Défendre les « appartements regroupés à services partagés » à l’Ile Verte

Publié le 7 décembre 2012

Une longue histoire grenobloise pourrait se terminer en ce qui concerne le maintien à domicile des personnes âgées.

C’est à Grenoble que sont nés les fameux DOCO (domiciles collectifs) durant le mandat d’Hubert Dubedout. Avec d’autres, l’ADES a toujours défendu cette forme de maintien à domicile, attractive face à l’isolement et à la perte d’autonomie, qui est une alternative originale aux établissements pour personnes âgées dépendantes. Dans un établissement, la personne n’est plus réellement chez elle, elle ne peut pas héberger par exemple des membres de sa famille venus lui rendre visite, et dépend d’un règlement intérieur limitant son autonomie.

Lorsque les DOCO ont disparu seul celui des Vignes à l’Ile Verte s’est maintenu grâce à une forte mobilisation de ses habitants, de l’union de quartier et de l’association « Vivre aux Vignes » présidée par Jean-Noël Perdrix. Ainsi ont été créés aux Vignes, les appartements regroupés à services partagés dans l’immeuble du bailleur social ACTIS. Une réalisation rendue possible durant le mandat municipal précèdent grâce à ACTIS et au CCAS (Centre Communal d’Action Sociale).

Les Vignes comptent 14 appartements réservés aux personnes âgées locataires, qui profitent des services partagés avec une continuité de présence 24 h sur 24 h de personnel spécialisé et d’une vie collective animée par l’association « Vivre aux Vignes ».

Ce DOCO nouvelle formule ne peut fonctionner financièrement que si les 14 appartements sont loués. Il s’agit de logements sociaux qui, conformément à la réglementation, sont soumis aux règles d’accessibilité liées aux revenus de la personne ou du ménage. A l’Ile Verte des personnes âgées ont fait des demandes qui ont été rejetées en raison de leurs ressources supérieures aux plafonds exigés pour un logement social. Du coup, faute de locataires, le CCAS compense le manque à gagner lié à ces logements vides.

Pour éviter ces dépenses inutiles consacrées à des appartements inoccupés il existe une solution, qui consisterait à ce que ces 14 appartements (ou une partie d’entre eux) ne soient plus du logement social. Il suffirait alors qu’un acteur public les rachète à ACTIS (après déclassement) et les loue aux personnes désirant y vivre. La ville pourrait le faire et en déléguer la gestion à une association ou au CCAS. A l’Ile Verte, au regard de la sociologie du quartier, un certain nombre des personnes âgées ont probablement les moyens d’assumer des loyers supérieurs aux plafonds du logement social,  il est dommage à la fois de ne pas pouvoir les accueillir aux Vignes et de ne pas saisir l’opportunité d’un équilibre financier.

Mais le manque de volonté politique est évident. Le CCAS, par souci d’économies, envisage de se désengager de cette opération. Il s’est rapproché du Département avec l’idée que les Vignes pourraient entrer dans les standards des unités de vie gérés par le conseil général de l’Isère. Cette « absorption » signifierait alors la fin d’une expérience novatrice et originale très appréciée par ceux qui y vivent. Par ailleurs il n’est pas sûr que le CG voie d’un bon œil une opération qui l’obligerait a engager des travaux de mise aux normes de sécurité qui s’imposent dans les unités de vie, mais n’ont pas lieu d’être pour des locataires d’appartements classiques. On touche là à des contraintes qui limitent la mise en place de solutions innovantes pour le maintien à domicile de personnes âgées qui deviennent ou vont devenir dépendantes. On sait pourtant que la solution de prise en charge en établissement n’est pas possible pour tout le monde, sauf à laisser le champ libre aux grands groupes privés qui déjà sont déjà dans la place et ne rêvent que de conquérir de nouveaux marchés.

Il faut espérer que le CCAS, la ville et ACTIS trouvent rapidement les solutions qui permettront à cette aventure de se poursuivre dans les meilleures conditions. Enfin, il serait temps que le gouvernement décide d’aborder ces questions et invente ou adapte les conditions réglementaires indispensables à ces formules originales qui ont démontré leur pertinence.

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