Précarité énergétique : une situation qui devrait s’aggraver

Publié le 22 janvier 2021

Le 14 janvier 2021, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) publie le « Tableau de bord de la précarité énergétique Édition 2020 ».

En 2019, la précarité énergétique a affecté 3,5 millions de ménages, soit 11,9% des foyers et 30% des plus pauvres, et la situation pourrait s’aggraver sous l’effet de la crise sanitaire et sociale.

L’augmentation du nombre de ménages ayant souffert du froid l’hiver dernier, en particulier les 18-34 ans, est jugé particulièrement inquiétant. Les chiffres du Médiateur de l’énergie cité dans ce tableau de bord indiquent que 14% des Français ont déclaré avoir été dans ce cas, pendant au moins 24 heures au cours de l’hiver 2019. Pour 4 ménages sur 10, c’est à cause d’une mauvaise isolation thermique de leur logement. L’ONPE note que le nombre de ménages rencontrant des difficultés de paiement de l’énergie a aussi augmenté, passant de 10% en 2013 à 18% en 2020, avec une hausse des interventions pour coupures. En 2019, 671.546 ménages ont vu l’intervention d’un fournisseur d’énergie pour cause d’impayés (+ 17% par rapport à 2018).

Pour 2020, les mesures de confinement ont eu des conséquences encore plus importantes pour les foyers en précarité énergétique, ajoute le bilan. La suspension de paiement des factures durant une trêve hivernale rallongée laisse craindre une explosion des impayés et demandes d’aides aux services sociaux. Quant au confinement, il a favorisé la cohabitation contrainte dans des logements inconfortables, tandis que les travaux d’amélioration des logements étaient freinés.

Préface du tableau de bord :

« Le tableau de bord 2020 de la précarité énergétique montre une situation contrastée sur ces deux dernières années. D’après l’indicateur basé sur le taux d’effort énergétique, 3,5 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique en France. Cet indicateur est en léger recul par rapport à 2018 mais il ne préjuge pas de la situation des plus pauvres.    

 Il est notamment la résultante d’une baisse de la consommation moyenne d’énergie par logement, et d’un déploiement massif des chèques énergie envoyés à 5,7millions de ménages pour compenser la hausse progressive du prix des énergies. Certaines propositions issues de la Convention Citoyenne pour le Climat ont aussi permis des avancées, telle la mise en œuvre d’un système progressif d’aides à la rénovation, avec des prêts et des subventions, illustré par le déploiement de la campagne FAIRE proposant un accompagnement aux travaux de rénovation et le lancement de ma PrimeRenov sur l’ensemble du territoire national. Ces dispositions ont certes ralenti la montée de la précarité énergétique sur les trois premiers déciles mais elles ne semblent pas suffisantes pour la réduire drastiquement, d’autant que certains boucliers sociaux tels les fonds solidarité logement (FSL) ou les aides directes des associations caritatives visent de moins en moins de bénéficiaires en raison d’une baisse des contributions des financeurs (fournisseurs, CAF et Conseils Départementaux) et de recentrages vers des publics prioritaires. Et les chiffres 2020 liés à l’impact de la crise sanitaire confirment ces tendances, les associations et les acteurs du terrain alertant sur d’impossibles choix budgétaires pour des ménages dont le pouvoir d’achat est en baisse constante. Garder son logement implique pour ces ménages des arbitrages, des renoncements, des privations, et un recours croissant aux aides d’urgence pour éviter l’endettement, les coupures d’énergie et les expulsions. Quels enseignements en tirer ? Sans doute une difficulté à cibler les ménages les plus touchés, comme les locataires et les jeunes qui sont davantage préoccupés par la préservation de leur pouvoir d’achat que par la rénovation de leur logement. Au-delà de la mobilisation de ses partenaires et des outils d’aide à la décision proposés par l’ONPE, nous devons plus que jamais créer des synergies pour trouver des modes d’intervention plus adaptés à ces situations afin d’amortir cette crise économique et sanitaire qui fragilise d’abord les populations les plus précaires et risque de les faire basculer demain dans des situations de grande pauvreté. »

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