Le collectif Solidarité Roms interpelle les éluEs de La Métro

Publié le 30 septembre 2010

Le collectif Solidarité Roms est intervenu vendredi 24 septembre à la Métro et a remis aux élus un texte les interpellant sur les situations inadmissibles faites aux Roms, qui se termine par les demandes suivantes :

“Nous attendons de l’assemblée qu’elle traite aujourd’hui de ces points :

  • État des lieux de la situation des Roms dans l’agglomération.
  • Positionnement politique de l’assemblée face à la politique xénophobe de stigmatisation des Roms et au cortège répressif qu’elle met en œuvre.
  • Mise en œuvre immédiate des compétences de l’assemblée pour apporter les solutions les plus rapides aux questions d’hébergement des Roms présents dans l’agglomération et plus particulièrement une décision immédiate concernant les familles Roms pour lesquelles des négociations ont déjà été engagées. ”

La présidente de la séance (G. Fioraso remplaçant M. Baïetto) a précisé qu’il y aurait ce sujet inscrit à l’ordre du jour à la prochaine réunion le la Métro le 29 octobre, ce qui ne répond pas à l’urgence de la situation.

Texte distribué par le collectif solidarité Roms aux élus de la Métro le 24 septembre

Le collectif Solidarité Roms a été crée le 16 septembre 2010. Il regroupe des militants de longue date représentants d’associations engagées dans les luttes sociales, en particulier celles concernant les sans papiers et les sans logis, des représentants de partis politiques, de syndicats, des élus, des professionnels de l’action sociale, ainsi que des Roms, des habitants de l’agglomération, des voisins des différents camps, ainsi que le collectif suivant depuis le printemps plus particulièrement les familles Roms qui ont été expulsées cet été à Saint Martin d’Hères.

Nous avons demandé cette prise de parole devant le Conseil de cette assemblée pour :

1) Exposer la situation d’ostracisme, de stigmatisation, d’exclusion sociale et même humanitaire dans laquelle vivent aujourd’hui, les Roms présents dans notre agglomération. Cette situation d’abandon, de désespoir, de peur est dégradante, inhumaine, pour eux, elle est une honte pour nous, elle doit l’être pour l’assemblée de cette métropole. C’est pourquoi nous vous demandons de ne pas ajouter à la honte du Discours de Grenoble, qui inaugura cette nouvelle saison de chasse aux Roms, la honte de ce vous n’aurez pas fait.

2) Demander donc solennellement à cette assemblée, de prendre une position forte, précise et sans détours pour condamner la politique mise en œuvre depuis cet été à leur encontre. Pour affirmer que le droit des Roms ne peut être uniquement celui du droit au retour volontaire. Une législation française et européenne existe.

3) Exiger que la Métro utilise les compétences qui sont les siennes pour mettre en œuvre immédiatement des solutions d’hébergement dans le cadre d’une procédure d’urgence humanitaire en balayant les rhétoriques dilatoires de l’appel d’air et du partage des compétences.

4) Exiger que la Métro donne une réponse aujourd’hui à la démarche en cours depuis le printemps avec les services de Monsieur Jean-Philippe Motte, concernant le logement des familles Roms qui étaient à Saint Martin d’Hères et qui vivent aujourd’hui dans un campement de fortune sans eau, ni toilettes, ni électricité à Saint Martin le Vinoux.

1) A l’heure d’aujourd’hui, environ 150 Roms sont présents dans notre agglomération, ils étaient environ 200 de plus avant l’été. Un été qui a vu se succéder, expulsions, parcage et dissémination des camps dans l’agglomération, retours massifs contraints par la pression du dispositif du choix au retour volontaire et son pendant une réalité d’aller/retour. Cette semaine nous avons assisté à 2 évènements le même jour, mardi 21 : 2 cars affrétés par l’État Français, l’OFII, au départ de Grenoble emmenant des Roms du camp du Rondeau, de celui de Saint Martin le Vinoux, d’autres camps de l’agglo, nous ne savons pas, de Savoie et de Haute Savoie dans le cadre du dispositif au retour volontaire. Et le même jour l’éradication sauvage, en douce, au tracto-pèle, du camp à l’angle de la rue de Stalingrad et de la rue Edmond About. Où sont les Roms qui y vivaient ?

Un état des lieux doit être fait qui ne saurait l’être pour repousser les mesures à prendre ou nous osons le penser vous voir espérer que le problème se dégonfle de lui même.

Ils vivent dans des conditions sanitaires innommables, insalubres, en termes d’assainissement et nous tenons à les dénoncer : pas d’eau ou un simple robinet au ras du sol comme au Rondeau, pas de toilettes ou quelques toilettes de chantiers jetées au milieu du camp la porte face aux tentes (cf le Rondeau), pas d’éclairage public et aucun accès à l’électricité, aucun chauffage et l’hiver est proche. Médecins du Monde alerte sur une recrudescence des maladies infectieuses

Ils vivent entassés dans des conditions d’hébergement précaires indignes : petites tentes, abris faits de branchages, de bâches et de tissus et certaines familles encore plus fragiles se cachent.

La scolarisation des enfants quand elle existe n’est pas sans poser des problèmes. Nous avons assisté lors de la rentrée scolaire à la radiation de 7 enfants déjà scolarisés, à Saint Martin d’Hères et la situation n’a été résolue qu’après intervention des associations et des syndicats.

Tous veulent rester ici :

Ceux qui sont ici depuis plusieurs années, ceux qui sont été amené à “ choisir cette demande de retour volontaire ” vu les conditions de vie de plus en plus précaires qu’ils subissent ici et parlent tous de leur retour vu leurs conditions de vie là-bas, ceux qui qui ont fait une demande d’asile et qui soit l’ont déjà vue être rejetée ou qui attendent une réponse, ceux à qui une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) a été transmise et qui sont dans l’attente de l’expulsion, enfin ceux qui sont là depuis moins de 3 mois et qui ne peuvent, ni être expulsés, ni “ être encore éligible à l’aide au retour volontaire ” (expression sordide prononcée cette semaine à Grenoble par un élu !)

Si vous les interrogez, tous veulent rester ici, travailler ici. Quelques soient les périphrases nous sommes bien face à une logique massive d’exclusion.

Nous tenons aussi à dénoncer, ici, la législation des 3 mois pour trouver un logement et un travail, législation véritablement créatrice de situations d’illégalité quand on connait les difficultés actuelles des jeunes, des femmes, des seniors, des sans abris, etc… pour se loger et travailler, et quand on connait la restriction spécifique faite aux roumains et bulgares des 150 métiers “ ouverts ” et les conditions faites pour décourager les employeurs de bonne volonté qui veulent les embaucher légalement.

Va-t-on assister passivement dans l’agglomération à de nouveaux convois, à de nouvelles expulsions ?

2) Le Discours de Grenoble, prolongé par la fameuse circulaire du 5 Août, a relancé de manière spectaculaire et dramatique une politique xénophobe d’exclusion, de tri, de mépris de la dignité humaine flattant le racisme Cette politique nous concerne tous même si elle a ciblé prioritairement, nominativement les Roms. Malgré le tollé mondial qu’elle a déclenché, elle se poursuit aujourd’hui. Le droit des Roms ne peut être uniquement celui d’être expulsé ou de faire valoir un droit hypocrite au retour volontaire qui ne résout rien. La législation européenne oblige les États membres à accueillir dignement les familles Roms. Comme nous ce sont des citoyens européens.

Nous ne pouvons tolérer que nos frères et sœurs Roms d’Europe soient tellement perdus, abandonnés, désespérés, qu’ils soient contraints à ce dilemme du “ choix au retour volontaire ” vu la situation dégradante qu’ils subissent ici.

Nous ne pouvons tolérer que la population de l’agglomération grenobloise soit complice par défaut d’information, par absence de prise de position de ses élus, de la politique de stigmatisation, ici, d’une population en détresse à travers toute l’Europe.

Nous ne pouvons tolérer que cette politique se poursuive alors que diverses plaintes judiciaires ont été déposées en France et en Europe (GISTI, LDH, Union Romani,…).

Nous ne pouvons tolérer que la crise que nous subissons tous, devienne sous les coups de boutoir d’une politique de la tension attisant le racisme, la xénophobie, la haine, l’occasion d’affrontements barbares entres les pauvres eux-mêmes.

Le fait que cette politique ait été initiée à Grenoble, nous donne, et donne aux représentants de l’agglomération grenobloise, une responsabilité particulière, symbolique, elle oblige votre Assemblée à exprimer aujourd’hui, solennellement, fermement, précisément et sans détours sa condamnation de cette politique ou d’en être la complice par le silence ou le louvoiement. Il s’agit là d’une prise de position politique et c’est en tant que telle que nous vous la demandons.

3) Nous exigeons que la Métro utilise les compétences qui sont les siennes pour mettre en œuvre immédiatement des solutions d’hébergement dans le cadre d’une procédure d’urgence humanitaire en balayant les rhétoriques dilatoires de l’appel d’air, du partage des compétences et de la question plus générale et elle aussi urgente de l’application du droit au logement des sans abris qu’elle a aussi a traiter

Nous parlons là d’une demande de mise à disposition des lieux gérés ou appartenant à l’EPFL et ce dans le cadre d’une procédure d’urgence. Il s’agit de bâtiments vides, de maisons, d’appartements qui bien évidemment sont situés chacun sur des communes précises de l’agglomération. Nous en avons déjà désignés certains à l’attention des services de cette assemblée. Il est pour nous hors de question que l’absence de démarches ou de réponses à des démarches déjà engagées auprès de ces communes soit la réponse aujourd’hui de votre assemblée.

Nous sommes bien évidemment conscients qu’il ne s’agit pas là d’une politique de logement pérenne. Une action sur le long terme devra être ensuite menée, la création de villages d’insertion comme ce qui commence à être mis en œuvre dans certains départements peut en être une. Le problème doit être traité à bras le corps et ne concerne pas uniquement le logement, mais aussi la scolarisation des enfants, la lutte contre l’analphabétisme des adultes, l’accès au travail et donc à des moyens décents d’existence seuls à mêmes de résoudre durablement la situation.

Nous sommes bien évidemment aussi conscients que La Métro ne peut pas tout et que les pouvoirs publics doivent agir. C’est pourquoi nous vous demandons d’intervenir auprès de la Préfecture de l’Isère pour que soit appliqués les dispositifs législatifs concernant la réquisition par l’État des bâtiments, maisons, appartements du parc privé, vides et abandonnés depuis longtemps.

4) Enfin depuis le printemps dernier des négociations ont été engagées pour obtenir l’hébergement de familles Roms qui vivaient alors à Saint Martin d’Hères dans un certains nombre de maisons vides clairement identifiées. Ces mises à disposition devant être l’objet conjointement d’un accompagnement social. Ces démarches ont été faites auprès des services de Mr Motte qui nous a reçu au nom de la Metro et que nous avons revu ensuite. Nous estimons ces demandes pertinentes par rapport aux demandes des familles (rester à Grenoble, trouver un logement et un travail) et par rapport à l’obligation légale d’accueillir dignement les familles Roms. En août 2010 alors que le collectif demandait des informations sur cette initiative, il nous a été communiqué que cette décision nécessitait un vote lors de la première assemblée de la Métro, c’est à dire aujourd’hui. Nous sommes donc là pour que ce vote ait lieu.

En conclusion nous attendons de l’assemblée qu’elle traite aujourd’hui de ces points :

  • État des lieux de la situation des Roms dans l’agglomération.
  • Positionnement politique de l’assemblée face à la politique xénophobe de stigmatisation des Roms et au cortège répressif qu’elle met en œuvre.
  • Mise en œuvre immédiate des compétences de l’assemblée pour apporter les solutions les plus rapides aux questions d’hébergement des Roms présents dans l’agglomération et plus particulièrement une décision immédiate concernant les familles Roms pour lesquelles des négociations ont déjà été engagées.

Et ce, sans recours à la rhétorique de l’appel d’air, de la gestion certes tout autant nécessaire du logement en général des sans abris, sans vous voir aujourd’hui appliquer la politique de la patate chaude.

En vous assurant de notre vigilance et de notre volonté farouche d’accentuer la mobilisation sur ces questions, nous vous remercions de votre attention.

Le collectif Solidarité Roms

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