L’apprentissage profite peu aux jeunes défavorisés

Publié le 15 octobre 2021
Sénat

C’est ce que confirme une mission d’information du Sénat sur la politique en faveur de l’égalité des chances et de l’émancipation de la jeunesse dont un des chapitres est consacré à l’apprentissage. La croissance des contrats a surtout profité aux étudiants en formations supérieures. Seuls 6 % des contrats d’apprentissage visaient l’obtention d’un titre de niveau 1 (savoirs de base) et 8,5 % un titre de niveau 2 (savoirs professionnels), alors que 20 % des contrats visaient l’obtention d’un diplôme au moins équivalent à la licence et 20 % au BTS.

« De longue date, la politique d’insertion professionnelle des jeunes se traduit par la mise en place de nombreux dispositifs, répondant à des statuts ou des objectifs spécifiques, mais qui jusqu’à présent n’ont pas permis d’accélérer de manière décisive l’accès des jeunes à l’emploi après leur sortie d’études. Lancé en réponse à la crise sanitaire, le plan « 1 jeune 1 solution » permet à un nombre accru de jeunes d’en bénéficier, mais ses effets ne seront que temporaires si les moyens qui lui ont été affectés ne sont pas pérennisés.

1. La progression de l’apprentissage ne profite que partiellement aux jeunes les plus éloignés de l’emploi.

De multiples dispositifs relevant du droit commun visent à permettre l’insertion des jeunes sans cibler particulièrement les Neet (ni en emploi, ni en étude, ni en formation).

L’apprentissage constitue une voie vers l’emploi que les pouvoirs publics cherchent à promouvoir, notamment en faveur des jeunes pour lesquels l’enseignement scolaire classique n’est pas adapté. Ce mode de formation permet en outre à l’apprenti de bénéficier d’un revenu, ce qui peut constituer un facteur décisif pour les jeunes issus de milieux modestes.

La réforme mise en œuvre par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel visait à faciliter le recours à l’apprentissage en le rendant plus souple. Un contrat d’apprentissage peut ainsi désormais être conclu avec un jeune jusqu’à 29 ans et en cours d’année. Sa durée peut être modulée pour tenir compte du niveau initial des compétences du jeune.

Le dispositif de prépa-apprentissage vise par ailleurs à permettre aux jeunes les plus éloignés de l’emploi de bénéficier d’un parcours d’accompagnement dans un centre de formation d’apprentis (CFA) pendant une durée allant de quelques jours à plusieurs mois.

Cette réforme, couplée à une conjoncture favorable, a entraîné une forte progression du recours à l’apprentissage, le nombre de contrats conclus ayant atteint le niveau record de 525 600 en 2020, soit 42 % de plus qu’en2019 et 64 % de plus qu’en2018.

Pour autant, cette progression semble ne profiter que partiellement aux publics les plus éloignés de l’emploi. En effet, en2020, selon les chiffres fournis à la rapporteure par la DGEFP, seuls 6 % des contrats d’apprentissage visaient l’obtention d’un titre de niveau 1 (savoirs de base) et 8,5 % un titre de niveau2 (savoirs professionnels).

À l’inverse, 20 % des contrats visaient l’obtention d’un diplôme au moins équivalent à la licence et 20 % au BTS. Alors que les contrats permettant de préparer une formation du supérieur comptaient pour un peu moins de 4 entrées sur 10 en2018, ils en représentent près de 6 sur10 en 2020. Le nombre d’entrées sur des niveaux de formation équivalents au CAP ne progresse que très modérément (+7 % de 2019 à 2020). »

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