Ne pas abandonner l’espace public aux maffias

Publié le 26 juin 2015
Fusillade St Bruno

© Le Dauphiné Libéré

La répétition des agressions dans l’espace public avec des armes à feu, à Grenoble et dans l’agglomération pose la question de comment lutter contre l’appropriation de l’espace public par de véritables maffias qui ont pris en main l’économie parallèle et qui entendent bien faire perdurer leur chiffre d’affaire. L’initiative de la mairie de manifester Place Saint Bruno contre cette irruption des trafiquants dans l’espace public est positive. Il est dommage que des élus de l’opposition n’y aient pas participé.

Avec cette prise de position municipale, émerge une approche politique en termes de réappropriation par les gens de l’espace public et de l’espace social. Il faudrait que ce soit surtout une réappropriation diversifiée des territoires au quotidien car on sait que la mono-fonctionnalité et le zonage prônés un temps par certaines thèses urbanistiques ont « tué » l’espace public urbain au profit de « dominants monomaniaques », bagnole, drogué, dragueurs… (généralement des hommes qui décrètent « ici, on reste c’est chez nous » interdisant à d’autres, notamment aux femmes et aux enfants  l’usage de cet espace). Les études sur l’aménagement de l’espace social et de l’espace public sont indigentes en France et à Grenoble notamment en ce qui concerne leur dimension genrée. Quid de ces formations à l’école d’archi et à l’institut d’urbanisme ? Quid de ces préoccupations dans les services ? Le conseil de développement de la Métro a abordé cette question quasiment en catimini entre 2013-2014, en fin de mandat. Le jour de la présentation publique du résultat de ses travaux sur « Le genre et l’engagement démocratique », le nouveau conseil communautaire avait décidé d’occuper la salle du conseil pour d’autres urgences ! Bref, c’est bien de solliciter la police pour assurer la tranquillité publique, mais ne faudrait-il pas aborder tout cela en termes de sécurité collective et communautaire (communauté de territoire) ? Comment faire en sorte que, passé le moment d’une émotion et d’une manifestation, on assure cette tranquillité affichée, en construisant avec les gens cette sécurité collective et communautaire, au quotidien,  jour après jour, week-end et vacances compris. La plupart des services publics, même ceux de police, dans les quartiers ferment à 17 ou 18 h 00, tout le week-end et les vacances. C’est le cas par exemple sur le quartier Très Cloîtres, y compris les services de la Maison des Habitants. Certaines associations sont ouvertes 24 h sur 24, 7 jours sur 7, pendant les vacances avec des subventions stagnantes ou en baisse chaque année.

La politique de la ville devrait surtout être cela, cette mobilisation des gens au quotidien sur des projets de développement  Cela n’est pas cela pour le moment.

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.