Un plan de relance très « macronien »

Publié le 6 septembre 2020

100 milliards d’euros ce n’est pas rien, mais quand on se penche dans le détail des actions on ne peut qu’être étonné de l’absence de contreparties incitatives aux multiples aides et allègements de charges proposées, notamment aux entreprises. Pourtant on le sait bien, sans contreparties réelles l’effet souhaité ne correspond jamais à ce qu’en attendent les pouvoirs publics. L’exemple récent du CICE qui devait créer de nombreux emplois en est la meilleure démonstration.

De plus il s’agit beaucoup plus de saupoudrage que de choix stratégiques, il faut contenter tout le monde, il s’agit plus d’une opération préélectorale pour préparer l’élection présidentielle au profit de Macron.

Comme l’a dit Thomas Piketty sur France Inter le 4 septembre : « j’ai peur qu’on ne prenne pas cette occasion et qu’on ne modifie pas notre modèle économique. On pourrait investir dans la santé, la recherche, la rénovation thermique dans le bâtiment. Il y a des choses annoncées, mais en détail, ce n’est pas à la hauteur du défi à relever ». 

Ce n’est donc pas ce qui était attendu, notamment après les propositions de la convention citoyenne sur le climat, par exemple la rénovation thermique des bâtiments est très timide.Pour ce qui concerne les collectivités locales les décisions vont continuer à les affaiblir en diminuant leur autonomie financière en poursuivant le détricotage des impôts locaux. La décision de diminuer par deux la taxe foncière des entreprises, là encore sans contrepartie, même s’il va y avoir une compensation par l’Etat, au moins au début… mais sans garantie sur le long terme.

L’Association des maires de France (AMF) est sévère sur cette décision qui s’inscrit dans le mouvement global de réduction des ressources locales, les compensations de l’État faisant toujours l’objet de minorations ultérieures.

« L’AMF considère, compte-tenu de ce rôle d’investisseur public, que le bloc communal doit conserver ses marges de manœuvre pour soutenir l’économie nationale fortement touchée par le confinement et répondre ainsi aux besoins des populations confrontées à l’aggravation du chômage. Il est donc impératif de préserver les ressources locales pour maintenir l’action locale de soutien aux entreprises, aux commerces de proximité, aux artisans et les services à la population. 

L’annonce du gouvernement de 3,3 Md€ de suppression d’impôts économiques, intervenant après la suppression de la taxe d’habitation (23 Md€), constitue un élément de fragilisation de leurs ressources et de leur autonomie fiscale. Au total, c’est plus de 34 Md€ de ressources remises en cause, soit dix mois d’investissement du bloc communal et plus d’un quart des recettes de fonctionnement.

La réduction des impôts économiques est proposée sous couvert de plan de relance. En réalité, cette mesure avait été annoncée bien avant la crise sanitaire et s’inscrit dans un mouvement global de réduction des ressources locales, les compensations de l’État faisant toujours l’objet de minorations ultérieures. Cette mesure continuera de produire ses effets sur l’investissement local et sur l’offre de service à la population bien au-delà du plan de relance. »

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