« Manger malin » continue… comment donner 1 euro pour en gagner 10, 20…

Publié le 4 mai 2012

Rectificatif le 7/5/12 : contrairement à ce que nous écrivions dans une première version de cet article, Martin Hirsch n’était pas à la Fondation Abbé Pierre mais président d’Emmaüs France, nous avons corrigé en conséquence

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Cette histoire pourrait être drôle, si elle n’était grotesque. Rappelons le contexte :  » Manger malin  » est un projet initié par le Vice président du CCAS, qui a recruté une salariée issue du cabinet de Martin Hirsch (ex. du gouvernement Fillon aux Solidarités Actives). Le profil de poste de cette contractuelle de la fonction publique était d’aller chercher des aides financières pour le CCAS, en dehors des financeurs habituels que sont aujourd’hui la Ville, le Conseil général et l’Etat pour l’essentiel. Elle devait entre autres débusquer tous les fonds européens qui pouvaient apporter des aides aux programmes sociaux initiés par le CCAS.

Au lieu de l’Europe, cette chargée de mission très spéciale trouve des idées et des fonds auprès d’un groupe international de l’alimentaire du CAC 40 pour mettre en place le désormais célèbre programme « manger malin ». Ce programme consiste à fournir du lait en poudre et des petits pots commercialisés par ce même grand groupe.

Les personnels de protection maternelle et infantile du conseil général ont également été sollicités pour désigner les familles potentiellement bénéficiaires des chèques alimentaires.

Mais ni les personnels CCAS du secteur enfance ou des territoires concernés, pas plus que les personnels du conseil général ne sont enthousiasmés par cette opération « marketing charitable. »

Alors pour les convaincre, rien de mieux qu’une grande réunion avec Martin Hirsch en personne. Il est vrai que ce grand agitateur d’idées tous azimuts, est passé d’Emmaüs France au gouvernement Sarkozy, pour finir par appeler à voter François Hollande en avril 2012. En fait ce brillant esprit semble considérer que la méthode importe peu, tant que l’essentiel consistant à remplir les estomacs des enfants de pauvres est préservé.

N’y a-t-il pas dans ce « manger malin », une belle opération de « pub » pour une multinationale qui se donne bonne conscience à bas coût, en aidant, ou plutôt en conditionnant les familles désignées comme pauvres, à ingurgiter toute la gamme de ses produits, pas seulement pour un an, mais pour bien plus longtemps. Finalement ne serait-ce pas une belle opération, « donner 1 euro qui pourrait en rapporter 10, 20 et plus… » au grand groupe industriel sur le long terme.

Attrape-tout, le vice président du CCAS s’agite de façon très contradictoire au gré des modes. Ainsi d’un côté, le CCAS facilite l’acquisition de paniers solidaires avec des compositions de légumes et de fruits variés, et incitent les familles à participer aux cours de cuisine qui ont un grand succès. De l’autre, les mêmes publics se voient offrir du lait et des petits pots de nourriture. A quand l’accès aux plats tout prêts de la même marque, pour les plus de 18 mois jusqu’au grand âge ?

Il est bon de rappeler en ces temps d’élection et de choix de société, qu’en 1945 le Conseil national de la Résistance a voté des lois de protection de l’enfance, qui devaient permettre d’apporter la solidarité de la Nation à tous les enfants qui vivent sur son sol. C’est donc par le système de redistribution des allocations familiales ou d’autres aides financières de solidarité, que chaque famille peut accéder à la nourriture en quantité et en qualité suffisante, tout en préservant sa dignité.

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