C’est le titre du rapport annuel de 370 pages couvrant l’année 2021 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Cette commission exerce sa mission en toute indépendance, fixée par la loi du 5 mars 2007. Elle est composée de représentants des organisations non gouvernementales spécialisées dans le domaine des droits de l’Homme, du droit international humanitaire ou de l’action humanitaire, d’experts siégeant dans les organisations internationales compétentes dans ce même domaine, de personnalités qualifiées, de représentant.es des principales confédérations syndicales, de la Défenseure des droits, ainsi que d’un.e député.e, d’un sénateur-trice et d’un.e membre du Conseil économique, social et environnemental désigné.es par leurs assemblées respectives.
Le bilan est alarmant : les Français sont « plus tolérants », mais les actes racistes sont plus nombreux que jamais, 1,2 million de personnes seraient victimes chaque année d’au moins une atteinte à caractère raciste.
« AVANT-PROPOS
Alors que l’on fête cette année les 50 ans de la loi du 1er juillet 1972, dite « loi Pleven», qui a créé les délits spécifiques d’injure et de diffamation à caractère raciste ainsi que la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale, force est de constater que les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu pour autant de l’espace public et médiatique. Ravivées par des mois de crise sanitaire, les théories complotistes antisémites se déploient largement sur Internet et les réseaux sociaux, qui leur offrent une caisse de résonnance tristement efficace. Propos et discours à caractère haineux sur la place et le rôle de « l’Étranger » se sont également multipliés tout au long d’une campagne présidentielle marquée par le retour obsessionnel des thématiques migratoire et sécuritaire, venant renforcer réflexes de fermeture et de repli xénophobes.
Paradoxalement pourtant, malgré la montée d’un sentiment d’insécurité, accentué par le risque d’instabilité économique et le contexte international, l’indice longitudinal d’acceptation des minorités, instrument phare de notre rapport depuis plus de 30 ans, n’indique pas de poussée d’intolérance. Certains groupes restent toutefois particulièrement stigmatisés, notamment les populations roms, numériquement si faibles, confrontées aux préjugés les plus tenaces et les plus assumés, et à des discriminations concrètes et des difficultés cumulées dans leur accès aux droits.
Si des progrès ont par ailleurs été accomplis dans la gestion du contentieux raciste, les chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg, et le chemin des victimes reste pavé d’obstacles, à commencer par la difficulté à déposer plainte. Constatant régulièrement l’importance des faits non déclarés et le grand nombre de victimes qui, par appréhension ou méconnaissance de leurs droits, ne portent pas plainte, la CNCDH rappelle la nécessité d’agir sur plusieurs fronts complémentaires – tant sur le volet préventif que judiciaire, tant en termes de formation qu’en termes de mobilisation des autorités publiques.
Dans ce rapport, la CNCDH formule cinquante-cinq recommandations dont douze dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur, invitant notamment à repenser et à renforcer la sensibilisation et la formation. Persuadée que la prévention la plus efficace du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de toutes les formes de discrimination est celle qui s’adresse aux plus jeunes des citoyens, la CNCDH souligne l’importance de l’éducation aux droits humains et réaffirme son engagement dans cette mission. »
Mots-clefs : Lutte contre l'extrême-droite, racisme