COVID-19 après la deuxième vague, d’autres vagues très probables

Publié le 6 novembre 2020

Le conseil scientifique Covid-19 dans sa dernière note, du 26 octobre actualisée le 28, traite de la deuxième vague et des moyens de reprendre le contrôle sur l’épidémie. C’est sur cet avis que le gouvernement s’est appuyé pour décider de reconfiner, après avoir perdu beaucoup de temps, ce qui rend plus difficile la reprise de contrôle et d’arriver à soulager notre système de soins.

Cet avis se termine par des réflexions sur l’après deuxième vague. Il y évoque la mise en place d’un conseil de liaison citoyen pour que le débat ne se limite pas entre experts scientifiques et gouvernement. C’est ce qu’avait décidé la Ville de Grenoble, comme l’a indiqué l’adjoint à la santé Pierre- André Juven.

« Des vagues successives ?

Néanmoins, il est probable que ces mesures même optimisées ne suffiront pas pour éviter d’autres vagues, après la deuxième. On peut ainsi avoir plusieurs vagues successives durant la fin de l’hiver/printemps 2021, en fonction de différents éléments : état climatique, niveau et efficacité opérationnelle de la stratégie Tester, Tracer, Isoler.

1. En effet, l’immunité en population va mettre de nombreux mois à monter de façon significative et commencer à ralentir la rapidité de la circulation du virus en population générale. Le confinement volontaire de la population à risque peut être responsable paradoxalement d’un niveau plus faible d’immunité pour cette population. On ne sait par ailleurs pas exactement pendant quelle durée (6 mois, plus ?) les personnes déjà atteintes par le COVID auraient une immunité protectrice. On entre ainsi dans la gestion de vagues successives de recrudescence (non tributaires d’un caractère saisonnier exclusif) jusqu’à l’arrivée des premiers vaccins et/ou traitements prophylactiques (2ème trimestre 2021 ?). Il y a donc devant nous de nombreux mois avec une situation extrêmement difficile.

2. On peut envisager une stratégie de type « on/off » avec des mesures de restrictions successives, variables selon les territoires et pour des durées limitées, entrecoupées de mesures plus « libérales ». Est-ce possible sur le long terme ? Les Français accepteront-ils une telle stratégie, estce viable économiquement ? Les questions sont posées et n’ont pas de réponses à ce jour. 3. Une dernière stratégie consisterait, une fois le contrôle de la circulation du virus rétabli (5000 contaminations par jour), à maintenir le virus à un taux inférieur à ce seuil, en suivant une stratégie de suppression de la circulation virale comme l’ont effectué plusieurs pays d’Asie, le Danemark, la Finlande et l’Allemagne. Cette stratégie implique des mesures fortes et précoces à chaque reprise épidémique. Elle est cependant la meilleure garante du maintien de l’activité économique dans l’attente de l’arrivée d’un traitement et surtout d’un vaccin espéré pour le deuxième semestre 2021. Elle peut s’appuyer sur une évaluation des risques tant au plan individuel que populationnel avec une vision de « gestion de risques ».

Des enjeux sanitaires, mais aussi sociétaux et économiques majeurs

Il est essentiel que l’on commence à penser à d’autres modalités de vivre avec le COVID sur le long terme et que les choix puissent s’appuyer sur une vision issue de la société civile et non pas seulement sur les orientations données par les experts pour éclairer les décisions des 21 autorités. Il faut rappeler qu’a été demandé à plusieurs reprises par le Conseil scientifique la création d’un « Comité de liaison citoyen » dans des modalités à définir. Il n’est pas trop tard pour le mettre en place. Les conséquences économiques vont, dans la durée, entrainer des situations dramatiques au plan social touchant différentes catégories de la population, et en particulier les populations les plus défavorisées, et ce malgré des aides importantes. Ces conséquences économiques auront-elles-mêmes des conséquences sanitaires indirectes, sur des pathologies non liées au Covid. Le Conseil scientifique est également sensible aux difficultés d’adhésion aux mesures de restriction par une partie de nos concitoyens, notamment lorsqu’ils en subissent directement les effets ou qu’ils en mettent en doute la logique, la cohérence, ou la portée. La société française est-elle prête à consacrer une partie importante des moyens de santé au COVID-19, éventuellement au détriment de la prise en charge d’autres pathologies, avec comme conséquences des pertes de chance pour des pathologies COVID ? A l’inverse, la société française est-elle, prête à affronter un nombre de décès très élevé dans sa population la plus fragile et la plus âgée ? L’approche associant des mesures collectives à un principe de responsabilité individuelle est largement mise en avant, Sera-t-elle possible dans la durée et en cas de plusieurs successions de vagues ? Les enjeux sociétaux et éthiques, ayant de fortes implications pour différentes catégories de la population, doivent faire l’objet de réflexions et de discussions, même si elles peuvent être difficiles et sources de tensions, afin de tenter d’avoir une meilleure vision collective de nos objectifs à la sortie de la 2ème vague. »

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