Vote électronique : toujours opaque et invérifiable

Publié le 5 mai 2017

Il y a 10 ans, aux présidentielles de 2007, 83 communes représentant 1,6 millions d’électeurs avaient procédé à un vote au moyen de machines électroniques. Grenoble y avait échappé de peu, car un an avant nos élus s’étaient opposés au maire qui voulait doter sa ville de ces ordinateurs de vote. Devant l’absence de majorité, M. Destot avait dû y renoncer.

Depuis, suite à des expertises démontrant les problèmes posés, l’installation de nouvelles machines est gelée par le ministère de l’Intérieur. En Isère, seules Meylan et Voiron continuent à utiliser le vote électronique. On estime aujourd’hui à environ 1,2 millions d’électeurs ayant été invités à voter via un écran tactile.

Un autre mode de vote électronique est aussi pratiqué : le vote à distance par internet. Pour ces élections, ce moyen de vote a aussi été mis en cause par le risque de piratage y compris par un pays étranger. C’est ainsi que les Français de l’étranger qui avaient été autorisés à voter ainsi précédemment ne l’ont pas été aux présidentielles et ne le seront pas plus aux législatives.

Quelles sont les atteintes à la démocratie de ces procédés de vote ?

Le principal écueil réside dans l’absence de transparence au propre comme au figuré de l’urne électronique. Alors que le vote traditionnel est un procédé ouvert qui a fait ses preuves depuis la Révolution et n’a cessé de s’améliorer depuis (les urnes transparentes ne datent que de 1991), le vote électronique est lui complètement opaque et demande aux citoyens de s’en remettre à des tiers experts pour s’assurer de la sincérité du scrutin. Le dépouillement est instantané, mais ne peut être vérifié, car aucun recomptage n’est possible : aucune trace papier du vote n’étant faite.

Par ailleurs, on constate 3 à 6 fois plus d’erreurs entre les émargements et les votes réels, les deux actes étant l’objet de queues séparées. Le vote blanc figurant parmi les propositions faites, il est deux fois plus important qu’avec les urnes classiques. Enfin ces machines à voter demandent souvent l’aide d’un assesseur pour les personnes peu aptes à utiliser un écran et ceci porte gravement atteinte au secret du vote.

Le vote électronique par internet est lui sujet à des piratages étant par principe relié au réseau mondial. Il a été démontré qu’un virus installé sur l’ordinateur de l’électeur pouvait changer son vote à son insu. Ce mode de scrutin par internet a d’ailleurs été aussi abandonné par les partis lors des dernières primaires. Il pose aussi un problème démocratique de taille : il est impossible de vérifier que c’est bien la personne prévue qui vote et qu’elle n’a pas transféré ses codes à une autre personne : on ne peut s’assurer de l’identité de l’électeur et l’achat de vote devient aisé.

Toutes ses raisons font qu’en l’état actuel, le vote électronique est à proscrire au moins pour des votes essentiels à la démocratie.

Pour approfondir la question lire deux articles de chercheurs sur le sujet : ici et  .

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