Passe sanitaire et bibliothèques

Publié le 17 septembre 2021

L’imposition trop généralisée du passe sanitaire fait couler beaucoup d’encre et suscite de nombreuses contestations. Par exemple, la justice a été appelée à trancher la question de l’accès aux grandes surfaces commerciales qui a obligé le gouvernement à assouplir sa position.

A Grenoble dès le 13 août, le maire a écrit au ministre de la santé pour lui demander une dérogation pour les établissements recevant du public de petite jauge (moins de 50 personnes), dont font partie notamment les bibliothèques. Pas de réponse.

Le 31 août c’est une demande à la ministre de la culture au préfet de l’Isère, mais sans plus de succès à ce jour. D’autres villes ont écrit des courriers dans le même sens au gouvernement (Lyon, Villeurbanne, Strasbourg…), sans réponses non plus. Ce mépris des autorités qui prennent des décisions impactant la vie des citoyens et l’accès aux services publics est décidément une marque de fabrique de ce gouvernement.

Des personnels des bibliothèques de Grenoble font grève depuis le 24 aout contre cette obligation du passe sanitaire en mettant en cause le maire de Grenoble, lui demandant de ne pas faire appliquer cette règle imposée par la loi et les décrets. Il y a eu plusieurs rencontres entre l’adjoint au maire chargé du personnel et les organisations syndicales qui ont permis de traiter les questions de conditions de travail et de sécurisation des missions des agents contrôlant le passe. Mais une partie minoritaire du personnel poursuit cette grève qui a pour conséquence de parfois entrainer une fermeture du service public. Certains agent-es s’autorisent, quand ils-elles ne sont pas en grève, à refuser de contrôler le passe sanitaire, ce qui engendre des tensions dans les équipes concernées.

Aussi le 9 septembre le maire transmet une lettre aux organisations syndicales pour leur rappeler les règles qui s’imposent aux agents des bibliothèques et au maire d’une commune, en voici des extraits :

«… je ne me « décharge » en aucun cas sur les agents des bibliothèques qui suivent votre mouvement de l’opposition au passe sanitaire. Bien au contraire, accepter que les agents des bibliothèques n’appliquent pas le contrôle du passe sanitaire serait leur demander de s’opposer à une loi de la République, votée par le Parlement et validée par le Conseil constitutionnel. C’est bien cette situation qui les mettrait dans une situation de mélange des genres entre leur liberté politique de citoyen-nes et leur engagement de fonctionnaires dont le statut prévoit, dans un but de protection des services publics comme des agents, une obligation de neutralité et de continuité du service public.
Ma responsabilité, implique le respect des lois républicaines, à l’instar de l’obligation qui revient à tout fonctionnaire. Je tiens à souligner que depuis le début de la crise sanitaire, si j’ai régulièrement critiqué l’incohérence des mesures du gouvernement ou sa méthode, je n’ai jamais appelé à la non application de la loi ou des décrets. J’agis en mobilisant le réseau des grandes villes de France, en sollicitant le Gouvernement, la Préfecture…

C’est ce que j’ai fait sur les bibliothèques : courrier au Ministre de la santé, courrier à la Ministre de la culture, courrier au Préfet, courriers dont vous avez eu communication par Pierre Mériaux dès leur envoi conformément à nos pratiques de transparence dans le dialogue social…

Je tiens à souligner que des agents qui ne font pas grève continuent de refuser d’appliquer le passe sanitaire alors que le mouvement de grève est en cours et que nous veillons au strict respect du droit de grève en procédant tous les jours aux évaluations de charge et fermetures de bibliothèques nécessaires pour garantir la sécurité des agents dans les équipements restant ouverts. Ce refus perdure donc, au-delà des tous premiers jours de tolérance liée au caractère nouveau de la mesure imposée par la loi et le décret du 7 août, et malgré le courrier du DGS et les rencontres entre l’adjoint au personnel et l’intersyndicale.

Je ne peux pas accepter qu’un service public fonctionne avec d’un côté des agents qui effectuent leurs missions et de l’autre des agents le refusant, alors qu’elles relèvent de la loi.
Accepter que des agents ne contrôlent pas le passe sanitaire revient également à faire porter la charge de ce travail aux autres, voir à fermer des équipements. Or, contrairement à ce que vous avez pu dire lors d’une réunion, je ne considère pas qu’une bibliothèque fermée soit préférable à une bibliothèque ouverte sous réserve de présentation du passe sanitaire.

Enfin, en tenant aussi compte de la récente extension de ce mouvement de protestation à d’autres communes iséroises, je vous informe que je suis intervenu auprès de la Préfecture pour faciliter l’obtention d’un rendez-vous rapide, si vous souhaitez faire part directement de vos revendications au représentant de l’Etat qu’est le Préfet. Car in fine seul l’Etat, dans sa compétence régalienne de santé publique, est en capacité de faire évoluer les modalités
d’accès aux bibliothèques. »

A ce jour il semble que cette proposition de médiation auprès du représentant de l’Etat n’ait toujours pas été saisie par l’intersyndicale, qui n’a toujours pas été rencontrer le préfet ni les députés LREM qui ont voté la loi imposant ces pass. Ce refus de fait de s’adresser aux interlocuteurs directement concernés est pour le moins étonnant et conduit à s’interroger sur les motivations profondes des responsables de ce mouvement…  

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