Tremblement de terre du Teil, des interrogations de scientifiques

Publié le 29 novembre 2019

Selon des sismologues le séisme du Teil aurait pu être provoqué par la réouverture d’une carrière exploitée par Lafarge. À méditer dans le cas où la société Vicat reprendrait ses activités à Grenoble. 

Mais il ne faudrait pas que cette interrogation cache la sous-estimation du séisme historique vraisemblable qui aurait dû être pris en compte par l’ASN, EDF et ORANO AREVA pour la construction de la centrale nucléaire de Cruas.

Voici des extraits d’un reportage de France 3 Auvergne Rhône-Alpes intitulé : « Le séisme du Teil a-t-il été « déclenché » par une activité humaine ? Une hypothèse qui fait trembler »


« Quelques jours après les faits une question émerge : les activités humaines peuvent-elle être en cause dans ce tremblement de terre ? C’est une des pistes étudiées par des scientifiques pour expliquer le phénomène naturel dévastateur qui a frappé la région, selon une information révélée par Le Point. Les regards se tournent notamment vers une carrière du groupe cimentier Lafarge. La carrière de calcaire, qui se situe entre la commune du Teil et de Viviers, a été particulièrement touchée par le séisme du 11 novembre. 

Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, composée notamment de sismologues et d’un représentant de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), s’est rendue dans le secteur du Teil après le tremblement de terre. Y a-t-il un lien entre l’exploitation de la carrière et le séisme ? L’hypothèse d’un « séisme déclenché », c’est-à-dire ayant pour origine une activité humaine, n’est pas exclue par les scientifiques. Mais pour l’heure, cette hypothèse n’est pas confirmée. 


 Des éléments qui intriguent les scientifiques :

Plusieurs phénomènes intriguent notamment les chercheurs. Si les secousses ont été très violentes, le tremblement de terre a cependant été peu profond : il s’est produit à une profondeur comprise entre 1 km et 3,5 km sous terre. Phénomène rare : le séisme qui a ravagé certains quartiers du Teil a également des traces de failles visibles en surface. Les sismologues sont également intrigués par le faible nombre de répliques.

Les scientifiques se penchent un éventuel lien entre le tremblement de terre du Teil et la carrière voisine, car ce séisme leur rappelle d’autres cas comparables. Ainsi, l’exploitation de carrières, de gisements de pétrole ou de mines à ciel ouvert ont pu contribuer au déclenchement de séismes dépassant parfois la magnitude de 4,5, précise le Point qui cite Jean-Robert Grasso, membre du laboratoire ISTerre (université Grenoble-Alpes). Ce dernier évoque des phénomènes survenus dans les années 70 dans l’Etat de New York, dans les années 90 en Pennsylvanie et en Californie et dans les années 80 en Ouzbékistan. 

Selon Bertrand Delouis, sismologue au sein du laboratoire Géoazur et responsable de l’équipe pluridisciplinaire (IRSN, CNRS, ISTerre, Géoazur…) chargée de l’enquête, « l’excavation de calcaire dûe à l’activité de cette carrière exploitée par le cimentier Lafarge a pu jouer un rôle. »  

Pour le sismologue interrogé par Franceinfo, de nombreuses questions sont à éclaircir: « est-ce que l’utilisation de la dynamite pour extraire le calcaire a fragilisé le lieu ? Est-ce que les volumes extraits ont pu décharger la faille entraînant un mouvement de terrain ?(…) nous nous devons d’étudier cette coïncidence, mais l’influence de la carrière semble modérée, et rien, pour l’instant, ne peut entièrement l’affirmer. »

D’autres hypothèses sont également à l’étude comme le changement climatique, avec des alternances d’épisodes de sécheresse et de pluies abondantes, qui a pû modifier la structure souterraine. 

La cellule post-sismique communiquera officiellement ses conclusions sur les origines de ce séisme dans quelques jours. »

Voir le reportage de France 3 ici.

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