Etat des lieux du sexisme en France

Publié le 6 mars 2020

Le 2 mars 2020, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) publie le deuxième état des lieux du sexisme en France, qui est une obligation annuelle depuis la loi du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et la citoyenneté.

L’état des lieux est accablant : une hausse de 46% des plaintes pour harcèlement sexuel en 2019.

Trois domaines ont été plus spécifiquement analysés par la commission stéréotypes du HCE :

  • celui du monde du travail, d’abord en amont dans les grandes écoles, sortes de bastions « virilistes » où les actes sexistes fonctionnent comme rite intégrateur, et dans les entreprises où règne une grande tolérance sociale au sexisme. 
  • celui des médias où l’image des femmes est toujours décalée par rapport à la réalité. La part des femmes à la télévision est de 42 % en 2019 et n’est plus que de 29 % aux heures de grande écoute.
  • celui du milieu politique qui demeure un bastion majeur du sexisme et fonctionne comme une chasse-gardée des hommes : les femmes politiques y sont considérées comme des intruses, sujettes à des disqualifications et incivilités, des comportements paternalistes et confrontées aux violences sexistes et sexuelles. Malgré les lois de parité, le pouvoir reste très majoritairement masculin : 84% des maires et 92% des président.es d’intercommunalité sont des hommes.

 Voici un extrait de la synthèse de l’état des lieux :

« Jamais autant qu’en 2019, le mot sexisme et, plus largement, l’expression violences sexistes et sexuelles, n’ont été utilisés. Les causes en sont multiples. C’est d’abord l’ampleur du mouvement #MeToo, le décompte macabre des 149 féminicides — meurtres de femmes parce qu’elles sont des femmes — par conjoints ou ex-conjoints, recensés tout au long de l’année, les révélations de violences sexuelles dans de nombreux domaines comme les arts et la culture ou plus récemment le sport.

C’est aussi la force du droit et la création de nouvelles infractions comme l’outrage sexiste et l’élargissement de la notion de harcèlement sexuel. Cet encadrement juridique trouve son fondement dans une définition fonctionnelle du sexisme, proposée par le HCE dans son premier rapport et reprise pour une bonne part par le Conseil de l’Europe : le sexisme est à la fois une idéologie qui repose sur l’infériorité d’un sexe par rapport à l’autre, mais aussi un ensemble de manifestations des plus anodines en apparence (remarques, plaisanteries, etc.) aux plus graves (viols, meurtres), qui ont pour objet de délégitimer, stigmatiser, humilier ou violenter les femmes et entrainent pour elles des effets en termes d’estime de soi, de santé psychique et physique et de modification des comportements.

C’est également la mobilisation sans précédent de la société civile contre les violences sexistes et sexuelles et la culture du viol, qui a pu aller jusqu’au « burn out » militant, mais aussi de tous les acteurs et actrices publics lors du Grenelle des violences conjugales. C’est enfin l’émergence de nouveaux sujets dans lesquels sont rendus visibles des biais de sexe totalement occultés jusqu’alors, sujets tabous parce qu’appartenant aux domaines dits « féminins », comme celui des menstruations ou de la sexualité des femmes.    

Les rares enquêtes effectuées sur le sexisme, enquêtes de ressenti en majorité, et les données recueillies sur les actes perpétrés par les ministères de la Justice et de l’Intérieur, sont toutes sans équivoque : les actes sexistes sont massivement commis par des hommes contre des femmes  Toutes infractions pénales confondues, 87 % des victimes d’actes sexistes sont des femmes et 91 % des mis en cause sont des hommes  Par ailleurs, si le sexisme vécu par les françaises prend différentes formes (remarques, blagues, etc.), il est subi par la quasi-totalité d’entre elles : 99 % des femmes disent avoir été victimes d’un acte ou commentaire sexiste en 2019.

La nouvelle génération se déclare d’ailleurs moins tolérante face au sexisme et également plus combattive face à lui : 92 % des jeunes considèrent que le sexisme est un problème dans notre société. »

Pour lire le rapport complet cliquer ici.

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