La délinquance observée nuit à l’image de son quartier

Publié le 18 septembre 2020

L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a pour missions la production et la diffusion de statistiques sur la délinquance, les réponses pénales, ainsi que tout autre question liée à la sécurité.

Il publie le 9 septembre dans sa Note n° 49, une nouvelle étude intitulée « La délinquance observée et l’opinion sur son quartier selon le lieu d’habitation ». Sans grande surprise, elle met en avant le lien fort existant entre le fait d’être témoin d’actes de délinquance et le fait de ressentir de l’insécurité et d’avoir une opinion défavorable de son quartier.

L’ONDRP fait annuellement des enquêtes « Cadre de vie et sécurité » qui interroge les personnes âgées de 14 ans et plus sur leur opinion en matière de sécurité et sur les phénomènes de délinquance qu’ils ont pu observer dans leur quartier ou leur village. Cette étude synthétique a pour but d’apporter des éléments d’éclairage sur la délinquance subie de manière indirecte par les habitants en fonction de leur lieu d’habitation.

La Note n° 49 révèle l’existence de profonds clivages et inégalités quant au cadre de vie et à l’environnement résidentiel au sein de la population française.

« Le lien entre observation d’actes de délinquance et ressenti sur son quartier

 À travers ces premiers éléments descriptifs, nous pouvons observer que les personnes résidant en milieu urbain observent relativement plus de phénomènes liés à la délinquance (consommations excessives d’alcool, drogues, agressions, trafics, etc.) Notons que la densité de la population plus élevée dans les grandes villes peut expliquer cette plus forte observation de faits de délinquance. En effet, un phénomène de ce type sera visible par un plus grand nombre d’habitants dans une grande ville que dans les zones rurales. En parallèle, le niveau d’insécurité ressentie est plus élevé pour ces habitants de grandes agglomérations, tandis que leur opinion sur leur environnement résidentiel est moins bonne, comparativement aux résidents de milieux ruraux. De fait, des analyses plus approfondies (tableaux croisés et Chi2) permettent de révéler l’existence d’un lien significativement fort entre le fait d’être témoin d’actes de délinquance et le fait de ressentir de l’insécurité dans son quartier ou d’avoir une opinion défavorable à son égard. En particulier, parmi les personnes déclarant avoir observé des phénomènes liés à la drogue dans leur quartier, 24% disent ressentir de l’insécurité souvent ou de temps en temps dans leur quartier contre 7% des personnes ayant déclaré ne pas avoir observé de tels phénomènes au cours des douze derniers mois. De même, parmi les enquêtés déclarant avoir observé des faits liés à la drogue, 30% estiment que leur quartier n’est pas sûr et 16% pensent qu’il n’est pas agréable à vivre, contre respectivement 10% et 5% des personnes n’ayant pas observé ce type de faits dans leur quartier au cours des douze derniers mois. Cette étude révèle donc l’existence d’une inégalité entre les territoires en termes de phénomènes de délinquance observés et d’opinion sur son quartier. De nombreux chercheurs ont montré que cela pouvait avoir de lourdes conséquences socioéconomiques sur le quartier, allant jusqu’à une désertification de ses habitants et des répercussions économiques, renforçant ainsi le caractère criminogène de la situation (Wilson et Kelling, 1982; Skogan, 1990) »

Voir la dernière enquête « Victimation 2018 et perceptions de la sécurité. Résultats de l’enquête Cadre de vie et sécurité 2019 » ici.

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