La démission d’une fonction de vice-présidente à la Métro

Publié le 10 janvier 2025

Anne-Sophie Olmos a transmis à la préfète de l’Isère, sa démission de son poste de vice-présidente à la Métro, chargée du cycle de l’eau et présidente du conseil d’exploitation des régies eaux et assainissement, un des plus importants services publics métropolitains. Elle a animé le travail de ces services publics essentiels à la satisfaction générale.

Sa démission intervient à la suite de nombreux désaccords concernant la gouvernance interne à la majorité métropolitaine. Elle décrit, dans la lettre ci-dessous du 6 janvier 2025, ses difficultés dans le travail au sein de l’exécutif actuel de la Métro qui n’a rien de collectif, c’est le moins que l’on puisse dire.

Que cette démission serve à construire une nouvelle façon de fonctionner dans une réelle coopération intercommunale, un respect de la parole et du mandat de chacun.e  pour le prochain mandat.

« Mesdames et Messieurs les élu.es métropolitain.es,

C’est en pensant améliorer le quotidien comme le futur des Métropolitain.es que j’avais accepté de participer, malgré les conditions que nous connaissons, à l’exécutif de cette métropole.

L’exigence pour des conditions de vie dignes pour toutes et tous, dans un écosystème sain, la coopération inter-territoriale et la transparence de la vie publique, les solidarités villes-campagnes sont les motivations qui animent mon engagement d’élue. Si nous avons été plusieurs à mener la bataille pour éviter les dérives libérales de l’exécutif, et ce malgré des épisodes qui resteront pour moi un réel traumatisme humain*, à la veille du dernier budget du mandat force est de constater que certaines politiques publiques des plus importantes ont définitivement déraillé, tout comme l’objectif constitutif de « faire métropole ».

Le service public de transports en commun est en constante régression : diminution globale de l’offre malgré la hausse régulière et conséquente des tarifs, opposition de principe aux accompagnements communaux pour financer des aides pour les plus précaires ! Alors que le budget dédié aux déplacements arrive en seconde position des dépenses des ménages, la métropole abandonne ses ambitions en la matière.

Des disparités de traitement flagrantes entre communes sont ressorties du travail de la mission d’information sur les investissements métropolitains, notamment concernant les espaces publics, politique publique centrale dans la vie quotidienne des habitants. Aucune action corrective n’a pourtant été mise en place malgré les propositions concrètes faites sur la base de ce qui existe dans d’autres métropoles. Absence de priorités, disparition des rendus comptes publics annuels, dans ce mandat le vice président en charge semble décider seul, et la majorité silencieuse le laisse faire. Il est devenu impossible pour les communes de donner des informations fiables aux habitants et de travailler sereinement. Il est pourtant question du budget le plus conséquent de la métropole et s’il fallait le rappeler, issu des moyens communaux.

Faute de courage et de vision politique, tout empressés qu’ils sont à réaliser le budget Barnier, certains élus en charge au sein de cette métropole s’apprêtent à mener une coupe aveugle toutes politiques publiques confondues. Bien qu’une large majorité avait pour volonté d’augmenter les recettes du budget métropolitain, l’opposition de quelques membres d’un seul groupe politique a emporté la décision d’épargner les entreprises. Cela a pourtant des conséquences, celles d’abimer encore davantage le budget des ménages et des usagers, d’affaiblir le service public.

Et que dire du renoncement à réajuster le financement métropolitain pour la solidarité envers les communes (DSC) : certaines bénéficient d’un système inéquitable au détriment des populations qui en ont le plus besoin. Quelle honte, quelle perte de boussole sociale, quelle perte du sens de l’intérêt général.

Ainsi, à défaut d’animation hormis celle du refrain anti ville centre, la métropole aura progressivement fermé la porte aux ambitions collectives progressistes : moins de transparence, moins de social, moins de coopération et un vernis écolo qui craque souvent à la moindre demande de document. Les pouvoirs présidentiels se sont récemment renforcés au détriment de ceux des élus et de l’information du public. Aucun cap sociétal n’aura jamais été trouvé.

On ne compte que sur le bon vouloir d’individus et le silence de ceux qui ont trop à perdre pour leur commune.

Et finalement, à force d’abimer la démocratie, et ainsi privés de travaux collectifs, encouragés à taire nos désaccords, c’est la volonté de quelques-uns qui a fini par l’emporter. Sournoisement, la médiocratie s’est bien mise en marche, les portes des possibles et de l’espoir restent closes.

A délégitimer les communes, dénigrer les outils publics dirigés par la métropole, à abuser des rapports de force, ce déclin de gouvernance métropolitaine me fait honte. Refusant d’être démissionnaire de mes valeurs, je démissionne de mes fonctions de vice présidente.

Seul un projet commun porté par une équipe respectant les résultats électoraux et les communes, animée par une présidence légitime en phase avec les besoins des habitants pourra offrir une réelle ambition à même de faire face aux défis du territoire et de notre époque. J’appelle de mes vœux un travail parlementaire afin de remodeler les métropoles, pour stopper le recul démocratique dont ce jeune objet est l’œuvre. Un travail dans le respect des légitimités communales qui sont la base de notre République, mais également en rendant obligatoire, publique, équitable et évaluable chaque année la transparence des critères de distribution des moyens métropolitains envers les communes. La subjectivité, porte d’entrée à toutes les dérives, doit enfin laisser place à l’équité pour honorer l’intérêt général seul à même de faire tomber les frontières.

La paresse intellectuelle gagne notre monde. Les boucs émissaires exonèrent si facilement de se mettre au travail. Se risquer à un autre chemin, faire le pas de côté pour consacrer du temps au service du soin et de la coopération entre les vivants devient un défi immense plus que jamais nécessaire.

Merci à celles et ceux qui œuvrent au réel renforcement des services publics locaux : au sein de l’administration comme des satellites, les habitants engagés, les élus républicains qui résistent à la lassitude et aux apparats du contenant plutôt qu’à la sobriété du contenu. Merci aux membres du conseil d’exploitation pour le travail intense et inédit que nous avons mené ensemble. Et bien entendu merci à chaque cheville ouvrière si précieuse travaillant au soin du cycle de l’eau. Ma plus grande fierté aura été d’œuvrer à vos côtés.

Anne-Sophie Olmos

Conseillère municipale déléguée : communs et commande publique

Conseillère métropolitaine Grenoble Alpes


* A l’automne 2021, à la suite du conseil métropolitain concernant la 1ère décision modificative budgétaire du mandat, les membres de l’exécutif et coprésidents des groupes politiques de la majorité sont convoqués en réunion d’exécutif à huis clos (sans présence des membres de l’administration). Pour avoir porté le souhait d’une ligne budgétaire supplémentaire pour l’expérimentation de la gratuité des transports en commun et une aide pour les plus démunis, toutes deux refusées par le reste de la majorité, notre groupe a subi ce qui pourrait ressembler à un lynchage verbal pendant près de 3h. Un ultimatum nous a finalement été proposé, signer, sous 5 jours, un engagement écrit à voter tous les prochains éléments budgétaires. A cette époque, il n’existait encore pas de feuille de route actée par la majorité, aucun plan de mandat. 1 an plus tard, nouvel exécutif de majorité à huis clos. Cette fois-ci il portait sur les articles 40 concernant la voiture de la présidence. Même procédé que précédemment à ceci près qu’un élu en particulier devenait la cible des prises de paroles. »

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Un commentaire sur “La démission d’une fonction de vice-présidente à la Métro”

  1. […] à la démission d’Anne-Sophie Olmos de sa fonction de vice-présidente chargée du cycle de l’eau, son remplacement devrait être proposé au prochain conseil de métropole. Cette délégation fait […]