Qui a ruiné Grenoble : la corruption (suite)

Publié le 14 octobre 2016

avion-taxiEntre 1983 et 1995, les Grenoblois ont payé cher, très cher la gestion de la droite sous la houlette du maire corrompu.

En 1996, la justice s’est prononcée sur la corruption qui sévissait à Grenoble sous le mandat de M. Carignon qui a bénéficié d’avantages matériels pour satisfaire ses ambitions personnelles, totalisant 2,9 millions d’euros. Il s’agissait notamment :

  • de nombreux voyages en avion taxi,
  • d’un appartement de 280 m2 à Paris,
  • d’une croisière de luxe en Méditerranée,
  • de leçons d’anglais,
  • du renflouement de ses journaux électoraux Dauphiné News et News Gratuit.

Ces cadeaux lui ont été offerts par les groupes MERLIN et LYONNAISE DES EAUX qui ont obtenu en échange, en 1989, la délégation du service des eaux de la ville à leur filiale commune créée pour l’occasion, la société COGESE.

Les voyages en avion taxi grâce à la compagnie aérienne SINAIR

Entre le 1er décembre 1984 et le 18 mars 1993, M. Carignon a effectué 122 voyages d’un montant total de 1 949 306 francs, aux frais des sociétés du groupe MERLIN. Il volera à toutes heures du jour et de la nuit, ce qui lui permettra d’être présent dans plusieurs villes et d’affirmer à la justice qu’ayant participé à telle manifestation, cérémonie ou inauguration, il ne pouvait être le bénéficiaire du vol imputé. Il dira avoir effectué « quelques déplacements politiques comme tous les hommes politiques le font [parce que] c’étaient des vols faits dans le cadre de mon activité politique. » Pour les destinations ensoleillées (Barcelone, Corse, Dubrovnik, Malaga, Palma) il parlera de « deux vols de trop. » Et il prétendra : « je ne savais pas que je voyageais sur le compte de Marc-Michel Merlin. » Enfin, pour une quarantaine de vols, il sera incapable de fournir un document ou une explication valable prouvant qu’il n’en était pas le bénéficiaire, se contentant de tout nier en bloc.
Ces subterfuges n’ont pas trompé les magistrats (jugement du tribunal correctionnel de Lyon du 16 novembre 1995) : « Il n’est pas concevable que sur une période de dix ans, Alain Carignon ne se soit pas posé la moindre question sur l’origine des fonds qui permettaient de financer ses voyages. (…) Est-il acceptable qu’un ministre de la République puisse voyager continuellement aux frais d’industriels et de groupes privés ? (…) Un homme politique aussi avisé que Alain Carignon ne pouvait ignorer le trouble considérable causé dans l’opinion publique par la loi d’amnistie de 1988 et aurait dû faire preuve d’attention et de prudence à l’égard de ses financeurs. Il devait refuser la prise en charge quasi systématique de ses voyages par les industriels. »
Les magistrats de ce même tribunal souligneront que « beaucoup avait été fait pour que les infractions ne puissent être découvertes. » En effet, pratiquement aucun agenda, ni de M. Carignon, ni de M. Marc-Michel Merlin… n’a été retrouvé durant l’information ; aucun manifeste passager (liste des passagers embarqués sur un vol commercial, obligatoirement conservée pendant un certain délai comme le prévoit la réglementation de l’aviation civile) n’a été conservé lorsque M. Carignon voyageait. Pour reconstituer l’ensemble des vols, les enquêteurs du SRPJ auront pris en compte, outre les déclarations des témoins (pilotes, secrétaires, etc.), les relèves d’heures de vol, les comptes rendus d’équipages, les traces de règlement et notes de frais des comptes chèques et cartes bancaires des prévenus, les tableaux de protocole de la mairie de Grenoble et du conseil général de l’Isère, etc. Devant l’accumulation des preuves et des témoignages, les prévenus qui contestaient la réalité de ces voyages finiront par les reconnaître, en partie.

A suivre…

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