Quel devenir pour l’Abbaye ?

Publié le 12 juin 2015

ActisSuite à un article paru dans le Dauphiné Libéré du 3 juin, où des habitants exprimaient leur ras le bol de vivre dans les appartements dégradés à l’Abbaye, ras le bol réaffirmé lors de la réunion publique du 8 juin, un acteur du quartier nous a transmis ses réflexions sur la nécessité d’une opération de démolition-reconstruction, comme cela a été fait avec succès à Jean Macé il y a quelques années par ACTIS. Cette opération démarrera prochainement mettant un terme à des années de non décision, à condition que l’accord de l’Etat arrive rapidement.

« Depuis maintenant près de 6 ans se pose la question du devenir de la cité de l’ABBAYE à Grenoble.

Cette cité construite en 1929, compte 242 logements  en presque totalité des logements de type 2 et 3. Si sur le plan architectural l’Abbaye supporte sans difficulté la comparaison avec ce qui s’est construit par la suite , voir ce qui se construit aujourd’hui , le  niveau de confort des logements  sur les plans thermiques, phoniques, taille des logements , disposition des pièces, accessibilité  date des débuts du siècle dernier.

Les locataires, s’ils manifestent leur attachement à ce quartier ne manque pas de rappeler les défauts des logements.

Au travers de cette cité emblématique, c’est un peu  l’histoire du logement social à Grenoble qui nous est montrée. Elle est le témoin d’une politique volontariste de la ville de Grenoble en faveur du logement social.

En 2011, Actis, le bailleur de la ville de Grenoble qui avait  constaté des fissures et mis en place un suivi et une analyse  de ces désordres décide  d’arrêter de relouer les logements qui se libèrent  et de s’engager dans une opération de démolition reconstruction.

Les locataires sont informés au travers de plusieurs réunions publiques.

Aujourd’hui, plus de 80 logements sont inoccupés.

Depuis le dossier a trainé, essentiellement parce qu’il était bloqué au niveau des services de l’Etat qui aurait préféré  une réhabilitation de ces immeubles.

Une réhabilitation lourde de la cité pour améliorer les performances thermiques, phoniques  couterait plus cher que de construire du neuf sans toutefois obtenir des résultats satisfaisants (performance thermique inférieure à du neuf, pas  d’ascenseur, faible isolation phonique et…).

Aujourd’hui, un an après l’arrivée de la nouvelle équipe municipale, alors que la situation semble vouloir se débloquer du côté des services de l’Etat, on s’interroge à nouveau à la ville sur le bien fondé d’une opération de démolition-reconstruction.

Pourtant, la Ville et Actis pourrait à cette occasion réaliser une opération exemplaire de démolition-reconstruction.

Souvent quand on démolit des logements sociaux, les habitants ont le sentiment que cette démolition se fait contre eux, que c’est leur quartier et son histoire que l’on veut voir disparaitre.

A l’Abbaye c’est exactement l’inverse que nous pourrions mettre en œuvre : concevoir avec les habitants un nouveau quartier où l’on pourrait retrouver les traces et l’histoire de l’ancien quartier et où les locataires actuels auraient pleinement leur place.

A cette occasion, en des temps où le vivre ensemble est malmené, nous pourrions adosser à ce projet urbain, un projet culturel et/ou artistique avec les habitants de l’Abbaye  rendant hommage aux différentes populations qui ont habité et aimé ce quartier.

Nous pourrions reconstruire un quartier moderne, mixte s’inspirant du passé sans forcément l’imiter proposant des logements aux normes de confort d’aujourd’hui.

Une opération de démolition reconstruction de ce type a été menée entre 2002 et 2012 à Grenoble sur le quartier Jean Macé. Tous les habitants qui avaient souhaité rester ont pu le faire grâce à un dispositif « tiroir » permettant d’abord de démolir un immeuble, puis construire, puis reloger, démolir  un second immeuble etc. A l’Abbaye il est possible de s’inspirer de ce qui a été fait à Jean Macé.

Aujourd’hui la question n’est pas de s’engager vers une réhabilitation de bric et de broc qui au mieux repoussera l’obsolescence de ce quartier de quelques années mais d’avoir l’ambition de ceux qui en 1929 construisaient fièrement des quartiers d’habitat social le regard tourné vers l’avenir. »

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