A l’occasion de la COP27, de nombreux appels se font jour pour tirer le signal d’alarme, la trajectoire actuellement emprunté par la planète et un réchauffement global moyen de 2,5°C à la fin du siècle, au lieu des 1,5°C qui étaient visés pour éviter des dégâts trop importants que nous connaissons dès maintenant avec une augmentation de seulement 1,1°C (inondations , sécheresses, ouragans, mégafeux, destruction massive de la biodiversité, crise sur l’alimentation en eau, famines, disparition des glaciers…)
L’adaptation aux changements climatiques doit devenir une priorité mondiale, indique un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) publié le 3 novembre.
« Les risques climatiques augmentent
Une sécheresse qui dure depuis plusieurs années dans la Corne de l’Afrique, des inondations sans précédent en Asie du Sud et de fortes chaleurs estivales dans l’hémisphère nord témoignent de la montée des risques climatiques. Ces conséquences surviennent à seulement 1,1°C au-dessus des températures préindustrielles.
Selon le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, la publication conjointe au rapport sur le déficit en matière d’adaptation aux changements climatiques récemment publié, les contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’accord de Paris prévoient un réchauffement de la planète de 2,4 à 2,6 °C d’ici à la fin du siècle. Selon les recherches du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les risques climatiques s’intensifieront avec chaque dixième de degré supplémentaire…
14 maires de gauche et écologistes de grandes villes demandent aux banques de se détourner des énergies fossiles, dans une tribune au Journal du Dimanche du 5 novembre, il s’agit des maires et présidents de Paris, Lyon, Grenoble, Rennes, Bordeaux, Strasbourg, Poitiers, Annecy, Arcueil, Besançon, Bourg-en-Bresse, métropole de Lyon, Grand Poitiers, Tours et Villeurbanne.
« Il n’y a aucun doute : les activités humaines causent un réchauffement planétaire qui a des impacts désastreux et croissants sur les populations partout dans le monde. Ce phénomène intervient aujourd’hui au sein d’un monde fortement inégalitaire, alors que la crise du coronavirus a fait basculer des centaines de millions de personnes dans la pauvreté. Le dérèglement climatique et les inégalités tuent, et tueront d’autant plus que nous échouons à respecter les engagements de l’Accord de Paris. Cette réalité, nous en voyons déjà les effets sur nos territoires et nos administrés.
Elle menace notre santé, nos modes de vie et de production et nos infrastructures. Nous nous devons d’y répondre avec détermination. Si, alors que la crise du coronavirus frappait durement les ménages, le gouvernement et les grandes entreprises juraient la main sur le cœur mettre en place un plan de relance durable pour un nouveau monde, ces belles paroles se sont vites révélées creuses.
Le « monde d’avant » a repris ses droits, et des milliards d’euros d’argent public sont venus alimenter les revenus des plus riches et des grands pollueurs. Nous, collectivités, faisons la preuve qu’un autre monde est effectivement possible. Nous agissons à notre niveau, en promouvant un développement durable respectueux de l’environnement et moins émetteurs de gaz à effet de serre à l’échelle locale, mais aussi en finançant ces actions grâce à des partenaires bancaires plus responsables.
Lorsque nous empruntons, nous mettons et mettrons désormais en concurrence les différentes banques sur des critères à la fois financiers et extra-financiers, dont des critères concernant la fin du soutien au développement des énergies fossiles et aux paradis fiscaux, et en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Nous assurons ainsi la cohérence entre nos pratiques territoriales, nos choix financiers et leurs impacts environnementaux mondiaux. Nous participons aussi au mouvement de transition énergétique et sociale qui permettra d’améliorer la qualité de vie des Français tout en les protégeant des fluctuations des prix de l’énergie liées à la dépendance aux énergies fossiles. C’est dans cette démarche et pour ces raisons que nous appelons formellement les acteurs financiers à cesser de soutenir le développement du charbon, du pétrole et du gaz1.
A l’aune de la COP27, personne ne doit l’ignorer : les énergies fossiles sont le principal moteur du changement climatique, leurs extractions s’accompagnent souvent d’une dévastation de l’environnement et de la biodiversité, d’un nom respect des droits humains et d’une intensification des conflits. Alors que consommer le charbon, le pétrole et le gaz issus des mines et puits actuellement exploités entrainerait un réchauffement dépassant largement les 1.5°C2 , les acteurs financiers continuent de soutenir massivement3 les entreprises qui développent de nouveaux projets pétro-gaziers.
Mettre fin à cette fuite en avant est une priorité environnementale et sociale. Aujourd’hui plus que jamais, il est temps d’amorcer une véritable transformation de l’économie, vers un modèle plus juste et plus durable. L’urgence sociale et climatique est bel et bien là, mais la crise climatique et les inégalités qui prospèrent ne sont pas une fatalité. Les collectivités peuvent – et doivent – apporter des solutions à l’échelle locale et globale.
Exiger de ceux auprès desquelles elles se financent de ne pas soutenir activement la destruction de l’environnement et de la planète en fait partie. Nous espérons que de plus en plus de collectivités se joindront à nous et montreront ainsi – à nouveau – qu’elles sont des acteurs centraux de la transition écologique et sociale française et internationale.
- Il s’agit ici de mettre fin à tous services financiers bénéficiant aux nouveaux projets de production d’énergies fossiles et/ou aux entreprises qui les développent, ainsi qu’à tout projet de production d’électricité à partir de charbon et/ou aux entreprises qui les développent. Ces entreprises peuvent être identifiées en utilisant la Global Oil and Gas Exit List (GOGEL) et Global Coal Exit List mis en accès libre par l’ONG allemande Urgewald et déjà utilisées par de nombreux acteurs financiers.
- Ces éléments sont précisés par le GIEC dans un rapport de travail portant sur l’atténuation du changement climatique. Ils sont aussi analysés en détail dans une étude spécifique publiée en mai 2022 chez Environmental Research : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6228/pdf
- Voir les données du rapport Banking on Climate Chaos publié annuellement par une coalition d’ONG internationales (https://www.bankingonclimatechaos.org/ ), ainsi que le rapport d’Oxfam : (https://www.oxfamfrance.org/rapports/banques-et-climat-le-desaccord-de-paris/ ) »
Mots-clefs : climat, environnement, onu