Etude d’une zone surexposée à la pollution atmosphérique à Grenoble

Publié le 13 mai 2016

AirRhoneAlpesAir Rhône-Alpes a mené une étude sur une zone urbaine surexposée à la pollution atmosphérique. Cette zone est située dans le quartier des Eaux Claires située le long de l’A480, du boulevard Joseph Vallier et le long de l’avenue Rhin et Danube. Cette étude rendue le 31 mars 2016 restitue l’ensemble des travaux engagés, en présentant des résultats de mesures (air et bruit) et de modélisation et propose des actions visant à limiter l’exposition des personnes. C’est une première approche qui devrait être complétée et suivie par d’autres études pour construire un outil au service de la remédiation des zones en surexposition.

Le mieux serait de diminuer la pollution à la source c’est à dire diminuer le trafic automobile sur l’A480 et donc arrêter le projet décidé par le gouvernement de faire réaliser sous concession par AREA, l’élargissement à 2 fois 3 voies de l’A480 au gabarit autoroutier.

Voici des extraits de l’étude d’Air Rhône Alpes :

« La zone étudiée se situe dans le quartier des Eaux-Claires à Grenoble, avec des logements entourés par une forte densité de trafic (bretelle d’autoroute A480, grands boulevards et grande avenue) et la présence d’un espace vert au centre de l’habitation principale. Les mesures de qualité de l’air et de bruit ont été réalisées en 2014, ciblées sur l’habitation principale de la zone, au sol et à différents étages, pendant 2 campagnes de 6 semaines. En complément des mesures, une modélisation numérique 3D à fine échelle a été effectuée sur la même période hivernale que celle des mesures, à l’aide du modèle lagrangien 3D IMPACT 3D, développé par Aria Technologies, et récemment acquis par Air Rhône-Alpes.

Les mesures obtenues ont permis principalement d’évaluer la situation de la qualité de l’air par rapport à la réglementation. La modélisation permet d’appréhender une description spatiale plus aboutie du secteur que ce que peuvent apporter des mesures seules ou les outils de diagnostic à grande échelle comme la cartographie régionale annuelle : Les niveaux de NO2 dépassent sur certaines zones la valeur limite annuelle. Les niveaux de particules fines respectent la valeur limite annuelle mais pas l’objectif de qualité en PM2.5. Trois dépassements journaliers en PM10 ont été constatés durant les campagnes de mesures, laissant supposer un faible risque de dépassement du seuil de 35 jours sur l’année 2014. La modélisation fine échelle sous-estime surtout les concentrations de NO2, mais reproduit bien les variations temporelles ainsi que le nombre de dépassements journaliers en particules fines. Elle met en évidence des zones d’accumulation de polluants et une décroissance des niveaux avec l’altitude, notamment à partir du 2ème étage de l’habitation principale. La cartographie modélisée révèle aussi l’influence d’émissions industrielles, située au sud de la zone d’étude, qui pourrait influer sensiblement sur les niveaux de concentrations.

Quant à l’exposition aux niveaux sonores, les niveaux des étages élevés semblent dépasser la réglementation européenne en vigueur, la présence d’une bute semblant agir comme un écran ne protégeant que les bas étages. En plus de mieux caractériser l’état de surexposition du quartier, cette étude a permis d’apporter des premières préconisations, notamment concernant l’une des habitations principales de la zone pour limiter l’exposition : Concernant l’exposition des personnes, les étages supérieurs et ceux situés du côté de l’espace vert semblant être moins exposés, en particulier au NO2. Les personnes sensibles au bruit seraient moins exposées dans les bas étages (et certainement dans l’espace vert sans toutefois avoir pu le mesurer). Concernant la conception du bâtiment, il serait préférable, si ce n’est pas le cas, que les entrées d’air frais dans le système de ventilation du bâtiment soient situées du côté de l’espace vert. »

Suite à cette étude, Air Rhône-Alpes propose des préconisations concernant les aménagements urbains : « Il n’y a à priori pas d’aménagement prévu sur la zone d’étude, cependant, il peut toujours être intéressant d’apporter des orientations qui pourraient être suivies d’actions si un aménagement devait être envisagé.

o Il est préférable de placer les pièces de vie côté espace vert. Même si une légère accumulation des polluants peut se produire selon la direction du vent, les niveaux y demeurent plus faibles.

o Les bas étages semblant plus exposées à la pollution atmosphérique (en particulier au NO2), ils pourraient faire office de locaux n’accueillant pas de personnes : stockage, garage….

o Les bâtiments ont peut-être un effet écran mais semblent également entrainer une accumulation de la pollution à leurs pieds, qui peut être complexe selon la forme et l’orientation du bâtiment par rapport à la direction du vent. Pour cette raison :

  • Il peut être intéressant de renforcer ou d’installer des obstacles naturels (butte, végétation…) entre l’axe routier le plus important et les habitations, ou de construire un bâtiment écran qui n’accueillera pas de résidents permanents.
  • En absence de bâtiment écran ou d’obstacle naturel, il est alors sans doute préférable de construire les habitations perpendiculairement à la source principale de pollution plutôt que parallèlement afin que la pollution puisse se disperser et non s’accumuler à certains endroits. Si ces bâtiments sont perpendiculaires à la direction du vent, une accumulation de la pollution pourra quand même se produire en façade mais qui devrait être moindre.
  • Une urbanisation plus morcelée peut pour les même raisons favoriser la dispersion et abaisser les niveaux de pollution. L’effet « rue canyon », favorisant l’accumulation des polluants, peut ainsi être évité.

o Il est bien sûr préférable de privilégier une urbanisation en retrait des voies de transport. »

Pour télécharger le rapport, cliquez ici.

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