
L’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, « l’Agence BIO » est un groupement d’intérêt public créé en 2001. Elle analyse la situation en 2023, avec un recul historique de 2% des surfaces converties en bio.
C’est une mauvaise nouvelle pour la filière alors qu’on est encore loin des objectifs assignés au niveau national. Le Code rural fixait une cible de 15% à atteindre en 2022. Et le plan stratégique national (déclinaison de la Politique agricole commune en France) prévoit, lui, d’atteindre les 18% en 2027. Mais dernièrement, dans le cadre de l’examen du projet de loi d’orientation agricole, les députés avaient fixé un nouveau cap (contre l’avis du gouvernement) : 21% de la surface agricole en bio au 1er janvier 2030 et 10% en légumineuses. Peine perdue puisque le texte a, pour le moment, fait les frais de la dissolution.
Voilà le résultat de la politique agricole de Macron. Il faut souhaiter que le Nouveau Front Populaire vienne aux affaires car ce n’est pas le Rassemblement national qui viendra au secours du bio.
Ci-dessous la présentation de la situation par les dirigeants de l’agence BIO, qui garde tout de même un peu d’optimisme.
« 2023 : année de stagnation pour le bio.
Dans un caddie qui a rétréci, inflation oblige, la part de dépenses en bio des Français est passée sous la barre des 6 %. Et 91 % du bio étant consommé à domicile, cela maintient le marché à 12,081 Mds €, enregistrant 5 millions d’euros de plus que l’an dernier, avec une inflation en bio 4 points en dessous de celle des produits alimentaires.
Le hors-domicile n’a pas pris le relais en 2023 pour autant, malgré les souhaits que les consommateurs avaient exprimés dans notre dernier Baromètre. Dans les plateaux de cantines, la part de bio recule à 6%, et au restaurant, elle se maintient à 1 %.
Or, la consommation bio dans les assiettes, c’est la locomotive du développement du bio dans les champs.
Conséquence : un recul de 54 000 hectares des surfaces converties en bio, soit une baisse de 2 %, qui passent à 10,4% de la surface agricole nationale. 2,8 millions d’hectares sont cultivés en bio en France.
Cependant, 5 raisons d’espérer :
Le bio est un incontestable vecteur d’attractivité vers le métier agricole, puisque 2 % de nouveaux producteurs (solde net) sont rentrés en bio en cette année d’incertitude, portant à 61 539 le nombre de fermes bio.
Potentiellement, 40 000 candidats à la reprise sur les 100 000 remplacements d’agricultrices et agriculteurs qui partiront à la retraite dans les 10 ans veulent être en bio.
60 % de ces nouveaux, d’emblée, pratiquent la vente directe. Bonne idée, car le succès de la vente directe ne se dément pas : elle croit de 9 % cette année, et pèse désormais 14 % du marché bio via 27 000 fermes bio qui la pratiquent.
Pas de flambée des sorties de bio à signaler. Elles restent aux alentours de 5% (le taux historique d’attrition a toujours été autour de 4 %), preuve que le choix du bio reste attractif dans la durée, et que celles et ceux qui se sont convertis résistent malgré les bruits parfois alarmistes des campagnes.
La souveraineté alimentaire reste une fierté bio : émancipée des engrais azotés et tourteaux importés, nourrissant en autonomie ses animaux avec 30 ou 70 % de ration locale selon le règlement, et fournissant 8 3% de la demande des Français en bio hors produits tropicaux.
Le bio redémarre dans la majorité des pays, des US au Royaume-Uni, de l’Espagne à l’Italie, de la Suisse à l’Allemagne.
C’est pourquoi #BIORÉFLEXE prépare une relance de campagne pour la fin d’année d’une ampleur inédite avec l’octroi de 8 millions d’euros du budget du Ministère de l’Agriculture aux actions de communication de l’Agence BIO. D’ici là, la bio occupe le terrain avec 650 000 € alloués aux régions pour s’approprier et déployer #BIORÉFLEXE, et le BioBus qui sillonne le pays pour aller au contact des citoyens/consommateurs…Les 18 millions d’euros du Fonds Avenir BIO seront mobilisés pour construire aujourd’hui les filières bio françaises de demain… »
Mots-clefs : agriculture, bio