La cérémonie du 11 novembre à Grenoble entachée d’indignité par le dépôt d’une gerbe par l’extrême droite !

Publié le 16 novembre 2018

Pour la première fois l’extrême droite aura été autorisée à déposer une gerbe lors de la cérémonie du 11 novembre à Grenoble et ceci grâce à l’autorisation du préfet suite à la demande des parlementaires « En Marche », ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Lors de cette cérémonie c’est à l’Etat de déposer une gerbe. Or les parlementaires ne représentent pas l’Etat ; mais la volonté de certains députés de vouloir absolument se montrer les a poussés à faire pression sur le préfet pour qu’il les autorise à faire ce dépôt. Du coup la députée européenne d’extrême droite s’est engouffrée dans la brèche.

Le maire de Grenoble a vivement critiqué cet acte : « Au moment où le président de la République dérapait lourdement en saluant les qualités militaires de Philippe Pétain, pourtant frappé d’indignité nationale, les députés de la république en marche des circonscriptions de Grenoble faisaient pression avec insistance sur la préfecture de l’Isère afin qu’elle leur octroie le privilège, inédit à Grenoble, de déposer des gerbes lors des commémorations nationales du centenaire de l’Armistice. Cette torsion du protocole républicain a pour odieuse conséquence de faire sauter un garde-fou : pour la première fois à Grenoble, l’extrême-droite sera mise à l’honneur lors des cérémonies en déposant elle aussi une gerbe. »

Il faut se souvenir que le 11 novembre à Grenoble n’est pas uniquement une commémoration de l’armistice de 1918, mais aussi un symbole qui a servi contre l’oppression nazie et vichyste. Dans le décret du 4 mai 1944 signé par le Général de Gaulle, qui fait la ville de Grenoble « Compagnon de la libération », se trouve la citation qui fait expressément référence au 11 novembre 1943 :

« Ville héroïque à la pointe de la résistance française et du combat pour la libération. Dressée dans sa fierté, livre à l’Allemand, malgré ses deuils et ses souffrances, malgré l’arrestation et le massacre des meilleurs de ses fils, une lutte acharnée de tous les instants. Bravant les interdictions formulées par l’envahisseur et ses complices, a manifesté le 11 novembre 1943, sa certitude de la victoire et sa volonté d’y prendre part. Le 14 novembre et le 2 décembre 1943, a répondu aux représailles et à l’exécution des chefs des mouvements de la résistance, par la destruction de la poudrière, de la caserne, de transformateurs et d’usines utilisés par l’ennemi. A bien mérité de la Patrie. »

Lors de la commémoration du 11 novembre 1943, la population est appelée à manifester au monument aux morts de la Porte de France. Repoussés par la police, plus de 2000 manifestants se rendent alors au monument du parc Paul-Mistral. A peine le temps de déposer un bouquet qu’ils sont encerclés par les forces allemandes et 600 d’entre eux sont arrêtés parmi lesquels 369 sont déportés. Seuls 102 survivront.

C’est ainsi que l’histoire de la lutte contre le nazisme et le régime de Vichy à Grenoble est irrémédiablement rattachée à la manifestation du 11 novembre 1943 qui a pris pour symbole d’attachement à la patrie la commémoration de l’armistice de 1918. Accepter que l’extrême droite puisse déposer une gerbe lors d’une manifestation républicaine le 11 novembre en ce lieu est inadmissible et ceci n’aurait jamais dû être autorisé.

La prise de position ferme du maire de Grenoble a été soutenue par des associations et partis politiques, par les élus du Rassemblement Citoyen de la Gauche et des Ecologistes de la ville, soutenus par comité de Grenoble du Parti de Gauche qui souligne « leur courage politique et leur esprit de résistance dans un contexte où nos valeurs humanistes sont bafouées ! Nous ne sommes pas dupes des tentatives de communication incessantes et indécentes mises en œuvre par les députés LREM qui entrainent dans leur sillage inconséquent la mise en scène dangereuse de l’extrême droite… Les députés LREM montrent quant à eux une fois de plus leur avidité à occuper le terrain médiatique à n’importe quel prix dans une optique de campagne électorale future. La casse effroyable de tous nos acquis sociaux (service public, éducation, santé, retraites, etc…) va de pair avec la casse de nos valeurs humanistes et fraternelles et de nos projets de progrès social, valeurs défendues par le Parti de Gauche et par la municipalité de Grenoble. »

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