Université cherche nom désespérément

Publié le 20 juin 2014

Université de GrenobleSuite à l’adoption en 2013 de la Loi Fioraso sur l’enseignement et la recherche, les Universités doivent mettre en place une énième réforme, censée simplifier le millefeuille administratif et améliorer la visibilité et la compétitivité des universités françaises à l’international. Rien de nouveau depuis Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy et la loi LRU donc… Mais à Grenoble, une dimension supplémentaire donne du sel aux débats : les noms des établissements. Accrochez-vous, ça déménage…

Le contexte

Les établissements d’enseignement supérieur de Grenoble et Savoie ont, à l’occasion de la mise en place des financements du Plan Campus en 2009, créé un PRES / EPCS (un Pôle de recherche et d’enseignement supérieur, au statut juridique d’Établissement public de coopération scientifique, statut « inventé » par la loi de 2008 sur la recherche). Cet établissement, dont sont membres les autres établissements qui se regroupent, est doté de sa propre personnalité morale, et est donc venu s’ajouter aux établissements existants. Bien que n’étant pas une université, il a reçu le nom de « Université de Grenoble ». En savoir plus : https://www.ades-grenoble.org/wordpress/2011/07/22/y-a-t-il-une-ambition-pour-luniversite-grenoble-savoie/

Mais voilà que la Loi Fioraso de juillet 2013 a aboli l’existence des PRES, pour créer un nouvel objet : les Communautés d’universités et d’établissements – COMUE. A la publication de la loi, le PRES « Université de Grenoble » est donc automatiquement devenu la COMUE du même nom.

Mais bien sûr, cette transformation implique des changements juridiques, car la disparition des PRES a entraîné celle des EPCS, les COMUE ayant elles le même statut juridique que les universités (celui d’EPCSCP – Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel, si vous voulez tout savoir). Il faut donc réécrire les statuts de l’Université de Grenoble pour les mettre en conformité avec la loi. Et c’est là que les choses se gâtent.

L’état des lieux

En effet, à cette occasion, les établissements du site universitaire Grenoble-Savoie essayent de faire évoluer leur périmètre de coopération, pour mettre en place :

  • la COMUE, avec des établissements membres, et des établissements associés à la COMUE sans en être membre…
  • une fusion des universités de Grenoble (Université Joseph Fourier, Université Pierre Mendès-France et Université Stendhal)

Histoire de rendre tout cela lisible depuis l’extérieur, il s’agit donc de donner des noms à ces établissements, et les options étudiées sont les suivantes :

  • l’université fusionnée s’appellerait « Université de Grenoble », soit le nom actuel de la COMUE
  • laquelle se doit donc de trouver un autre nom. Et là on hésite :

◦      soit l’Université de Savoie est membre de la COMUE, et on peut l’appeler « Université de Grenoble Alpes Savoie »

◦      soit l’Université de Savoie est associée à la COMUE sans en être membre, et on l’appellerait « Université de Grenoble Alpes »

  • en outre, le nom officiel de l’Université de Savoie est en fait Université de Chambéry, et elle envisage de changer son nom pour « Université de Savoie Mont Blanc »

Vous suivez ?

Nul doute que tout cela contribuera grandement à la visibilité / lisibilité du site à l’international !

La solution de sortie de crise d’identité

Afin d’aider les établissements à résoudre leur crise d’identité, et à dépasser les querelles de marquage au sol par des mâles en mal de territoire, l’ADES propose de baptiser les futurs établissements de noms de femmes. Cela aura, outre l’avantage de la lisibilité, celui de réparer une injustice historique : l’invisibilité actuelle totale et absolue des femmes dans les noms des établissements, bâtiments, salles et rues universitaires. Non seulement les établissements portent des noms d’homme, mais il n’y a pas un lieu, pas un amphi, pas une salle qui porte un nom de femme. La science serait-elle exclusivement l’apanage des hommes ?

Que nenni : d’Ada Lovelace, femme de sciences du 18e siècle qui a écrit le premier programme informatique de l’Histoire ; en passant par Emilie du Châtelet, qui traduisit en français les œuvres de Newton ; ou Simone de Beauvoir, Marie Curie et sa fille Irène Joliot Curie, les possibilités ne manquent pas.

Alors, chiche ?

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