Les inégalités de santé ne sont pas une fatalité, déclarent les maires des grandes villes

Publié le 22 février 2019

Sous le titre « Les inégalités de santé ne sont pas une fatalité », 18 maires de grandes villes, dont Eric Piolle, ont signé une tribune dans le Journal du Dimanche du 17 février 2019 :

« La France fait partie des pays ‘où les inégalités sociales de mortalité et de santé sont les plus élevées en Europe occidentale’, et la tendance n’est pas à la baisse. Le constat dressé ces dernières années par les instances de l’État (Haut Conseil de la santé publique, 2009 ; Direction de la recherche, des études et de la statistique, 2017 ; Santé publique France, 2018) est en complète incohérence avec la devise d’égalité de notre République. Ainsi un homme de 35 ans, s’il est ouvrier, a une espérance de vie inférieure de 6,4 ans à celle d’un cadre. Comment pouvons-nous continuer à accepter que le niveau de santé, donc de bien-être, et l’espérance de vie diffèrent en fonction de l’origine sociale de nos cocitoyens ?

Ces inégalités commencent dès la conception et les premiers instants de la vie. Et la France est particulièrement mal placée en la matière : le risque de prématurité ou de petit poids de naissance peut aller du simple au double en fonction de l’emploi occupé ou du niveau d’éducation. En matière bucco-dentaire, moins de 2% des enfants de cadres ont au moins deux dents cariées non soignées, contre 11% des enfants d’ouvriers.

Comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces inégalités sont largement multifactorielles et conditionnées par l’environnement de vie au sens large, qu’il soit physique ou social. Nous ne pouvons que nous réjouir de la signature de la Stratégie nationale de santé interministérielle 2018-2022, qui prend en compte cette transversalité. Pour autant, il faut rappeler que les leviers pour agir sont largement locaux. Les inégalités sociales de santé en France ne pourront pas diminuer sans l’association active et continue des collectivités.

Trois axes sont prioritaires à nos yeux :

  1. Mesurer ces inégalités sur les territoires. Il n’existe pas d’informations accessibles suffisamment précises pour les caractériser à un niveau infra-communal.
  2. Décloisonner les interventions. De nombreuses institutions, à commencer par l’Éducation nationale, agissent au profit des enfants et, à ce titre, occupent une position centrale dans la lutte contre les inégalités sociales de santé. Il est indispensable que des collaborations plus efficaces puissent exister avec les acteurs locaux, notamment les municipalités. Un chantier a été ouvert autour d’un parcours santé-accueil-éducation de 0 à 6 ans. Nous prenons toute notre part pour relever ce défi.
  3. Former les professionnels. La compréhension des mécanismes par lesquels se constituent ces inégalités de santé et les réponses à y apporter doivent faire partie de la formation des professionnels au contact des enfants. Par exemple, en classe de CM2, l’indice d’obésité varie de 1 à 10 entre enfants de cadres et d’ouvriers. Les facteurs sont multiples et ne peuvent en aucun cas être réduits aux injonctions de Mangerbouger.fr.

Un lien entre les acteurs politiques, institutionnels et académiques, à tous les échelons, sera la clé. Nous demandons la mise en place de moyens pour agir localement, de façon coordonnée et dans le respect de l’équité des territoires. Il y va de la promesse d’égalité de notre République. »

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