Conseil municipal du 10 juillet : A480 et bibliothèques

Publié le 13 juillet 2017

Le conseil municipal extraordinaire du 10 juillet comportait à l’origine un seul point à l’ordre du jour, l’avis de la ville sur le dossier d’enquête publique concernant l’élargissement de l’A480. S’est rajouté ensuite un point d’information sur les bibliothèques.

Sur l’A480, le maire avait invité les porteurs du projet (AREA pour A480 et les représentants de l’Etat pour le Rondeau) à présenter les grandes lignes des travaux prévus (ce que n’avaient pas fait la Métro et le département). Des précisions intéressantes ont été apportées mais qui ne répondaient pas toutes aux interrogations et aux demandes argumentées de la majorité municipale. Sur l’aménagement du Rondeau, tout le monde s’accordait à reconnaitre que sous la maîtrise d’ouvrage de l’Etat le projet était positif. Par contre sur le projet d’élargissement de l’A480 une question restait : va-t-on oui ou non basculer de la logique autoroutière à celle du vrai boulevard urbain ?

Comme AREA a la concession de l’A48 et de l’A51, il est naturel qu’elle pousse à maintenir une vraie autoroute (même limitée à 90 km/h) dans la portion qui réunit ces deux autoroutes et elle a tout intérêt à ce que le nombre de voitures augmente aux deux péages et donc que la fluidification du trafic sur l’A 480 attire plus de voitures pour le trafic d’échange et de transit Et comme à très long terme le projet de poursuite de l’A51 vers Gap ou Sisteron pourrait être relancé, il est essentiel de bloquer une continuité autoroutière par l’A480 si on veut que Grenoble survive à une telle situation catastrophique.

D’où les exigences répétées de la majorité municipale d’aller vers un boulevard urbain à 70 km/h dès la conception de la géométrie des voies et celles des échangeurs et de renforcer le verrou nord en refusant que le pont sur l’Isère soit élargi à 2 fois 3 voies, car le petit verrou proposé n’est pas suffisant. D’autant plus que l’AREA a obtenu dans les annexes au décret d’août 2015 que l’élargissement à 2 fois 3 voies ne prévoit pas de verrou au nord (contrairement à ce qu’a dit la représentante de l’AREA) : « Dans le sens nord sud, la 3ème voie est créée après la bifurcation de la RN481 et se termine en sortie affectée à l’échangeur du Rondeau ». Autre exigence forte c’est le refus de voir l’échangeur de Catane se rapprocher de l’école Vallier, alors que dans le décret, l’AREA ne changeait pas cet échangeur et diminuait l’emprise de la voirie pour passer sous le pont de Catane comme actuellement. Le passage à 70 km/h dès la conception permet cela facilement.

La majorité a insisté sur la prise en compte de tout le protocole d’intention de novembre 2016 et donc d’intégrer dans l’étude d’impact les conséquences du choix d’une fixation dès la conception du projet d’une limite de vitesse à 70 km/h.

On voit que les exigences du maire de Grenoble n’agacent pas tout le monde comme l’a titré maladroitement (pour ne pas dire plus) le Dauphiné Libéré du 8 juillet 2017 ; au contraire le maire défend les intérêts bien compris des habitants de la ville notamment des riverains de l’A480. Loin de nous l’idée de mettre la liberté de la presse en question, mais il nous semble important que la presse fasse des efforts de qualité et ne se laisse pas aller à des facilités douteuses.

Le conseil a adopté les réserves proposées par la majorité pour poursuivre les négociations avec l’AREA et l’Etat.

En ce qui concerne les bibliothèques, le débat sur l’information où en est le dossier a viré à un happening où les postures les plus politiciennes ont électrisé la discussion. Pourtant le sujet était sérieux et intéressant car il pose des questions de fond.

1er point : tout le monde est d’accord pour reconnaître que le dispositif d’interpellation du Conseil municipal par une pétition dépassant les 2000 signatures fonctionnait et était très positif (rappel l’ancienne majorité avait fixé le seuil à 8000 signatures ce qui était très difficilement atteignable). Donc un bon point pour la majorité.

2ème point, par contre les oppositions remettaient en cause le dispositif de votation citoyenne en estimant que le niveau de 20 000 votes positifs était inatteignable et qu’il fallait revoir cette organisation. Rappelons que le dispositif prévoit que, pour pouvoir modifier une décision de la majorité municipale, il est nécessaire de dépasser le nombre de votes qu’elle a obtenu aux élections municipales, ce qui est logique politiquement. Toutes les oppositions contestaient une telle votation mais voulaient tout de même la voir mise en place dans le cas présent. Comprenne qui pourra !

3ème point : qu’est ce qui se passe, si entre le moment où il y a le dépôt de la pétition ayant obtenu au moins 2000 signatures, il y a négociation avec les porteurs de la pétition et que cette négociation change la position de la majorité municipale ? Bonne et intéressante question, puisqu’alors le contenu de la pétition n’est plus adapté à la nouvelle position municipale. S’il y a un changement important, il faudrait, pour contester cette nouvelle position, lancer une nouvelle pétition mettant en cause la nouvelle proposition.

Cette situation n’avait pas été prévue et il a fallu que le maire tranche : il a préféré mettre en place au prochain Conseil de septembre la nouvelle organisation de la lecture publique issue de la négociation menée pendant 7 semaines avec les représentants du collectif porteur de la pétition, plutôt que d’organiser une votation qui avait perdu de son sens premier car elle consistait à nier ces évolutions en revenant à l’exigence de ne rien toucher aux bibliothèques. Sur quoi auraient dû se prononcer les Grenoblois ? La nouvelle organisation ou le retour au point de départ du plan de sauvegarde. Le maire a eu raison de clarifier la situation s’il voulait sauver, pour l’avenir, la votation et peu importe les cris d’orfraie surjoués par certains élus des oppositions. Voir ici les engagements pris par la mairie sur les bibliothèques suite aux négociations.

4ème point, d’autant plus que le collectif a brusquement changé de position, les représentants impliqués dans le dialogue avec la mairie ayant démissionné quelques jours avant le conseil (c’est par un mail du nouveau collectif que tous les élus ont reçu samedi 8 juillet vers minuit, que la mairie a été informée) car mis en minorité dans leur volonté d’acter les progrès liés à la session de dialogue continu depuis le 22 mai. Le collectif voulait maintenant une votation mais à ses conditions à lui, qui consistait à organiser une élection municipale bis où la mairie payerait le matériel électoral de ses opposants ! Proposition évidemment inacceptable (financièrement et politiquement) et donc faite pour qu’elle soit refusée et ainsi pouvoir dénoncer les méchants qui ne veulent pas laisser s’exprimer les gentils. Tout cela n’est politiquement pas sérieux et cherche seulement à faire perdurer la contestation pour la contestation. A travers ces péripéties, on voit apparaitre des activistes allant de la droite à l’extrême gauche, qui ne s’intéressent pas aux causes des situations (ici l’austérité gouvernementale imposée) et veulent bloquer toute transformation de la ville en surfant sur les mécontentements d’où qu’ils viennent.

5ème point : autre point important lié à ces questions de remise en cause d’une décision municipale ; pour que la votation soit valable elle doit proposer une solution qui soit financièrement viable. Si elle propose d’augmenter les dépenses alors elle doit dire comment elle équilibre le budget soit par des recettes nouvelles soit par des économies supplémentaires (c’est la loi qui l’impose). Le collectif n’a pas fait ce travail, il était donc exclu de pouvoir proposer la pétition en l’état, à la votation sans dire comment financer la proposition de revenir à la situation antérieure.

 

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