La fac, la ministre et le PPP (Pour le Profit au Privé)

Publié le 26 octobre 2012

Née officiellement en 1992, la Private Financial Initiative est apparue en Grande Bretagne au milieu des années 1980 sous l’ère Thatcher et s’est poursuivi durant le gouvernement « travailliste » de T. Blair, avec les conséquences que l’on connaît notamment sur les transports et la santé des britanniques. Conservateurs et travaillistes, même combat !

On pouvait penser que les pays européens auraient su tirer les enseignements salutaires de cette mise à mal des services publics anglais. Et en effet, certains l’ont fait mais pas forcément comme on pouvait l’espérer. C’est le cas de la France qui par ordonnance du 17 juin 2004, crée le clone de la Private Financial Initiative avec le Partenariat Public Privé. De quoi s’agit-il ? Une collectivité, l’Etat ou un établissement public, souhaite réaliser un équipement ? Un prestataire privé (type Eiffage, Bouygues, Vinci…) finance les investissements et en contrepartie les usagers ou les contribuables, en assurent le paiement sur une longue, voire très longue durée (20, 30, 40 ans…). Les mêmes causes produisant les mêmes effets, depuis 2004 on a pu mesurer les résultats de cette belle formule magique : lignes à grande vitesse, prisons, centres hospitaliers tel celui de Corbeil Essonne… Au delà des difficultés d’exploitation constatées, qui contraignent la collectivité à ne faire appel qu’au constructeur-exploitant en cas de dysfonctionnements, les loyers versées par le public aux grands groupes privés reviennent à payer au final deux à trois fois le coût de l’équipement.

C’est sûrement cette raison qui conduit notre Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche que l’on voit très très souvent dans la région (à croire que le ministère est à Grenoble) à vanter ce genre d’opération.

Venue récemment inaugurer des bâtiments universitaires, G.Fioraso s’est, selon le Dauphiné Libéré, félicitée que dans le cadre du plan campus Grenoble ait été la seule université à bénéficier d’un Partenariat Public Privé. Un vrai bonheur ! En fait, Grenoble n’est que la première, puisque les financements du Plan Campus, attribués sous Sarkozy-Pécresse, obligent les universités à faire du PPP. G. Fioraso a elle négligé de remettre en cause cette politique droitière, en affirmant qu’elle ne s’arrêterait pas en si bon chemin, comptant bien engager à l’avenir de nouveaux chantiers de partenariat public-privé dans son domaine de compétence, l’enseignement Supérieur et la Recherche. Par contre, avec son sens habituel de la nuance, elle a dit combien c’était compliqué avant, et donc tellement mieux aujourd’hui : « Les procédures étaient trop longues. Il fallait les simplifier. ». Comme quoi le principe est bon, c’est la mise en œuvre du Gouvernement précédent qui laissait à désirer !

Voilà donc une étrange perception de la réalité et de la gestion des services publics qui est au fond assez similaire (pas de quoi s’étonner) à celle de ses collègues de la majorité municipale. Ces derniers ne viennent-ils pas de reconduire dans la précipitation la convention avec GEG (Gaz Electricité de Grenoble), alors qu’elle n’arrivait à terme qu’en 2016 : quel intérêt pour les usagers ? Le même que dans les PPP , c’est à dire aucun.

Alors vite un nouveau PPP : Pour une vraie Politique de service Public.

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