Vers de terre et pesticides : des concentrations alarmantes

Publié le 6 novembre 2020

Une étude scientifique française qui sera publiée début 2021, met en évidence la capacité du principal représentant de la famille des pesticides à se diffuser largement dans l’environnement, hors des parcelles traitées. Et, surtout, à s’y accumuler à des concentrations inattendues et alarmantes, en combinaison avec d’autres pesticides couramment utilisés. Les vers de terre accumuleraient les pesticides à des niveaux surprenants et inquiétants. Raison de plus pour arrêter tout de suite l’utilisation des néonicotinoïdes.

« La totalité des prélèvements analysés contiennent au moins une des substances recherchées, et 90 % contiennent un mélange d’au moins un insecticide, un fongicide et un herbicide. Si un tel constat est inédit, c’est que les auteurs ne se sont pas arrêtés aux surfaces cultivées. Ils ont prélevé leurs échantillons sur des parcelles agricoles conduites en agriculture conventionnelle, en agriculture biologique, mais aussi sur des prairies et des haies n’ayant jamais reçu de traitements. « Dans 40 % des cas, on retrouve plus de dix pesticides différents », explique l’écologue Vincent Bretagnolle (CNRS) et coauteur de ces travaux.

« Les chercheurs ont également cherché ces trente et une substances sur des vers de terre prélevés dans les sols des mêmes parcelles. Dans vingt-cinq cas, aucun ver de terre n’a pu être trouvé et ainsi seuls 155 échantillons ont été étudiés. « C’est à notre connaissance la première fois qu’on cherche des résidus de pesticides sur des vers de terre prélevés dans des milieux agricoles et semi-naturels, dit l’écologue Céline Pelosi (Inrae), première autrice de ces travaux. Nous suspections une potentielle persistance de certaines molécules en raison d’une utilisation récurrente, fréquente et massive, à large échelle. Mais nous pensions aussi possible de n’en trouver aucune trace. »

La réalité s’est révélée aux antipodes. « Les taux d’imidaclopride que l’on retrouve dans les vers de terre sont faramineux, estime ainsi l’écologue Vincent Bretagnolle. Ils indiquent un phénomène de bio-accumulation. » Sur près de 80 % des vers de terre analysés, on retrouve cette substance, le principal néonicotinoïde sur le marché. « Les concentrations retrouvées sont spectaculaires : 43 % des vers de terre présentent un taux d’imidaclopride de plus de 100 ppb [parties par milliard] et 8 % en ont plus de 500 ppb », précise M. Bretagnolle. Le maximum enregistré pointe à près de 780 ppb. Soit, par exemple, une concentration presque 400 fois supérieure à ce qui est mesuré dans le nectar du colza, lorsque celui-ci est traité à l’imidaclopride. »

Un article du Monde à ce sujet ici.

L’article scientifique en anglais .

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