Le deuxième tour sera crucial pour l’avenir des politiques publiques dans notre pays et comme les résultats en nombre de sièges de député.es seront très variables en fonction de faibles évolutions des rapports de force politiques dans chaque circonscription, il s’agit d’une situation où le moindre vote dans un sens ou dans l’autre pourra être déterminant.
Voilà une bonne raison pour que les abstentionnistes se mobilisent pour faire pencher la balance pour une politique plus sociale, plus écologique et plus démocratique en votant pour les candidats NUPES dans les circonscriptions de l’Isère ou contre l’extrême-droite, quand il n’y a plus de candidat de gauche et écologiste au deuxième tour.
Et pourquoi ne pas espérer un grand chelem dans les cinq circonscriptions qui intéressent l’agglomération grenobloise…
Analyse des résultats du premier tour
Globalement une abstention record mais avec une progression ralentie par rapport aux reculs des élections précédentes.
| Abstentions | 2012 | 2017 | 2022 |
| Par rapport aux inscrits | 42,78 % | 51,3 % | 52,49 % |
| En millions d’inscrits | 19,7 | 24,4 | 25,7 |
Il est à craindre que l’abstention augmente au deuxième tour, car la disparition de nombreux candidats entre les deux tours pousse des électeurs à s’abstenir. Un autre scénario est possible, telle qu’une compensation des votes d’abstentionnistes qui seraient motivés par l’enjeu politique de cette élection.
A Grenoble, l’abstention a légèrement reculé entre 2017 et 2022, elle passe de 50,3% à 48,2% soit presque 1000 votants de plus.
Au niveau national il faut saluer le succès de la NUPES qui passe en tête, malgré les « tripatouillages » du ministre de l’intérieur qui a tout fait pour que la majorité sortante apparaisse « grande première » alors que des indications indépendantes (notamment du Monde) donnent la NUPES légèrement en tête (26,1%) par rapport à Ensemble (LREM, Modem, Horizon à 25,8%).
Les grandes évolutions politiques en cinq ans de macronisme : la France reste très à droite.
Une très forte montée de l’extrême-droite (plus 9,4 points) au détriment de la droite (dont Macron) et une légère progression de la gauche qui récupère des déçus du macronisme, mais elle reste minoritaire avec un peu plus de 32 %
| Evolutions en France | Gauche | Droite | Extrême droite |
| 2017 | 28,3% | 53,9% | 14,7% |
| 2022 | 32,7% | 40,3% | 24,1% |
En 2017, LREM et le Modem atteignaient 32,3%, en 2022 Ensemble (LREM, Modem et Horizon) plafonne à 25,8% soit une perte de 6,5 points.
Les Républicains et l’UDI perdent 7,5 points passant de 18,8% à 11,3%
Le Rassemblement National passe de 13,2% à 18,8 % malgré la concurrence de Zemmour
A Grenoble les évolutions sont amplifiées avec un fort retour à gauche de nombreux électeurs partis chez Macron (plus 12 points) en 2017 et une augmentation de seulement 3 points de l’extrême droite.
| Evolutions Grenoble | Gauche | Droite dont LREM | Extrême droite |
| 2017 | 42,1% | 50,3% | 7,5% |
| 2022 | 54,1% | 33,3% | 10,8% |
La comparaison de la participation à l’élection législative par rapport à la présidentielle sur l’ensemble des bureaux de vote de Grenoble en 2022 montre une liaison très forte concernant la participation bureau par bureau lors des deux élections. Sur le graphique suivant, la droite de corrélation est très éloignée d’une droite passant par l’origine. Dans les quartiers à bonne participation, il y avait 80 % de votants à la présidentielle il n’y en a plus que 60 % à la législative. Si ce comportement était linéaire, cela indiquerait que s’il y avait une participation de 50 % à la présidentielle il devrait y avoir environ 38 % de participation à la législative or il n’y en a que 20 %. Ce sont les quartiers les plus populaires qui traditionnellement votent le moins qui se sont à nouveau, massivement abstenus.
La chute de participation est historique dans les quartiers les plus populaires. Dans le tableau on observe une similitude de cette chute à Mistral (Anatole France 1) et au Village Olympique en comparaison avec deux quartiers où la participation est traditionnellement plus forte à Vieux Temple et l’Ile Verte. Ces chiffres représentent le rapport de la participation dans le bureau de vote par rapport à la moyenne de la participation dans toute la ville.
| Rapport de participation/moyenne de la ville | Municipale | Municipale | Municipale | Municipale | Municipale | Législative |
| 1er Tour | 1995 | 2001 | 2008 | 2014 | 2020 | 2022 |
| Anatole France 1 | 81% | 70% | 68% | 60% | 42% | 33% |
| Village Olympique | 92% | 89% | 79% | 65% | 49% | 47% |
| Vieux Temple 2 | 108% | 122% | 120% | 115% | 124% | 124% |
| Ile Verte 2 | 103% | 112% | 113% | 115% | 109% | 115% |
A Grenoble il y a quelques leçons politiques à tirer du premier tour, c’est d’abord une défaite du clan Carignon. Ses deux candidats dans la première et troisième circonscription (Mme Boer et M. Chapet) dépassent difficilement 5% !
Un important recul de Véran qui perd 10 points en 5 ans et de Mme Chalas qui perd environ 12 points, il s’agit d’un recul beaucoup plus important qu’au niveau national pour les macronistes.
Dans les cinq circonscriptions qui intéressent l’agglomération, les duels du second tour se limitent à NUPES contre Ensemble et il n’est pas totalement impossible de voir NUPES faire un grand chelem, même si ça semble difficile.
Sur le papier, les macronistes d’Ensemble ont plus de possibilités de trouver des reports de voix d’électeurs ayant votés pour des candidats éliminés. Mais l’anti-macronisme « viscéral » peut jouer des tours.
Et si des abstentionnistes se réveillaient et voyaient que leur vote peut sanctionner les sortants, cela pourrait changer l’issue de cette élection localement.
Les deux circonscriptions où il y a le moins de suspens, sont la troisième et la quatrième où le niveau atteint par les candidates NUPES est très élevé (plus de 40%) et les écarts avec les candidates macronistes sont très importants (elles obtiennent moins de 25%).
Sur la première circonscription, le sous-ministre Véran n’avait pas prévu un deuxième tour assez incertain.
La deuxième circonscription devrait renvoyer à ses études le candidat macroniste et sur la cinquième le deuxième tour est incertain mais il faut noter que la candidate macroniste, n’avait pas de concurrent de droite donc contrairement aux autres circonscriptions elle peut manquer de reports de voix.
Dans la métropole grenobloise :
Sur les 49 communes, la NUPES atteint 38,24% des exprimés, les macronistes seulement 30%, LR même pas 5% soit 34,5% pour la droite et l’extrême droite atteint presque 18 %.
Les 49 maires se répartissent en 6 groupes d’élu-es :
- 4 groupes majoritaires : Une Métropole d’Avance (UMA) écologistes et gauche citoyenne, Communes Coopération et Citoyenneté (CCC) communistes, Arc des Communes en Transitions Ecologiques et Sociales (ACTES) PS et apparentés, Notre Métropole commune (NMC) les petites communes de la majorité.
- 2 groupes de la minorité : Métropole Territoires de Progrès Solidaire (MTPS) macronistes officiels, Communes au Cœur de la Métropole (CCM) droite LR.
Voici les répartitions des votes dans ces communes : A noter que NUPES fait plus de voix dans le groupe des macronistes que dans les petites communes et même dans le groupe ACTES. La droite au sens large (LR et Ensemble) domine chez ACTES et l’extrême droite à NMC et CCM.
| Communes suivant le groupe politique du maire | UMA | CCC | ACTES | NMC | MTPS | CCM |
| NUPES | 44,42% | 37,89% | 34,04% | 31,39% | 36,43% | 28,37% |
| Droite dont macronistes | 33,65% | 28,49% | 40,85% | 34,47% | 32,01% | 37,04% |
| Extrême droite | 13,49% | 20,91% | 17,42% | 23,12% | 20,08% | 23,71% |
Mots-clefs : analyses électorales, élections, législatives, métropole
