Protection de l’enfance au Conseil général : des paroles et des actes

Publié le 8 juin 2013
Mobilisation des travailleurs sociaux devant le conseil général - 12/4/13

Mobilisation des travailleurs sociaux devant le conseil général – 12/4/13

Concernant la politique départementale de protection de l’enfance, comme nous le pressentions (voir article du 20 mai 2013) l’engagement verbal pris par le président du Conseil général semble avoir un peu de plomb dans l’aile. En tout cas, les salariés du secteur social font preuve de la plus grande méfiance à son égard. Pour preuve les extraits ci-dessous de la lettre ouverte que l’intersyndicale CGT, SUD et CFDT vient de lui adresser le 31 mai.

« Monsieur le Président,

Suite à la réaction des salariés du secteur social concernant les mesures d’économie programmées par vos services en direction des établissements spécialisés dans la protection de l’enfance du département, vous vous êtes engagé à rendre caduque la programmation des fermetures d’établissements et la réduction d’emploi associée (180 ETP).

Cette décision devait ouvrir une période de réflexion profonde permettant de définir au mieux, avec les professionnels de l’enfance dans toutes leurs composantes, ce que devrait être le futur dispositif départemental de la protection de l’enfance. Les évolutions jugées nécessaires intégreraient les conclusions de ce travail en commun et seraient validées par l’exécutif en fin d’année.

Un calendrier de réunions nous a bien été proposé. Le moins que l’on puisse dire est que celui-ci nous rend plus que perplexe…

… Quelque peu déconcertés par la méthode, nos présidents d’associations et directeurs sont parvenus à obtenir une réunion supplémentaire par territoire au cours du mois de septembre qui sera suivie à terme d’une assemblée plénière…

… Aucune information n’est apportée sur les services et structures spécialisées. Aucune précision sur leur travail en synergie ne nous est apportée tant au niveau de l’existant que des manques pouvant être constatés. Aucune donnée sur les causes provoquant la prise en charge des enfants qui nous sont confiés soit en mesure d’AEMO (assistance éducative en milieu ouvert), en établissements spécialisés ou en familles d’accueil…

De notre point de vue, les ateliers prévus ne peuvent avoir la prétention de déboucher sur une réflexion aboutie sur chacune de ces problématiques pourtant essentielles.

Dans ces conditions, nous avons le sentiment que ces ateliers ont comme seul objectif la confirmation d’une orientation qui tenterait de façon unilatérale à multiplier les familles d’accueil au détriment des places en MECS (Maison d’Enfants à Caractère Social). Cette orientation est clairement définie dans la note publique éditée par le Conseil Général concernant la maitrise du budget de la protection de l’enfance…

… A ce sujet, nous nous étonnons par ailleurs que les orientations budgétaires adoptées par l’exécutif ne soient pas présentées et encore moins discutées dans les réunions territoriales…

…Nous profitons de l’occasion pour vous alerter qu’il y a quelques années, déjà sous prétexte de modernité et d’innovation, de nombreux services de prévention ont fermé dans les quartiers au privilège ‘des grands frères’. Nous en mesurons aujourd’hui les conséquences.

Objectivement, nous sommes toujours très intéressés à participer à une réelle réflexion sans préjuger des résultats de celle-ci.

Par contre, nous ne sommes pas prêts à accepter d’être utilisés pour participer à des réunions prétextes, montées en catimini, et qui au final accréditeraient que des décisions prises en amont par quelques personnes seraient partagées par l’ensemble des acteurs du champ professionnel.

A quelques jours de votre colloque au sénat sur les questions de maltraitance des enfants, nous restons persuadés que vous serez sensible à nos arguments et que vous prendrez toutes les mesures nécessaires pour qu’un véritable schéma départemental se travaille réellement dans le département. Nous considérons toujours que celui-ci doit s’élaborer en fonction du réel besoin de l’enfant et non pour répondre à des seules injonctions économiques.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations les plus respectueuses. »

Pendant ce temps le Président du Conseil général ne craint pas de « prendre un enfant par la main » comme le titre son éditorial dans la dernière livraison du périodique « Isère Magazine » et annonce, comme si de rien n’était, le recrutement de 150 assistants familiaux plus communément appelés familles d’accueil. Faut-il préciser que le magazine ne dit pas un seul mot du projet de fermetures d’établissements spécialisés et des réductions d’emplois qu’elles entraînent. Et comme le rappelle le tract de l’intersyndicale, A. Vallini participera au Sénat le 14 juin prochain à un colloque dont il est l’un des artisans sur « les violences faites aux enfants ». On y évoquera certainement des données statistiques qui disent qu’en France de nombreux enfants de moins de 15 ans sont victimes de maltraitance, de violences ou de carences affectives. C’est probablement ce qui a conduit le Président du Conseil général à envisager la fermeture des établissements spécialisés.

Les colloques, ça permet parfois à la main gauche d’ignorer là-bas ce que fait la main droite ici.

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