Gestion de la crise sanitaire, les maires mécontents

Publié le 27 novembre 2020

Les maires ne font pas confiance à l’exécutif dans la gestion de la crise sanitaire. Selon une enquête du CEVIPOF pour l’Association des Maires de France (AMF), ils se montrent particulièrement critiques envers les agences régionales de santé (ARS). Ils attribuent la note de 8/20 au gouvernement. Par contre ils sont moins sévères avec les services préfectoraux. C’est le manque de directives claires et cohérentes de la part de l’État qui est pointé par 51 % des maires interrogés.

« • Le rôle des maires a été maintes fois souligné comme acteurs en première ligne pour répondre aux urgences de la crise COVID-19. De manière globale, 39 % des maires interrogés estiment avoir été bien associés à la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire, 48 % d’entre eux mal associés et enfin 12 % n’étaient pas en responsabilité au cours du printemps. Notons une différence notable pour les maires de communes de taille intermédiaire (1 000 à 9 000 hbts.) qui sont seulement 26 % à s’être sentis pleinement associés avec les services de l’État contre 46 % pour les très petites communes ou grandes villes.

• Parmi les sources d’insatisfaction, c’est le manque de directives claires et cohérentes de la part de l’État qui est pointé par 51 % des édiles interrogés.

• Tous les services de l’État ne sont pas jugés de la même manière : les préfectures bénéficient d’une forte dose de satisfecit de la part des maires puisqu’ils sont 66 % à estimer que leur relation de travail a été effi cace. En revanche, ce seuil chute à 40 % pour les agences régionales de santé.

• L’enquête a interrogé les maires sur les faits de violence dont ils ont pu être victimes. Parmi eux, citons les incivilités (pour 53 % des maires interrogés), les injures ou insultes (29 %), les menaces verbales ou écrites (28 %) et des attaques sur les réseaux sociaux ou internet (20 %). Si les agressions physiques (5 %) ou atteintes aux biens personnels (6 %) sont relativement rares, elles correspondent en réalité à des centaines de situations vécues.

• Ces chiffres varient selon l’ancienneté et l’expérience politique du maire : 70 % des maires sortants réélus déclarent avoir subi une forme d’incivilité, contre 46 % des nouveaux maires expérimentés (c’est-à-dire d’adjoint au maire ou conseiller municipal par le passé) et 32 % pour les nouveaux maires (sans expérience).

• Des formes de malveillance plus ou moins grave au sein de la commune persistent. Il en va ainsi d’une grande variété d’incivilités (dépôts de gravas, abandon d’ordures, etc.) qui pour 68 % des répondants ne sont pas nouvelles et pour 17 % ont fait leur apparition dans leur commune contre 7 % déclarant qu’elles sont en recul. Les atteintes aux biens de la commune (dégradations, vols, etc.) sont la deuxième source de difficultés auxquelles les maires sont confrontés pouvant déboucher sur des faits de violence.

Par l’ampleur des réponses recueillies, l’enquête CEVIPOF-AMF donne un aperçu du moral des maires en octobre 2020. Mobilisés tour à tour par la campagne municipale puis l’état d’urgence sanitaire depuis le printemps dernier, les édiles expriment un certain nombre de réserves sur leur rôle et parfois leur impuissance à œuvrer pour le bien commun. Leur résilience sera mise à rude épreuve au cours des prochains mois lorsqu’il s’agira de faire un bilan de leurs marges de manœuvre fi nancière pour répondre à des demandes sociales non assurées par l’État et continuer à faire vivre la démocratie municipale. »

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