L’élection présidentielle a montré que la majorité du pays ne voulait pas de l’extrême droite. Le premier tour a montré que le pays ne voulait pas de la politique de Macron, ni d’un nouveau mandat d’inaction climatique et sociale. Maintenant les élections législatives décideront de la composition politique de l’Assemblée nationale et donc de celle du gouvernement, des lois qui seront prises pendant cinq ans, du contrôle ou de l’absence de contrôle parlementaire.
Les élections législatives sont très différentes de l’élection présidentielle, il y a beaucoup moins de participation et de très nombreux candidats par circonscription pour permettre aux mouvements politiques de se voir attribuer un financement public pendant cinq ans. La règle des 12,5% des inscrits pour être qualifié pour le deuxième tour si le candidat n’est pas dans les deux premiers, rendra les triangulaires assez rares.
Au vu des résultats de l’élection présidentielle et des législatives précédentes, la seule chance pour le camp progressiste de gauche et écologiste de pouvoir espérer avoir une importante présence à l’assemblée (voire une majorité) est de ne présenter qu’une seule candidature dans chaque circonscription.
L’ADES mouvement politique local pour la Démocratie, l’Écologie et la Solidarité qui porte depuis de très longues années la culture unitaire entre la gauche et les écologistes, entre le rouge et le vert, lance cet appel à la responsabilité unitaire dans le respect du pluralisme politique, seule garantie contre la défaite :
Pour une seule candidature de gauche et écologiste dans chacune des circonscriptions.
Pour une assemblée nationale qui ne soit pas une chambre d’enregistrement.
Pour une autre politique réellement de gauche et écologiste et un mandat d’action climatique et sociale.
Rappels des différences entre élections législatives et présidentielle
Depuis la funeste décision de Lionel Jospin, qui gouvernait en cohabitation avec Chirac, de lier les élections législatives à l’élection présidentielle, l’Assemblée nationale est devenue encore plus une assemblée de godillots au service du président élu. Malgré de nombreux appels à passer à la proportionnelle, on se retrouve encore dans cette même situation en juin 2022.
La différence c’est que le corps électoral se répartit en quatre grands courants : les abstentionnistes et votes blancs et nuls, la droite macroniste qui a absorbé la droite traditionnelle, l’extrême droite, et une gauche assez éclatée mais qui a préféré donner ses voix à Mélenchon dans un réflexe de vote efficace lors du 1er tour.
Des règles à connaître
Il est important de connaitre les règles des élections législatives pour pouvoir agir dans les meilleures conditions.
Pour accéder au deuxième tour, dans chaque circonscription, seuls les deux premiers candidats du premier tour sont admis automatiquement au second tour, ainsi que ceux qui dépasseraient les 12,5 % des inscrits. Comme aux législatives il y a en général que 50 % de votants, cela imposera aux candidat.es de dépasser les 25 % des exprimés pour être sûr de pouvoir participer au 2ème tour et éventuellement être élu.es.
Cette règle créerait l’illusion qu’il pourrait y avoir de nombreuses triangulaires, mais une autre donnée est importante à prendre en compte.
Le financement public des partis politiques, pendant cinq ans, est lié à la présence de nombreux candidats au 1er tour des législatives, puisque chaque voix récupérée sous une même étiquette permet de recevoir durant le mandat des députés une dotation de l’Etat proportionnelle au total de ces voix. La seule condition est de présenter au moins 50 candidats qui dépassent 1% des exprimés. Une deuxième dotation s’ajoutera ensuite en fonction du nombre de parlementaires élu.e.s (député.es et sénateur.trice.s).
C’est pour cette raison qu’un nombre important de candidat·es sont présent.es au 1er tour. Par exemple dans l’Isère le nombre de candidat.es a évolué de 9 à 15 sur les 10 circonscriptions. Cette dispersion des voix fait diminuer le pourcentage des candidats pouvant atteindre 12,5% des inscrits.
En conséquence, si dans le bloc de gauche et écologiste il n’y a pas un accord qui règle correctement cette question de répartition des candidats, tout en tenant compte du financement politique, il y aura dispersion des voix et ce sera l’assurance d’un échec.
D’autant plus qu’il y a une différence entre les votes exprimés lors de la présidentielle et lors des législatives où les situations locales comptent beaucoup plus en fonction de la notoriété des candidat·es
Rappel des votes dans les 10 circonscriptions de l’Isère :
Dans le tableau suivant sont indiqués pour chaque circonscription de l’Isère, les votes exprimés lors de la présidentielle de 2022, la participation en 2017 et le nombre de candidat·es.
Nous avons défini ainsi les trois familles de suffrage :
- La gauche regroupe les voix de tous les candidat·es de gauche et écologiste, du PS et de l’extrême-gauche.
- La droite regroupe Macron plus Pécresse et Lassalle.
- L’extrême-droite : Le Pen, Zemmour et Dupont Aignan
On peut croire que la gauche a des chances dans au moins les 5 premières circonscriptions au vu les résultats de la présidentielle, si elle se présente unie.
| Circonscriptions Isère | Sortant | 2022 Gauche | 2022 Droite (dont Macron) | 2022 Extrême droite | 2017 % exprimés/ inscrits | 2017 nombre candidats |
| 1 | LREM Véran | 41,59 | 40,25 | 18,16 | 54,94% | 15 |
| 2 | LERM Colas Roy | 40,74 | 31,23 | 28,03 | 45,42% | 15 |
| 3 | LREM Chalas | 48,86 | 29,18 | 21,96 | 45,96% | 14 |
| 4 | PS Battistel | 35,48 | 34,51 | 30,01 | 49,31% | 13 |
| 5 | LREM Kamowsky | 36,82 | 34,48 | 28,69 | 54,39% | 12 |
| 6 | LREM Motin | 25,74 | 31,99 | 42,27 | 46,32% | 11 |
| 7 | LREM Limon | 26,39 | 32,94 | 40,67 | 48,17% | 9 |
| 8 | LREM Abadie | 28,22 | 34,06 | 37,71 | 46,28% | 10 |
| 9 | LREM Jacquier-Lafforge | 33,31 | 34,81 | 31,89 | 48,59% | 9 |
| 10 | LREM Meynier-Millefert | 30,44 | 30,91 | 38,65 | 44,42% | 14 |
Mais il y a parfois de fortes différences entre le vote lors de la présidentielle et des législatives.
Dans le tableau suivant est indiqué pour l’année 2017, les votes pour Mélenchon à la présidentielle, les votes pour les candidats LFI au 1er tour des législatives, le total des voix de gauche au 1er tour de la présidentielle et le total des voix de gauche au 1er tour des législatives.
Une première constatation est qu’il y a une certaine constante entre les voix de gauche à la présidentielle et aux législatives. Les circonscriptions où il y a le plus de voix de gauche aux législatives ce sont des circonscriptions où un sortant était PS (3ème et 8ème) ou une circonscription anciennement PS (Migaud) la 4ème qui sera récupérée par une PS : Battistel.
Un deuxième constat c’est que LFI ne retrouve pas aux législatives les voix de Mélenchon des présidentielles …
| Circonscriptions Isère | 2017 Vote Mélenchon | 2017 vote LFI législatives | 2017 gauche présidentielle | 2017 gauche législative |
| 1 | 20,46 | 10,49 | 30,25 | 27,14 |
| 2 | 25,82 | 11,12 | 34,69 | 34,15 |
| 3 | 28,48 | 14,71 | 39,41 | 42,28 |
| 4 | 21,28 | 11,04 | 30,22 | 37,91 |
| 5 | 21,55 | 13,26 | 31,01 | 31,75 |
| 6 | 16,14 | 9,95 | 22,09 | 22,32 |
| 7 | 17,54 | 13,08 | 24,1 | 21,54 |
| 8 | 17,62 | 10,72 | 24,52 | 29,88 |
| 9 | 20,04 | 13,24 | 28,4 | 27,94 |
| 10 | 19,34 | 11,36 | 26,27 | 28,3 |
Par ailleurs il y a un effet pervers pour la gauche et les écologistes de la forte diminution du vote pour l’extrême droite entre la présidentielle et les législatives (voir le tableau suivant), même si cela est bien sûr positif en soit. Mais du même coup la récupération de ces votes va à la droite macroniste notamment (avec le raz de marée qu’on a connu vers les candidats LREM). Ceci est dû à la faible implantation locale du RN (même s’il en était de même pour LREM, mais la nouveauté compensait). Il est probable que ce soit encore le cas en 2022. Le raz de marée macroniste ne sera cependant pas le même vu le niveau de rejet de la politique du quinquennat sortant même si Jupiter Macron va faire une campagne très intense pour essayer d’enrayer un vote massif à gauche. Nous espérons que le matraquage de slogans mielleux de bonnes intentions, ni les faux engagements ne toucheront pas trop les électeurs de gauche et écologistes.
| 2017 Circonscriptions Isère | 2017 Extrême-droite présidentielle | 2017 Extrême-droite législatives |
| 1 | 12,4 | 6,8 |
| 2 | 24,7 | 15,04 |
| 3 | 20,37 | 11,99 |
| 4 | 26,18 | 14,33 |
| 5 | 25,5 | 14,06 |
| 6 | 38,61 | 27,22 |
| 7 | 36,81 | 21,68 |
| 8 | 33,29 | 20,25 |
| 9 | 27,91 | 15,53 |
| 10 | 35,35 | 21,93 |
En conclusion, aux prochaines législatives des 12 et 19 juin 2022 : l’unité sinon rien !
Les différentes composantes doivent pouvoir se présenter dans une campagne positive pour une vraie alternative. Mélenchon et LFI détiennent les clefs de ce rassemblement qui ne peut pas être une absorption dans un mouvement unique, lequel aurait vraisemblablement demandé des années de construction. Il est donc indispensable d’avoir dans chaque circonscription une candidature unitaire de gauche et écologiste en privilégiant les situations locales et en respectant une répartition nationale.
