Déplacements, le lobby automobile refait surface !

Publié le 25 novembre 2011

Des associations de chefs d’entreprises viennent de lancer avec de gros moyens une campagne sur le thème : « Déplacements il est temps d’agir ! ».

Un supplément au Dauphiné libéré du 23 novembre décline sur 8 pages leurs 10 propositions. Le décor est planté en introduction : «  Aujourd’hui notre efficacité est largement handicapée par un manque dramatique de fluidité des déplacements qui nous pousse à renoncer à des marchés, qui surenchérit nos coûts, stresse nos salariés, éloigne nos clients et partenaires… La situation ne cesse de se dégrader, sans qu’aucun projet réaliste ne vienne éclairer l’avenir : la situation est donc très grave. »

Ce discours est le même depuis des dizaines d’années à la veille de prises de décisions publiques sur l’organisation des déplacements. Ici c’est le futur SCOT (schéma de cohérence territoriale) qui est visé : « Nous n’avons pas vocation à réagir à l’ensemble des volets du SCOT. Cependant nous affirmons que celui-ci minore les impacts économiques et sociaux de la congestion et qu’en matière d’infrastructures de déplacements, les préconisations ne sont pas à la hauteur des problèmes et des enjeux ».

Evidemment les deux premières propositions réclament la mise à 2 fois 3 voies de l’A480 et de la rocade sud et si l’élargissement de la rocade sud n’est pas réalisable alors il faut relancer le contournement de l’agglomération par le nord avec un péage. Les 8 autres propositions sont très classiques et reprennent ce qui était proposé dans les défunts PDU (Plan de déplacements Urbains) ou repris dans les discussions du projet de SCOT ou du prochain PDU : régulation des vitesses sur les voies urbaines, développement du fer et des transports en commun, le câble, la limitation des déplacements, changements dans l’organisation du travail…

Il est tout de même navrant de voir des gens (responsables d’entreprises, qui devraient avoir les pieds sur terre !) continuer à s’enfoncer dans des erreurs profondes de diagnostic sur les déplacements automobiles dans l’agglomération.

La grande question n’est pas celle du contournement de l’agglomération mais celle des accès. Encore une fois il y a peu de trafic qui traverse l’agglomération, par contre à cause du développement du périurbain et la concentration des emplois dans l’agglomération les accès sont de plus en plus difficiles. Ces chefs d’entreprises font les mêmes erreurs que les responsables politiques à propos de la rocade nord. Pourtant le scénario vertueux est décrit par le CETE (centre d’études techniques de l’équipement) de Lyon dans son rapport au conseil général de janvier 2011 (en ligne ici) : « Il est à noter, d’une manière générale et théorique, qu’une diminution généralisée de 10% de la demande VP sur l’agglomération résoudrait globalement l’ensemble des problèmes de circulation de l’agglomération avec une baisse de 20% des temps passés sur le réseau. On remarquerait de plus un meilleur respect de la hiérarchisation de la voirie avec un transfert des trafics du réseau local vers le réseau d’agglomération. Les avantages en termes de qualité urbaine et de pollution seraient notables. Globalement les avantages liés à une diminution de la demande sont beaucoup plus importants que ceux dus à une augmentation de l’offre. »

Conclusion, pas de nouvelles infrastructures routières lourdes et en priorité il faut transférer environ 10 % du trafic automobile aux accès de l’agglomération sur des transports en commun, principalement sur le ferroviaire avec de véritables RER de la région urbaine dans les trois vallées de l’Y Grenoblois.

Donc pas de fausses solutions comme l’élargissement de l’A480, de la rocade sud, ou une nouvelle rocade nord ; et surtout un bon conseil : ne pas signer cette pétition.

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