, malheureusement a vu se poursuivre, notamment en Europe, la montée des nationalismes, le renforcement des régimes autoritaires et des dictatures et se multiplier les guerres. Pourtant partout des mouvements de libération demandent le respect du droit international, l’égalité entre tous les individus notamment pour les femmes soumises aux viols de guerre, aux plus féroces des répressions. Les bombardements meurtriers de civils à Gaza et les raids des colons et de l’armée en Cisjordanie doivent cesser de toute urgence ; en Ukraine le camp de la liberté doit faire reculer l’agresseur, le droit international doit être respecté partout et par tous les Etats et les crimes de guerre être poursuivis par tous les moyens juridiques, les Etats signataires de la charte de l’ONU doivent enfin prendre des sanctions adaptées.
Sur un autre « front », la lenteur coupable avec laquelle la grande majorité des Etats traite la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre est inquiétante, alors qu’il faudrait le faire fortement et vite au moment où nous voyons les conséquences des changements climatiques : nos régions sont agressées par les inondations, les sécheresses, les canicules… Tout retard dans l’adaptation de nos sociétés se paiera, et de plus en plus cher. La ville de Grenoble devra poursuivre et amplifier ses efforts dans les années à venir, tout en prenant soin d’accompagner ces politiques publiques par une attention accrue aux conséquences sociales touchant de nombreux ménages en cette période d’inflation et pendant le temps de mise en place de ces adaptations.
Sachons trouver la meilleure utilisation du bouclier social et climatique mis en place par la Ville, même si c’est à l’Etat et au département d’organiser efficacement la solidarité. Nous devons faire pression pour que soit enfin organisée une lutte efficace contre les inégalités en réformant le système fiscal national et local où chaque ménage fera un effort en proportion de ses revenus.
Les valeurs de liberté et d’égalité, ces valeurs universelles sont le fondement de notre Constitution. Les jetant aux orties, le Parlement et l’exécutif ont osé accepter une loi scélérate sur l’immigration (loi Darmanin, le Pen, Macron) du 19 décembre 2023, accréditant les thèses de l’extrême droite sur la préférence nationale et contre le droit du sol. On y retrouve un relent de « vichysme » : Pétain avait déjà promulgué les lois du 16 juillet 1940 relatives à la procédure de déchéance de la qualité de Français, du 22 juillet 1940 relative à la révision des naturalisations et du 27 septembre 1940 relative à la situation des étrangers « en surnombre dans l’économie nationale ».
Grenoble, une des 5 villes Compagnon de la Libération, doit exprimer à tous moments son opposition à de telles dérives. La veille de l’adoption de la loi scélérate, le conseil municipal de Grenoble votait à une large majorité un vœu à la Première ministre (voir plus bas) relatif à la réussite de l’accueil et de l’inclusion des personnes migrantes, qui prenait l’exact contrepied de la loi qui allait être votée.
Le 20 décembre, le groupe majoritaire « Grenoble en commun » communiquait : « Loi immigration : un jour brun pour la République Française » Loi immigration : un jour brun pour la République Française (grenobleencommun.fr)
2024 devrait être l’année de mobilisations contre l’extrême droite et les droites extrêmes, une mobilisation de tous les défenseurs de notre République qui doivent entrer en résistance contre ces dérives mettant en cause les valeurs mêmes de notre démocratie et de notre histoire.
Une bonne manière de résister est de défendre et développer nos services publics, ouverts à tous les habitants (français et étrangers), notamment les services publics locaux gérés par les communes et leurs CCAS, la métropole pour l’eau et l’assainissement, le traitement des déchets, l’énergie… le département pour les politiques sociales de sa compétence et le SMMAG pour les mobilités, pour avancer sur la gratuité d’abord partielle des transports en commun surtout quand une commune est prête à l’y aider pour une partie de ses habitants. Mobilisons les parlementaires pour qu’ils votent l’augmentation du versement mobilité à 3% au lieu de 2% en dehors de l’Ile de France, ce qui donnera des moyens au développement d’une mobilité sociale et écologique pour chacun.e.
Mobilisons-nous pour que la politique nationale concernant le logement social revienne sur les aberrations de la « Réduction du loyer de solidarité » qui asphyxie les bailleurs et les empêchent de construire. L’agglomération manque cruellement de logements sociaux. Comme toutes les associations agissant pour la solidarité nous militons pour que l’Etat applique enfin la règle qui impose que tout le monde doit avoir un logement pour vivre. Et espérons qu’en 2024 la métropole adopte enfin une politique de soutien aux bailleurs sociaux à la hauteur des enjeux sociaux, en commençant par une proposition de rachat de Grenoble Habitat éloignée des batailles politiciennes, correctement évaluée et conforme à l’intérêt général des métropolitains et des grenoblois.
Forte de ces engagements, l’ADES vous souhaite la meilleure année 2024 qui puisse être.
Vœu voté le 18 décembre par une large majorité du conseil municipal de Grenoble relatif à la réussite de l’accueil et de l’inclusion des personnes migrantes :
« Le Conseil municipal de Grenoble demande à la Première ministre de prendre toutes les mesures utiles pour que la République soit enfin à la hauteur de ses promesses en s’engageant résolument dans une politique d’accueil et d’inclusion adaptée aux défis du moment :
- à travers le travail d’abord, puissant facteur d’intégration, qui doit permettre la régularisation au-delà des seuls métiers en tension,
- en prenant à bras le corps la question du logement, tant en termes d’hébergement que de répartition sur le territoire,
- en permettant l’apprentissage de la langue et de l’instruction civique, ainsi que l’accès à la formation professionnelle, à tous les arrivants,
- en améliorant nos procédures pour que plus personne soit en situation de non-droit (ni expulsable, ni régularisable) ou doive attendre des années avant d’obtenir une réponse à sa demande,
- en renforçant les moyens des préfectures pour leur permettre d’instruire les demandes avec une information par l’administration aux demandeurs de l’ensemble des motifs qui pourraient fondeur la délivrance d’un Titre,
- en protégeant les mineurs de manière générale, et les mineurs isolés en particulier,
- en donnant la possibilité aux étudiants et apprentis étrangers de chercher leur premier emploi en France à la sortie de leurs études, contribuant ainsi à la richesse et au développement de notre pays,
- en durcissant les peines contre les passeurs et leurs réseaux, en augmentant pour cela les moyens de la police aux frontières,
- en défendant l’AME pour assurer l’accès aux soins de toutes et tous,
- en associant mieux les acteurs associatifs et les collectivités locales à la co-construction des politiques publiques d’accueil et d’inclusion,
- en luttant contre les causes profondes des migrations, notamment en tenant nos engagements sur l’aide au développement et la lutte contre le dérèglement climatique,
- en portant au niveau européen les sujets de la réforme du règlement de Dublin, de la mise en place des visas humanitaires européens en discussion au Parlement depuis de nombreuses années, de la création d’un statut de réfugié climatique, de l’harmonisation de la politique des visas et des Titres de séjour. »
Mots-clefs : ADES, immigration, voeu