
La Cour des comptes rend un rapport sur le parc électronucléaire en France. On y trouve de très nombreuses informations notamment sur les difficultés d’EDF à propos du contrôle qualité. EDF a mis en chantier une révision de sa politique d’achat, afin de mieux mettre l’accent sur la qualité d’exécution, et non sur les seuls aspects ou critères financiers. Mais indique la Cour : « Cette démarche reste toutefois trop récente pour que tous ses effets puissent être mesurés. En outre, l’ensemble de ces réformes doit tenir compte des découvertes, récurrentes depuis 2015, de fraudes et de falsifications documentaires concernant la fourniture d’équipements et de composants. La révision tardive du dispositif de surveillance, renouvelée en 2024 à la suite de l’intervention de l’ASNR, et la lente mise en œuvre de mesures de prévention du contournement du système d’assurance-qualité d’EDF ne permettent pas de considérer que ce risque est totalement maîtrisé à ce jour. »
Autre remarque quelque peu assassine concernant le lancement précipité des 6 EPR2 décidé par Macron, la Cour compare le coût des 6 EPR2 à celui de la prolongation de la durée de vie des centrales existantes de 50 et même 60 ans. « En tout état de cause, la poursuite de l’exploitation du parc nucléaire jusqu’à 50 ans, puis 60 ans, devrait s’avérer rentable pour EDF, avec des taux de rendement interne élevés, sous réserve que les prévisions de production soient effectivement atteintes et que les prix de vente de l’électricité ne soient pas dégradés. Le coût de prolongation actualisé du parc existant, de 40 à 60 ans, estimé à 51 €2023 par MWh, apparaît par ailleurs très compétitif par rapport à la construction de nouvelles capacités de production. » En janvier 2025, la Cour estimait que le coût de production du programme des six nouveaux réacteurs s’élève à 79,90 euros/MWh (aux conditions 2020). L’écart est gigantesque.
« Le programme START 2025 vise à remédier aux difficultés de maîtrise des arrêts de tranche en en faisant une priorité opérationnelle unique. Il constitue une rupture avec les plans de remédiation antérieurs, notamment parce ce qu’il laisse des marges de manœuvre accrues aux responsables des sites de production et met en valeur les métiers et les gestes techniques.
Ses premiers résultats sont notables. Cependant, retardé dans sa mise en œuvre par les crises du Covid-19 et de la corrosion sous contrainte, nombre de ses actions sont encore en cours de déploiement et plusieurs de ses objectifs, y compris les plus importants, sont encore loin d’être atteints. Ce programme doit donc être poursuivi au-delà de 2025, son terme initial.
Dans le même temps, EDF a lancé une refonte des modes de relations avec ses fournisseurs, cruciale dans la mesure où les activités de maintenance sont principalement sous- traitées. Des actions visant à renforcer les ressources et compétences ont ainsi été engagées en coopération avec l’ensemble de la filière nucléaire.
Par ailleurs, EDF a initié, depuis 2020, un mouvement de ré-internalisation de certaines activités et compétences qu’il juge stratégiques. Une clarification de celles dont la maîtrise est jugée critique serait néanmoins utile, de même qu’une mise en cohérence des initiatives engagées tant par les services centraux d’EDF que par les sites de production.
EDF a également mis en chantier une révision de sa politique d’achat, afin de mieux mettre l’accent sur la qualité d’exécution, et non sur les seuls aspects ou critères financiers.
Cette démarche reste toutefois trop récente pour que tous ses effets puissent être mesurés. En outre, l’ensemble de ces réformes doit tenir compte des découvertes, récurrentes depuis 2015, de fraudes et de falsifications documentaires concernant la fourniture d’équipements et de composants. La révision tardive du dispositif de surveillance, renouvelée en 2024 à la suite de l’intervention de l’ASNR, et la lente mise en œuvre de mesures de prévention du contournement du système d’assurance-qualité d’EDF ne permettent pas de considérer que ce risque est totalement maîtrisé à ce jour.
Enfin, sur le plan financier, la seconde phase du « Grand carénage » prévoit un total de 33 Md€2022 de dépenses d’investissement pour le parc en exploitation entre 2022 et 2028, et autant entre 2029 et 2035 (34,3 Md€2022 ont été réalisés de 2014 à 2021). De 2014 à 2035, le programme de « Grand carénage » représenterait ainsi un total de 100,8 Md€2022, et même 131,9 Md€2022 en intégrant les charges d’exploitation de maintenance complémentaires.
Compte tenu de l’importance de ce programme industriel, son suivi financier doit être amélioré. La situation actuelle ne permet pas en effet de s’assurer de la maîtrise des coûts et délais des principaux projets qui le composent. En tout état de cause, la poursuite de l’exploitation du parc nucléaire jusqu’à 50 ans, puis 60 ans, devrait s’avérer rentable pour EDF, avec des taux de rendement interne élevés, sous réserve que les prévisions de production soient effectivement atteintes et que les prix de vente de l’électricité ne soient pas dégradés. Le coût de prolongation actualisé du parc existant, de 40 à 60 ans, estimé à 51 €2023 par MWh, apparaît par ailleurs très compétitif par rapport à la construction de nouvelles capacités de production.
À condition que la disponibilité effective du parc nucléaire s’établisse au niveau attendu, la prolongation du parc apparait donc, en termes économiques, une option avantageuse pour le système de production électrique français… »
Mots-clefs : comptes, nucléaire, risques majeurs
