Si, si la France est réformable mais à condition…

Publié le 1 septembre 2017

« La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on le fait. » Déclaration étonnante du Président de la République à l’étranger.

A l’ADES nous sommes totalement opposés à cette caricature. Le Président oublie que les Français n’ont pas tous les mêmes intérêts et qu’il n’est pas possible de satisfaire tout le monde. Si les réformes avantageaient une grande majorité de Français, il est clair qu’elles seraient adoptées sans trop de problèmes, mais depuis de très longues années les réformes proposées par les gouvernements successifs de droite comme de gauche ont avantagé une minorité et toujours la même. Il n’y a qu’à voir l’évolution des inégalités économiques et sociales qui se sont fortement accrues ces dernières années pour comprendre qu’il est normal que la plupart des Français n’adhèrent pas aux réformes proposées et comme les organisations collectives (notamment les syndicats et associations) ont perdu beaucoup de leurs capacités d’actions suite à la fragmentation sociale, il n’y a pas eu de capacité de résistance suffisante pour imposer une autre politique.

Comme le démontre « Alternatives économiques » (hors série n°109 page 63) : « La croissance est faible mais elle n’est pas nulle. Entre 2003 et 2013, la masse des revenus a augmenté de 112,5 milliards après impôts et prestations sociales. Ils se répartissent en 2,3 milliards pour les 10% des ménages les plus pauvres (1er décile) et en 42,4 milliards pour les 10 % les plus riches (10ème décile). Ce dixième a capté 37,6 % de la richesse nouvelle. Les 30 % les plus aisés ont récupérés les deux tiers des revenus supplémentaires. En dépit du « matraquage fiscal ».

Sur le plan économique et social les propositions de la nouvelle majorité avantageront encore une fois beaucoup plus les riches que les pauvres et augmenteront la flexibilité en diminuant la sécurité. On comprend alors que ce type de réforme ne soit pas accepté. Le Président n’a qu’à s’en prendre à lui-même s’il trouve que les Français détestent les réformes proposées (baisse de l’APL, réforme inédite du code du travail, suppression d’une partie de l’ISF…).

Il serait beaucoup plus simple d’améliorer les services publics locaux s’il y avait une véritable réforme de la fiscalité locale pour la rendre plus juste et s’il était possible d’aider les services publics industriels et commerciaux (eau, gaz, électricité, assainissement, chauffage urbain, financés exclusivement par les usagers) en partie par l’impôt en permettant de faire de la tarification sociale ce qui est actuellement exclu et limité aux services publics administratifs. Nous sommes persuadés qu’une politique qui améliorerait le système de santé et d’éducation serait bien reçue, de même qu’une politique qui rendrait les transports en commun gratuits ou très peu chers serait bienvenue…

Evidemment cela exigerait de moins bien traiter la frange la plus riche de la population et de taxer les opérations spéculatives et de faire la chasse aux paradis fiscaux.

L’austérité imposée aux collectivités risque de se poursuivre avec pour conséquence une détérioration de l’emploi (public et privé) local et de la qualité des services publics ce qui pèsera plus lourd sur les populations déjà très fragilisées et les inégalités continueront à augmenter.

La politique suivie par la majorité municipale, dans des conditions très difficiles, à travers le bouclier social et écologique (notamment la non augmentation des taux des impôts locaux) a permis de minimiser l’impact de l’austérité sur une majorité de la population. Il faut poursuivre cette politique défensive et en même temps (dirait Macron) il faut tout faire pour empêcher la politique gouvernementale d’affaiblir les services publics essentiels à la qualité de la vie quotidienne.

La mobilisation des élus des communes ainsi que celle des habitants pourrait faire reculer le gouvernement.

 

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