Comment les « PPP » assèchent l’économie locale

Publié le 1 février 2014

Voila les méfaits des fameux Partenariats Publics Privés (PPP) malheureusement mis en place sur le campus ou sur la Presqu’île pour construire de nouveaux bâtiments. A partir du moment où c’est une société privée qui construit, équipe et gère le bâtiment, elle échappe aux règles des marchés publics et sous-traite à sa guise à qui elle veut. Exemple avec la construction sur la Presqu’île du bâtiment GreEn’ER sur un terrain appartenant au CEA, qui a été confié par les responsables politiques et universitaires au grand groupe Eiffage.

L’opération GreEn’ER se fait dans le cadre du plan campus, appel d’offre lancé sous Sarkozy en 2008, pour financer de grands pôles d’excellence universitaires, en obligeant à la construction de bâtiments neufs (la rénovation était sacrifiée). Le montage financier était imposé aux universités  : contrats en PPP, financement des loyers payés aux promoteurs privés par les intérêts de la subvention, placée par la Caisse des dépôts. Il s’agissait clairement d’un cadeau aux grands groupes du BTP, et des voix s’étaient à l’époque élevées pour dénoncer ces dérives et les risques associés, notamment de la part d’organisations syndicales du campus et du Polygone.

Devenue Ministre, Geneviève Fioraso a, suite à un rapport dénonçant les limites des PPP, annoncé que les opérations prévues dans le cadre du plan campus ne seront plus obligatoirement en PPP, mais pourraient se faire en partenariats public / public, c’est à dire entre les universités et les collectivités territoriales. Hélas, le site de Grenoble, s’étant précipité pour signer le premier PPP de France, se retrouve piégé dans ce montage pervers. Et cela n’est pas sans conséquences sur l’économie locale !

Un chef d’une petite entreprise de l’agglomération, qui travaille régulièrement avec des administrations et des universités, a témoigné des dégâts que ce système des PPP causait à son entreprise, et à d’autres entreprises locales : cela menace ses emplois et l’existence même de sa petite entreprise.

Dans le cadre de GreEn’ER, un consortium piloté par Eiffage construit le bâtiment, et sous-traite l’équipement intérieur nécessaire à son utilisation par les enseignants, les étudiants et les chercheurs (équipements des salles de cours, de réunions, de travail…). Eiffage consulte pour la forme des entreprises locales, récupérant ainsi leurs idées, solutions techniques, plans de fonctionnement et schémas ; et au final le travail est pris en main par les sociétés dépendant d’Eiffage comme  :

  • Eiffage construction Rhône Alpes,
  • Eiffage Energie Rhône Alpes,
  • Eiffage Energie Thermie Centre Est,
  • Eiffage Construction Centre Est,

Ces dernières confient alors la réalisation à des sociétés avec lesquelles elles ont l’habitude de travailler, et qui ne sont pas installées localement.

Au final l’implantation d’équipement dans les laboratoires, salles de cours et autres va largement échapper aux entreprises locales, même chose pour la maintenance des ces équipements. Non seulement les entreprises locales sont mises en danger, mais les universités perdent en qualité de service, la proximité et le savoir-faire des fournisseurs locaux étant un gage de réactivité. Bref, tout le monde y perd… sauf Eiffage  !

Conclusion : les PPP sont des solutions extrêmement onéreuses pour les collectivités ou administrations, qui vont louer le bâtiment qu’elles occuperont pendant de longues années au prix fort ; mais en plus ils laissent les mains totalement libres au groupe privé pour passer les marchés comme ils le veulent au détriment de l’emploi et de l’économie locale. Ces petites entreprises sont pourtant des viviers de savoir-faire, d’emplois non délocalisables, et de service de proximité plus respectueux de l’environnement : il convient au contraire de les préserver.

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