Le conseil municipal de Grenoble réuni en session spéciale a donné son accord le 26 août pour l’élargissement de la Métro en «absorbant» deux communautés de communes (Sud Grenoblois autour de Vizille et les balcons de la Chartreuse autour du Sappey). L’ensemble fusionné portera le nom de Grenoble Alpes Métrople. La Métro va donc passer de 404 000 habitants à 433 000. C’est le début de grandes manœuvres fondées sur de petits bricolages dont on a l’habitude en matière de réforme territoriale.
Après le 31 août, le Préfet doit arrêter cette nouvelle organisation intercommunale, la majorité requise des communes intéressées étant atteinte. Elle deviendra effective le 1er janvier 2014 avec le même président. Le nouveau conseil de Métro comptera 142 membres regroupant les conseillers communautaires des 3 communautés qui auront fusionnées.
Cette composition ne durera que quelques mois puisqu’au lendemain des élections municipales de mars 2014, la composition de la nouvelle Métro sera complètement revue en application d’une loi de 2010.
Le conseil réunira alors seulement 124 membres répartis à la suite d’un accord amiable entre certaines communes. On ne connait toujours pas l’origine exacte de cet accord qui n’a été débattu nulle part publiquement. Cet accord induit une sous-représentation des grandes communes par rapport à la représentation proportionnelle. Ainsi Grenoble (25 % des sièges), Saint Martin d’Hères, Echirolles, Fontaine, Meylan et Saint Egrève perdront des sièges au profit de communes moyennes (Pont de Claix et Sassenage) ou des 17 plus petites allant de Poisat (2078 habitants) à Claix (7538 habitants) qui obtiendront 2 sièges.
Cette composition n’est bien sûr pas définitive puisque la nouvelle loi sur la réforme territoriale bientôt votée au parlement devrait obliger l’agglomération grenobloise à devenir une Métropole. La mise en application devrait survenir au 1er janvier 2015. Le conseil de Métropole sera alors composé à la proportionnelle des habitants des communes (à la plus forte moyenne) et les communes de moins de 7500 habitants (environ) seront représentées par un seul délégué. Grenoble obtiendra alors 40 sièges sur 121 soit environ un tiers des sièges pour 36 % des habitants de la Métropole.
Pourquoi cet accord amiable pour quelques mois, alors qu’il était beaucoup plus simple de préfigurer la composition du conseil de la future Métropole ? D’autant plus que les futurs conseillers communautaires seront désignés lors des élections municipales de mars 2014 par un fléchage sur les listes municipales. En mars les électeurs grenoblois se prononceront sur des listes municipales où apparaîtront seulement 31 titulaires potentiels pour siéger à la Métro. En janvier 2015 il faudra donc compléter les représentants grenoblois à 40 sans que les électeurs se soient prononcés sur ces 9 délégués supplémentaires.
Cet accord amiable fait partie des grandes manœuvres qui se déroulent pour la désignation du futur président de la Métro après les élections municipales. Le poids des petites communes est très important et beaucoup se méfient du pouvoir de la ville centre. Historiquement l’intercommunalité grenobloise est née de l’acceptation par la ville de Grenoble de voir sa représentation fortement minorée. Le Président de la Métro comme le maire de Grenoble n’ont-il pas alors tout intérêt à faire les yeux doux aux petites communes pour commencer leur campagne pour la future présidence de la Métro après les élections municipales de mars 2014 et aussi pour la présidence de la Métropole après janvier 2015 ?
Tout cela sent la tambouille politicienne entre amis et manque de transparence et de débat public. Comment s’étonner ensuite que les citoyens s’impliquent moins, votent moins ou se laissent enfumer par des discours manipulateurs ?
Tout cela manque surtout de débats politiques publics éclairés par une vision portant sur la configuration territoriale possible de cette Métropole et sur les compétences nécessaires pour affronter les vrais défis du développement soutenable (environnemental, social et économique). Peut-on se contenter encore de ces bricolages à courte vue qui ont, jusqu’ici, fabriqué de véritables usines à gaz politico-administratives incompréhensibles pour les habitants et les électeurs, souvent au seul profit des instances bureaucratiques et globalement inefficaces pour répondre aux besoins de la population ? Au moment où le Nord Isère et le Pays viennois sont aspirés et absorbés par une Métropole lyonnaise qui a récupéré, habilement, toutes les compétences du département du Rhône, l’agglomération grenobloise continuera-t-elle sa vie balkanisée, sans le Voironnais et le Grésivaudan et sans les massifs montagneux (se référer au SCOT) qui vivent pourtant en interaction forte avec les vallées, tout cela dans un département en lambeaux ? A l’heure de la périurbanisation galopante (à 40-50 km du centre de Grenoble), véritable désastre pour les citoyens, les collectivités territoriales et l’écologie, prendra-t-on enfin vraiment en compte la géographie du territoire des déplacements ?
Rappelons ici que l’objectif 3 x 20 (20% de Sobriété, 20% d’Efficacité, 20% de Renouvelable – SER) est fixé à l’horizon 2020 par l’Union européenne et par l’association négaWatt, soit dans 7 ans, au terme du prochain mandat. C’est d’ores et déjà inatteignable au vu des dispositions retenues ! Rappelons que l’objectif Facteur 4, division par 4 des consommations et des pollutions d’ici à 2050 se situe à l’échelle du temps d’une génération, la durée de 5 à 6 mandats municipaux : 9 mandats se sont écoulés depuis l’arrivée de Dubedout en 1965, 6 depuis le début des mandats Carignon, 3 depuis l’arrivée de Destot. Y a-t-il dans cette Région Rurbaine Grenobloise des candidates et des candidats capables de ne pas avoir peur de cette prospective raisonnable et d’être à la hauteur des enjeux environnementaux, sociaux et économiques ? Ce sont les questions que se poseront aussi les citoyens, et ils seront attentifs aux réponses qui y seront apportées. De petits bricolages commodes entre ami-es face aux nécessités impératives du développement soutenable de la Région Rurbaine. Qui peut encore faire crédit à ces petites entreprises politiques en crise ?