La piétonisation du centre-ville de Grenoble, en panne à cause de l’absence de bornes

Publié le 9 décembre 2022

En février 2021, à l’occasion de travaux lourds sur la plateforme du tram B entre les arrêts Sainte Claire et Notre Dame, la ville de Grenoble et la Métro ont décidé d’élargir la piétonisation dans l’hypercentre de Grenoble.

Lors d’une réunion publique la semaine dernière, les services de la métropole ont présenté les projets d’aménagement des rues de la Paix, Auguste Gaché et Bayard, qui devraient changer la vie dans ces rues très utilisées par l’ensemble des habitants de l’agglomération et même au-delà.

Le seul et gros problème qui reste à régler est celui des bornes à implanter aux entrées de la zone piétonne pour empêcher les passages non autorisés des voitures qui parfois roulent très vite mettant en danger les piétons. C’est à la Métro de le faire. Ne pas implanter un minimum de bornes indique un refus de piétonniser réellement les rues. C’est ce qu’ont rappelé les élus de Grenoble lors de cette réunion publique.

Or le vice-président de la Métro, M. Laval, chargé de la voirie, estime que c’est à la ville de payer ces bornes et il rajoute, elle doit les payer car le maire a voulu garder les pouvoirs de police de la circulation et du stationnement : « il revient à l’équipe d’Eric Piolle d’assumer ses responsabilités. C’est elle qui a voulu garder le pouvoir de police, donc c’est à elle de se charger du financement des bornes pour sécuriser les rues… Ce n’est pas à la métropole de payer pour ces bornes. Si on avait le pouvoir de police, cela serait différent » (Dauphiné libéré du 4 décembre).

Donc si le pouvoir de police avait été transmis au président de la Métro, cette dernière paierait l’installation des bornes ! Donc il s’agit ni plus ni moins d’une bête vengeance politicienne, car le maintien du pouvoir de police par le maire est de droit. M. Laval vice-président de la Métro n’a visiblement pas digéré le jugement du tribunal administratif de Grenoble du 29 novembre 2021 condamnant la Métro à rembourser à la Ville le montant des frais liés au transfert des bornes de la ville à la Métro en 2015 lors de sa prise de compétence voirie.

Le discours de M. Laval ne tient pas la route, car la Métro a la propriété pleine et entière de la voirie et l’entretien de la voirie est une de ses dépenses obligatoires. Les bornes sont des accessoires de la voirie comme l’a bien rappelé le tribunal administratif de Grenoble : « il est constant que le transfert de la compétence voirie effectué au 1er janvier 2015 a entrainé à cette date le transfert effectif à Grenoble Alpes Métropole de l’intégralité des moyens humains et matériels nécessaires à l’exercice de cette compétence dont font partie les dispositifs accessoires de « contrôles d’accès et bornes électriques ».

Ce n’est pas à la commune de décider et de payer un système de bornes qui appartient en toute propriété à la Métro. Par contre si la Métro a des difficultés financières telles qu’elle ne peut pas payer ces quelques bornes, que le Vice-président le dise clairement, des solutions pourraient être trouvées sans trop de difficultés.

La ville a d’ailleurs fait des propositions d’aide au financement, de retirer certaines bornes qui n’ont plus d’intérêt afin d’avoir une gestion financière favorable à la métropole et enfin en installer le minimum pour ne pas engager trop de frais.

Il serait temps d’agir pour l’intérêt général des habitants de toute l’agglomération qui sont des habitants et des usagers du centre de Grenoble et arrêter cette guérilla qui n’a aucun sens.

Nous avons relu la feuille de route de la majorité métropolitaine, où une longue partie concerne l’amélioration de la proximité de la décision notamment sur la voirie, qu’il serait bienvenu de l’appliquer : « La métropole devra rechercher l’efficacité et trouver la bonne échelle d’intervention, entre les politiques qui n’ont de sens qu’à son niveau, et les actions de proximité qui doivent être réfléchies et conduites au niveau infra territorial le plus pertinent.

Les relations entre les communes et la métropole doivent être améliorées, en particulier pour les interventions de voirie… L’entretien des voiries et des ouvrages d’art, notre patrimoine commun, doit se faire en lien étroit avec les communes, avec les fonds de concours financier liés à la qualité des aménagements. La métropole a défini des standards d’aménagement de l’espace public, mais elle doit laisser aux communes, qui ont la connaissance de proximité, des marges d’appréciation et de modification… »

L’absence de bornes dans l’hypercentre n’est d’ailleurs pas le seul point noir pour la vie des habitants, qui demandent aussi le rétablissement d’une borne permettant un accès ponctuel aux véhicules des résidents et commerçants sur une zone piétonne avec piste cyclable cours Jean Jaurès, entre le cours Berriat et l’avenue Alsace Lorraine.

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