Tunnel ferroviaire Lyon-Turin, Macron veut-il continuer ?

Publié le 6 octobre 2017

Le 27 septembre à Lyon, lors du sommet franco-italien, le Président de la République et le Président du Conseil italien se sont mis d’accord sur de nombreux dossiers intéressant directement les deux pays. Le projet de ligne à grande vitesse Lyon -Turin a donné lieu à un paragraphe dans le compte rendu officiel de la réunion :

« La France et l’Italie confirment l’importance stratégique de la section transfrontalière de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, qui fait partie des réseaux trans-européens de transport et dont la réalisation repose sur des accords internationaux. Les deux Etats soulignent que les travaux préliminaires sont désormais en voie d’achèvement et que le lancement des travaux ultérieurs, notamment pour la réalisation du tunnel de base est en préparation.  Sa dimension stratégique pour la France, l’Italie et l’Europe, en tant que composante fondamentale du corridor méditerranéen des réseaux trans-européens, et notamment les engagements internationaux pris, constitueront un critère important dans la réflexion que la France mènera à l’égard de l’ensemble de ses grands projets d’infrastructure, et dans les décisions qui seront prises par la France au plus tard au 1er trimestre 2018, en pleine association avec le Gouvernement italien et la Commission européenne.»

Point positif, la pause décrétée par la ministre des transports est confirmée, y compris pour ce projet qui est couvert par un accord international. Mais ce communiqué laisse à penser que le projet pourrait continuer à avancer. En fait ce communiqué commun est un modèle d’ambiguïté, il ne tranche rien de façon catégorique. Raison de plus pour continuer à faire entendre les arguments rationnels sur la possibilité d’un report modal à très court terme en utilisant la ligne existante, qui n’est utilisée qu’à 17 % de sa capacité, et sur l’urgence à déboucher les accès français et italiens du tunnel transnational plutôt qu’à forer un 2e tube transnational sans accès améliorés (effet « entonnoir » garanti !).

Par contre il est regrettable que lors de sa visite en vallée de l’Arve le 29 septembre Nicolas Hulot ait démontré son absence de maitrise du dossier Lyon-Turin en déclarant, selon Place Grenet, que la liaison transalpine se ferait bien, « dans une version économique et écologique excessivement sobre, et tout cela assorti d’alternatives aux routiers… », ce qui n’a rigoureusement aucun sens…

Il aurait mieux fait d’écouter le maire de Grenoble qui le 26 septembre, dans une lettre ouverte, est intervenu auprès du Président de la République pour rappeler les positions de la ville sur les investissements prioritaires à faire dans la région urbaine grenobloise.

« A l’image de ce qui est mis en place en Suisse, il est en effet possible et raisonnable d’opérer un report modal massif des marchandises sur le rail, en mobilisant divers outils et en optimisant l’usage des infrastructures historiques avant de se lancer dans une politique de creusement de nouveaux tunnels et de nouvelles galeries.

Je ne doute pas que la « pause » décidée par Madame la Ministre des Transports débouchera sur une décision ferme de votre gouvernement de suivre l’avis de nombreuses administrations et de la Cour des Comptes depuis 2003 en décrétant définitivement l’arrêt de ce projet aussi dispendieux qu’inutile au regard des capacités actuelles de la ligne du Montcenis (pour mémoire celle-ci n’est traversée que par 20 trains de fret par jour contre 120 il y a quelques années).

En renonçant à cette seule opération le budget ainsi dégagé permettra d’engager sans tarder les travaux de rénovation des nombreuses lignes ferroviaires de notre région qui en ont un urgent besoin. »

Le maire liste les actions prioritaires à faire : la ligne Lyon-Grenoble avec des temps de parcours peu fiables et la ligne des Alpes, Grenoble-Gap qui est menacée alors qu’elle a un potentiel touristique important et que les investissements ont été prévus dans le Contrat de Plan Etat Région et qu’il faudrait que l’Etat honore sa signature.

Daniel Ibanez, qui mène comme représentant des associations environnementales la lutte contre le tunnel Lyon-Turin, a profité de la visite en vallée de l’Arve le 29 septembre pour rencontrer les ministres concernés par ce projet, Nicolas Hulot et Elisabeth Borne (ministre des transports). Il a été très surpris de voir que ces ministres étaient très mal renseignés sur le projet Lyon-Turin : “On nous explique que la ligne existante pose un problème d’exploitation. Or dans les années 80, sans informatique, avec des obligations techniques de changements de locomotive, et la douane qui arrêtait tous les trains avant l’espace Schengen, nous faisions 120 trains de fret par jour. Aujourd’hui, on n’en fait plus que 20 : le problème n’est pas la ligne… On se retrouve avec des ministres qui n’ont pas le temps d’étudier les dossiers, c’est un vrai problème »

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