
Une publication de l’Institut des politiques publiques (IPP), analyse la façon dont les Français sont répartis dans les villes et les quartiers. Ce travail financé notamment par la Fédération des entreprises sociales pour l’habitat (ESH), montre combien la ségrégation sociale, c’est-à-dire la séparation des habitants selon leur niveau de vie, reste très présente. Les chercheurs proposent un nouvel outil : l’IPS Logement (indicateur de position sociale pour le logement), une sorte de « score social » pour les habitants et les quartiers. L’IPS Logement est calculé en prenant les revenus d’activité du ménage et en les divisant par le nombre d’unités de consommation (UC). Rappel pour calculer le nombre d’UC du ménage : le premier adulte du ménage compte pour 1 UC, le deuxième pour 0,5 UC, et chaque enfant de moins de 14 ans pour 0,3 UC.
En 2022, l’IPS Logement moyen des ménages dans le parc social (13.555 euros) est près de deux fois inférieur à celui du parc privé (25.385 euros). Confirmant, s’il en était besoin, que le logement social accueille bien les ménages aux revenus les plus modestes, alors que deux tiers des ménages français pourraient y accéder.
L’IPP explique que plus d’un quart de la ségrégation des ménages en termes d’IPS s’explique par de la ségrégation entre communes au sein d’un même EPCI. Pour les ménages les plus précaires, la ségrégation entre communes d’un EPCI explique jusqu’à 30 % de la ségrégation totale. Ceci devrait nous faire réfléchir à la politique de notre métropole concernant la politique du logement et comment mieux faire évoluer la solidarité entre communes dans le prochain mandat. Un des leviers prévus par la loi est la Dotation de Solidarité Communautaire qu’il faudrait faire évoluer comme cela avait été proposé en 2022 puis malheureusement abandonné.
Pour renforcer la mixité et réduire les inégalités territoriales, il faut agir sur deux fronts : d’une part, une meilleure répartition géographique des logements sociaux sur tout le territoire, et d’autre part, une plus grande mixité au sein du parc social lui-même, notamment entre les communes d’une même agglomération
Voici la présentation de ce travail par l’IPP :
« Ce rapport analyse la mixité sociale résidentielle en France métropolitaine à partir d’un indicateur synthétique, l’IPS logement, mesurant la position sociale des ménages selon leurs revenus et leur composition. La question du droit au logement, qui est une autre question cruciale, n’est donc pas traitée ici. La présente étude met en évidence une ségrégation sociale persistante entre les parcs social et privé, mais aussi au sein de ces derniers, notamment entre communes d’un même territoire intercommunal (EPCI). Le logement social, bien que plus homogène et moins ségrégé pour les ménages les plus modestes, reste concentré dans certains quartiers ou communes, en particulier dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Si la ségrégation a diminué dans le parc social entre 2016 et 2022, elle demeure forte entre territoires. Le rapport souligne la nécessité d’une meilleure répartition géographique des logements sociaux et des ménages de différents profils sociaux pour renforcer la mixité et réduire les inégalités territoriales.
Résultats clés :
- Construction d’un Indicateur de Position Social (IPS) pour le logement : il est défini comme la somme des revenus liés à l’activité économique de tous les individus du ménage, rapportée au nombre d’unités de consommation du ménage.
- La ségrégation sociale globale des ménages entre quartiers, mesurée à partir de leur IPS, est assez stable dans le temps. En 2022, 16,6 % de la variation de l’IPS des ménages de notre échantillon s’explique par leur quartier de résidence, contre 16,5 % en 2016.
- La ségrégation sociale entre quartiers au sein du seul parc social est légèrement plus faible, et a diminué de 18,8 % entre 2016 et 2022, passant de 16,5 % à 13,1 %.
- Plus d’un quart de la ségrégation des ménages en termes d’IPS s’explique par de la ségrégation entre communes au sein d’une même communauté de communes (EPCI). Pour les ménages les plus précaires, la ségrégation entre communes d’un EPCI explique jusqu’à 30 % de la ségrégation totale.
- La répartition géographique des logements sociaux sur le territoire est de plus en plus homogène au cours du temps, mais le niveau de ségrégation du logement social sur le territoire reste élevé, avec des différences importantes entre communes au sein des mêmes EPCI.
- Au niveau local, la ségrégation sociale des ménages au sein du parc social reste élevée entre territoires, mais elle est moins prononcée qu’au sein du parc privé.